Quelques informations sur Doan Bui et Isabelle Monnin (jounalistes) ; sur Danièle Pistone
(musicologue)
Classement : nationalité de Chopin ; Code Napoléon
Première partie : Aperçus historiques
(Pologne et relations franco-polonaises)
Deuxième partie : Frédéric Chopin,
questions biographiques
Troisième partie : La nationalité de
Frédéric Chopin, notamment :
Mes recherches sur la nationalité de Chopin m’ont
permis de découvrir qu’il n’y a pas qu’Hysteriska et Wisniewska pour
défendre l’idée que Chopin était juridiquement français et non pas polonais («
Article 10 du Code civil ! C’est la loi ! Pas de discussion !) avec la caution
d’un juriste, Emmanuel
Langavant, dont j’ai étudié le site
et l’article
« Chopin – musicien français », quasi identiques, mais pas tout à
fait.
J’ai retrouvé cette assertion dans deux livres récents que
l’on peut considérer comme sérieux dans l’ensemble :
1) Ils sont devenus français, de Doan Bui et Isabelle Monnin,
2010*biblio
2) L’Interprétation de Chopin en France, de Danièle Pistone,
1990*biblio.
Ils sont devenus français
Page 29, les auteures écrivent :
« A partir de 1803, le Code civil décrète : « Est
français l’enfant né d’un père français ». Ainsi Frédéric Chopin, bien que né
en Pologne, est-il français puisque son père l'est ».
C’est présenté sans insistance, sans référence,
comme une réflexion personnelle des auteures.
Dans ces conditions, il ne s’agit que d’une opinion, d’autant moins fiable qu’on
peut déceler quelques erreurs sur la même page.
En premier lieu, la phrase qui semble citer le Code Napoléon est une construction, elle ne s’y
trouve pas textuellement, même si le sens est correct.
Les auteures indiquent aussi que :
1) avant la Révolution, « pour peu qu’il décide de s’établir
en France, [l’étranger] devient français automatiquement. » : cette affirmation
ignore les « lettres de naturalité » délivrées à de nombreux étrangers du
XVIème au XVIIIème siècle.
Elles sont évoquées, par exemple, dans le livre d’Alain Croix
(dir.), Nantais venus d’ailleurs Histoire des étrangers à Nantes des
origines à nos jours, 2007*biblio,
page 26, à propos de la communauté espagnole de Nantes : les
« lettres de naturalité, source essentielle pour l’étude des étrangers
jusqu’à la Révolution. Il s’agit, dans le vocabulaire de l’Ancien Régime, de
l’exact équivalent de la naturalisation : le bénéficiaire obtient les mêmes
droits que les autres sujets du roi. L’enjeu n’en est pas mince, au moins pour
les étrangers fortunés, puisque, sauf grâce royale, les biens d’un étranger
mort dans le royaume vont au roi, en vertu du droit d’aubaine. L’étranger doit
en faire la demande directement au roi » [la procédure passe par la
Chancellerie et le Conseil du roi]. Il n'y avait donc rien d'automatique à devenir français.
Ignorant ces éléments, elles ajoutent que :
2) « La « qualité de Français […] est finalement plus encombrante
qu’autre chose puisqu’elle vous oblige à être « conscrit », à être enrôlé dans
l’armée. ».
Cette phrase se réfère à l’Ancien Régime en France, période
qui ignorait la conscription (sauf à la rigueur pour les inscrits
maritimes), pratiquée pour la première fois en 1793 et institutionnalisée en
1798. Du reste, pendant longtemps (jusqu’en 1889), la conscription n’a effectivement touché qu’un petit nombre de
Français, ceux qui étaient « tirés au sort ».
Le livre de Doan Bui et Isabelle Monnin est intéressant pour
ses études de cas (Zola, Apollinaire, etc.), quoique le mode d’exposition soit trop journalistique*. Mais ces deux exemples (il y en a d’autres)
montrent qu’elles ne sont pas des autorités en matière d’histoire du droit de
la nationalité.
L’Interprétation de Chopin en France
Danièle Pistone est professeur d'histoire de la musique à
l'université Paris 4.
Page 7 de l’ouvrage, dans un texte introductif, on trouve
sous sa plume les phrases suivantes
:
« [...] les rapports de Chopin avec la France sont déjà
bien connus, tant à travers les épisodes de sa biographie (4) que par les
hommages qui lui furent rendus après sa mort […]
(4) Si l’un de nos collègues juriste de l’Université de
Lille II, le professeur Emmanuel Langavant, vient de démontrer que Chopin –
selon le Code civil, par son ascendance comme par sa naissance – ne saurait
être que français (« Chopin, musicien français », in Diplômées, n° 153, juin
1990), il est bien évident que [ses liens avec la Pologne ne sont pas
contestables]. »
Danièle Pistone s’appuie donc sur le travail d’Emmanuel
Langavant (l’article, pas le site), n'hésitant pas à qualifier son texte de
« démonstration » ! Cette remarque est à la fois sans importance et malheureuse, étant donné les insuffisances de l'article en question.
Notes
* « journalistique » : utilisation de
procédés supposés capables de susciter l’intérêt du lecteur (flashbacks, notamment). Les
informations sont distillées en fonction d’un récit et non pas exposées de façon
systématique. On finit par ne plus savoir où on en est.
Création : 9 janvier 2013
Mise à jour : 10 mars 2014
Révision : 16 septembre 2020
Mise à jour : 10 mars 2014
Révision : 16 septembre 2020
Auteur
: Jacques Richard
Blog :
Sur Frédéric Chopin Questions historiques et biographiques
Page : 19 Autres adeptes du culte de « Chopin français »
Lien : http://surfredericchopin.blogspot.fr/2013/01/autres-adeptes-du-culte-de-chopin.html
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