Quelques informations à propos de l’établissement polonais de Juvisy-sur-Orge (1866-1907), en liaison avec le lieu de décès de Jean-Népomucène Janowski (Jan Nepomucen Janowski, 1803-1888)
Classement : Histoire de la Pologne ; émigration
polonaise en France au XIXème siècle
La page
consacrée à Jean-Népomucène Janowski (1803-1888), militant politique
polonais radical, auteur de plusieurs ouvrages sur l’histoire polonaise, indique qu'il est mort à Juvisy-sur-Orge, dans un établissement désigné comme « (maison des) Vétérans polonais ».
Je rassemble ci-dessous plusieurs sources disponibles en ligne sur cet établissement.
Sommaire de la page
A) L’acte de décès de Jean-Népomucène Janowski
B) Un article du Parisien
C) Un article de Niedziela
D) Une biographie de Bonaventure Metler
E) Les actes de décès des vétérans polonais de 1866 à 1905
F) Autres éléments
2) Marian Głowacki, « Ks. Bonawentura Metler- podróżnik, przyrodnik, popularyzator wiedzy astronomicznej » (pages 39-40) :
E) Les actes de décès des vétérans polonais de 1866 à 1905
Je rassemble ci-dessous plusieurs sources disponibles en ligne sur cet établissement.
Sommaire de la page
A) L’acte de décès de Jean-Népomucène Janowski
B) Un article du Parisien
C) Un article de Niedziela
D) Une biographie de Bonaventure Metler
E) Les actes de décès des vétérans polonais de 1866 à 1905
F) Autres éléments
A) L’acte de décès de Jean-Népomucène Janowski
Références : AD91, Juvisy-sur-Orge, 1883-1888, vue 214, acte n° 16, daté du 6 février 1888 :
« L’an Mil huit
cent quatre vingt huit, le six février à onze heures du matin, par devant nous,
Louis Charlot, Maire et officier de l’Etat civil de la commune de
Juvisy-sur-Orge* (Seine-et-Oise) sont comparus Alexandre Biergiel, âgé de
quatre-vingt-trois ans, et Joseph Mirecki, âgé de soixante-douze ans, tous deux
pensionnaires des Vétérans polonais de cette commune, amis du défunt ;
lesquels nous ont déclaré que Jean-Népomucen Janowski, homme de lettres, né le
dix-sept Mai Mil huit cent trois à Konopiska près Varsovie*, fils de Jean
Janowski et de Marguerite Poliska, tous deux décédés, est décédé hier à quatre
heures et demie du matin, en son domicile à l’établissement susmentionné. Et
après nous être assuré du décès nous avons dressé le présent acte, que les
comparants ont signé avec nous, après lecture faite. »
Notes
* Juvisy-sur-Orge :
actuellement dans l’Essonne, à environ 15 km de la porte d’Ivry à Paris, au
confluent de l’Orge et de la Seine
* Konopiska près
Varsovie : localité située à 10 km au sud-ouest de Czestochowa, à
environ 200 km au sud-ouest de Varsovie ; la mention « près
Varsovie » est donc très approximative
Note à propos de la formule « pensionnaires des Vétérans polonais »
Cette formule est intéressante, puisqu’elle révèle la
familiarité du maire de l’époque avec un établissement accueillant des Polonais
réfugiés en France, le mot « vétérans » évoquant sans doute une
participation à des combats patriotiques (Janowski est un émigré de 1831).
Si on consulte le site officiel de la mairie de Juvisy, on
ne trouve pas trace de cet établissement ; quelques sources
accessibles sur Internet permettent de donner des précisions à son sujet.
B) Un article du Parisien
La première piste m’a été fournie par un article
du Parisien (22 octobre 2013), « Le pavillon du disciple de Flammarion
voué à la destruction ».
Ce bâtiment, sis au « 36 bis Avenue de la Cour de
France », se trouve à proximité de l’Observatoire Camille
Flammarion ; il a été construit en 1778, a d’abord été une auberge relais
de poste (le long de la route de Paris à Fontainebleau, par la suite Nationale 7),
puis a été offert (?) en 1866 aux « aux sœurs polonaises de Charité de
Saint Vincent de Paul » pour accueillir des « orphelins ou des vétérans
polonais ». L’article ajoute qu’en 1893, il a été pris en charge par le
père « Bonawentura Metler », qui a fait la connaissance de Camille
Flammarion et s’est livré à des travaux d’astronomie.
Le bâtiment en question est actuellement l'objet d'un conflit immobilier entre la mairie et la société des Amis de Camille Flammarion.
C) Un article de Niedziela
Bonawentura Metler (1866-1939) est un prêtre polonais dont la
présence à Juvisy est évoquée dans un article
de Niedziela, journal catholique
polonais : Jan Związek, « Ks. Bonawentura
Metler - duszpasterz i astronom » (« Le père Bonaventure Metler,
pasteur d’âmes et astronome ») :
« W 1893 r.
powrócił do ziemi ojczystej, a biskup włocławski mianował go wikariuszem w
parafii Osiek Wielki. Był to jednak bardzo krótki okres jego pracy parafialnej.
Wracał do Francji, gdzie w Juvisy sur Orge pod Paryżem był kapelanem polskich
weteranów powstańczych w ośrodku prowadzonym przez polskie Siostry Miłosierdzia
św. Wincentego á Paulo. »
Traduction
« En 1893, il rentra au pays natal, mais l’évêque de Włocławek
le nomma vicaire dans la paroisse d’Osiek Wielki. Ce fut cependant une
très courte période de son activité paroissiale. Il revint en France, où il fut aumônier des vétérans polonais séjournant
dans le centre que tenaient les Sœurs polonaises de la Charité de St Vincent de
Paul à Juvisy-sur-Orge près de Paris. »
L’article évoque aussi les relations entre Metler et
l’Observatoire Camille Flammarion et ses propres activités astronomiques.
D) Une biographie de Bonaventure Metler
Références :
*Bogdan Wszołek (dir.), Astronomia
- nauka i wiara (« L’Astronomie : science et foi »), Wydawnictwo
AJD Stanisław Podobiński, Częstochowa, 2011, disponible en ligne.
Cet ouvrage mentionne le séjour de Metler à Juvisy (apparemment pendant une quinzaine d’années) dans deux articles (dont le premier écrit par l'auteur de l'article cité ci-dessus).
1) Jan Związek, « Ks. Bonawentura Metler - w drodze do
popularyzowaniawiedzy astronomicznej » (pages 25-26) :
« W latach 1891 –
1907 Metler pełnił obowiązki kapelana w Instytucie św. Kazimierza, przeznaczonym dla polskich
weteranów powstańczych w Juvisy sur Orge
(Maison de St. Stanisłas) w domu zakonnym Sióstr Miłosierdzia św. Wincentego a Paulo
(Szarytki). »
« Na
początku XX wieku zmieniły się jednak warunki pobytu polskich weteranów we Francji, w tym także w Juvisy sur
Orge, a także stosunek socjalistycznego
rządu francuskiego wobec polskiego duchowieństwa i polskich sióstr zakonnych, które pracowały w Instytucie
św. Kazimierza. Najpierw Francję musiały
opuścić Siostry Szarytki w 1907 r., które znalazły pracę w Schronisku dla Paralityków w Częstochowie
przy ul. Wieluńskiej. W ślad za siostrami zakonnymi powracał do Ojczyzny
ks. Metler. »
Traduction
Traduction
Jan Związek, « Le père Bonaventure Metler - sur le chemin de la vulgarisation astronomique » (pages 25-26)
« Dans les années 1891-1907, Metler remplit les fonctions d’aumônier à l’institution Saint Casimir à Juvisy sur Orge (Maison de St Stanislas*), destinée aux vétérans polonais des insurrections, (située) dans la maison régulière des Sœurs de la Charité de St Vincent de Paul (les Charitaires*). »
« Dans les années 1891-1907, Metler remplit les fonctions d’aumônier à l’institution Saint Casimir à Juvisy sur Orge (Maison de St Stanislas*), destinée aux vétérans polonais des insurrections, (située) dans la maison régulière des Sœurs de la Charité de St Vincent de Paul (les Charitaires*). »
« Au début du XXème siècle, un changement eut lieu dans les conditions de séjour des vétérans polonais en France, y compris à Juvisy sur Orge, ainsi que dans la relation du gouvernement socialiste français* avec la prêtrise polonaise et les sœurs régulières polonaises qui travaillaient à l’Institution St Casimir. En premier lieu, les sœurs charitaires durent quitter la France en 1907 ; elles trouvèrent un emploi dans l’Asile des Paralytiques de Czestochowa (rue Wielunska)*. Le père Metler rentra dans sa Patrie à la suite des sœurs régulières. »
Notes
Notes
*Maison de St. Stanislas : voir la note du texte suivant
*Charitaires : le mot Szarytki est un mot polonais formé sur « charité » ; les sœurs de St Vincent de Paul étaient impliquées dans l'activité hospitalière (les « bonnes sœurs »)
*Charitaires : le mot Szarytki est un mot polonais formé sur « charité » ; les sœurs de St Vincent de Paul étaient impliquées dans l'activité hospitalière (les « bonnes sœurs »)
*gouvernement socialiste français : cette assertion relève de l'histoire à la louche, voire de la désinformation ; il ne s’agissait pas d’un gouvernement « socialiste », mais de gouvernements républicains radicaux (Waldeck-Rousseau, Combes, Rouvier) qui, de 1901 à 1907, mènent une politique de laïcisation, avec notamment la loi de Séparation de 1905, mais aussi des mesures contre les congrégations religieuses (surtout enseignantes) ; les socialistes, comme Jaurès, ou socialistes indépendants, comme Briand, n'étaient pas les plus anticléricaux ; par ailleurs, cette politique ne concernait évidemment pas seulement les Polonais, mais toutes les institutions d’obédience catholique
*Asile des Paralytiques de Czestochowa (rue Wielunska) : asile Saint Antoine pour les paralytiques (ultérieurement : et les orphelins) ; existait encore en 1946
2) Marian Głowacki, « Ks. Bonawentura Metler- podróżnik, przyrodnik, popularyzator wiedzy astronomicznej » (pages 39-40) :
« Po
zakończeniu studiów ks. Metler pracował jako kapelan w Domu Opieki im. Stanisława Kostki (Instytucie św.
Kazimierza) przeznaczonym dla polskich
emigrantów w Juvisy sur Orge pod Paryżem, w klasztorze sióstr szarytek ze Zgromadzenia Sióstr Miłosierdzia
św. Wincentego a Paulo. »
Traduction
Marian Głowacki, « Le père Bonaventure Metler : voyageur, naturaliste, vulgarisateur de la connaissance astronomique » (pages 39-40)
« Après avoir terminé ses études, Metler travailla
comme aumônier dans la Maison de Soin Stanislas Kostka* (Institution St
Casimir) destiné aux émigrés polonais à Juvisy sur Orge près de Paris, dans le
couvent des Charitaires de la
Congrégation des Sœurs de la Charité St Vincent de Paul. »
Notes
*Stanislas Kostka (Stanisław Kostka, 1550-1568) : entré chez les Jésuites en
1567, meurt peu après ; canonisé en 1726
Ces textes apportent quelques éléments intéressants,
notamment
1) ce qui concerne les noms, bien que ce ne soit pas très
clair : il semble que l’institution soit appelée « St Casimir »,
mais qu’on se réfère aussi à Stanislas Kostka (St Stanislas) ;
2) le fait que les Sœurs de la Charité soient parties ou
aient été contraintes de partir en 1907 ; mais les circonstances sont très
vagues : l’auteur se réfère, de façon inepte, à des mesures
« socialistes », sans s’intéresser à la réalité de la procédure, et
sans indiquer ce qui est advenu de l’institution elle-même : elle a
probablement changé de mains, à moins que les pensionnaires aient été
réaffectés dans d’autres lieux (il serait intéressant aussi de savoir combien
il y avait encore de pensionnaires polonais en 1907).
E) Les actes de décès des vétérans polonais de 1866 à 1905
Ces documents sont présentés dans les pages suivantes :
Analyse de l'ensemble à venir
F) Autres éléments
Dans le département de l’Essonne, l’ordre de St Vincent de Paul a actuellement son siège à
Juvisy-sur-Orge (lien) ;
pour le moment, rien n’indique qu’il y ait une relation avec la présence des Soeurs de la Charité à la fin du XIXème siècle.
Conclusion
Il est certain qu’il existait à Juvisy-sur-Orge, sans doute
à partir de 1866, un établissement charitable hospitalier tenu par les Sœurs
polonaises de la Charité de St Vincent de Paul (Siostry Miłosierdzia św. Wincentego á Paulo).
Celles-ci ont quitté Juvisy en 1907, peut-être en
liaison avec les mesures contre les congrégations ; le destin ultérieur de
l’institution reste à préciser (fermeture ? transfert ? changement de
responsables ?).
Les circonstances précises de la création de l’institution
restent aussi à déterminer.
Création : 4 février 2014
Mise à jour : 3 février 2020
Révision : 3 février 2020
Auteur
: Jacques Richard
Blog :
Sur Frédéric Chopin Questions historiques et biographiques
Page : 159 La maison des Vétérans polonais de Juvisy (1866-1907)
Lien : http://surfredericchopin.blogspot.fr/2014/02/maison-des-veterans-polonais-de-juvisy.html
Le bâtiment en question est actuellement l'objet d'un conflit immobilier entre la mairie et la société des Amis de Camille Flammarion.
RépondreSupprimerL'association Les Amis de Camille Flammarion a toujours soutenu la Mairie de Juvisy quant à la destruction de l'auberge du Pavillon. C'est la Société Astronomique de France, propriétaire de l'observatoire Camille Flammarion qui a tout tenté pour la sauver mais en vain. Cette dernière a été détruite dans l'indifférence totale des médias au printemps 2016.