La biographie d'Adam Weydlich sur le site du Narodowy Instytut Fryderyka Chopina
Classement : questions biographiques ; proches de Nicolas Chopon
Première partie : Aperçus historiques
(Pologne et relations franco-polonaises)
Deuxième partie : Frédéric Chopin,
questions biographiques
Troisième partie : La nationalité de
Frédéric Chopin, notamment :
Ceci est une annexe de la page Les familles Weydlich et Schelling.
On trouvera ci-dessous la traduction de la version anglaise de la page Adam Jan Weydlich sur le site du Narodowy Instytut Fryderyka Chopina (NIFC, Institut national Frédéric Chopin), dont les auteurs sont Piotr Mysłakowski et Andrzej Sikorski. Dans certains cas, je tiens compte de la version polonaise (remarques entre crochets).
Traduction de la notice du NIFC
« Adam Jean Weydlich (né le 22 octobre 1742 à Świecie*, mort
vers 1815)
La personne d’Adam Weydlich a joué un rôle crucial dans
l’histoire de la famille Chopin ; il fut en effet responsable de
l’émigration de Nicolas (en polonais Mikołaj) Chopin de France en Pologne et
s’occupa de lui après son arrivée.
Adam Weydlich (parfois appelé inexactement Adam-Jean) venait
d’une famille noble-bourgeoise* d’origine allemande installée en Prusse occidentale*. Son grand-père, Christoph von Weydlich, un noble allemand marié
avec Anne-Marie, vivait à Pozořice, près de Brno en Moravie, aux alentours de 1700. Leur fils François [l’ancien] (né le 19 août
1694), ayant obtenu un certificat d’origine et de moralité, partit dans le
monde chercher un l’emploi, et se retrouva en 1721 à Świecie, sur la Vistule, en Prusse occidentale, où on pense qu’il a travaillé comme administrateur
de la paroisse [« administrator
tamtejszej parafii »]. Là, il eut onze enfant de sa femme, Krystyna
Beltz, notamment François le jeune (25 novembre 1738-après 1814), Adam et très
probablement Casimir (vers 1750-12 février 1770). Par la suite, François le jeune enseigna l’allemand et le latin à l’Ecole des chevaliers* de Varsovie, tandis que Casimir fut un élève
du Gymnase académique de Chełmno [« Chełmińskie
Gimnazjum Akademickie »], et mourut jeune.
Adam Weydlich naquit à Świecie le 22 octobre 1742, et doit avoir acquis une éducation convenable, puisque, encore jeune homme, il vint en France (1770-1787) [d’abord] comme « secrétaire de l’envoyé polonais près du roi de France », Michel Wielhorski, ambassadeur de la Confédération de Bar à la cour de Louis XV. Il perdit sans doute cette situation quand la confédération prit fin (1772), surtout après que Wielhorski revint en Pologne. Weydlich resta en France parmi les représentants en exil les plus éminents de la Confédération. En 1775, Louis XVI lui accorda un certificat de naturalisation [« dokument naturalizacyjny »], lui concédant à lui et à sa descendance, la citoyenneté française [« obywatelstwo francuskie »]*, en même temps que toutes les prérogatives de la noblesse. En 1777, Weydlich épousa une riche Parisienne, Françoise Schelling, et entra au service de Michel-Jean Pac, un des leaders de la Confédération, aussi exilé en France. En 1782, Weydlich devint régisseur du château et domaine de Marainville, près de Nancy en Lorraine, récemment acquis par Pac.
Au village de Marainville, l'histoire des Weydlich coïncida avec celle de la famille Chopin, étant donné que le syndic de communauté [« syndyk gminy »] était François Chopin, charron et carrossier de son état. Son grand-père, aussi (appelé) François, avait quitté le lointain Dauphiné dans les Alpes et s’était établi en Lorraine, fondant ainsi la branche lorraine de la famille Chopin (nom antérieurement écrit Chapin).
L’année où les Weydlich arrivèrent au château de Marainville
avec l’entourage polonais du comte Pac, Chopin avait trois enfants : deux
filles et un fils de onze ans, Nicolas. Les enfants Chopin furent rapidement
admis dans les salles du château, et Madame Weydlich entreprit de compléter
l’éducation du prometteur Nicolas. Quelques années après, en juin 1787,
Michel-Jean Pac mourut inopinément à Strasbourg, et les Weydlich furent obligés
de décider de leur avenir. Ils choisirent de revenir en Pologne, la patrie
d’Adam Weydlich. Conscient qu’il resterait chargé des affaires financières
pendantes de son défunt employeur pendant les années à venir, et voyant dans le
brillant Nicolas Chopin, maintenant âgé de dix-sept ans, un possible assistant
pour le traitement de ses affaires, Weydlich proposa que Chopin parte avec lui
pour la Pologne.
Leur voyage vers Varsovie eut lieu en octobre-novembre 1787,
mais Adam Weydlich avait probablement fait seul ce voyage auparavant, afin de préparer
l’arrivée du reste de la famille et de Nicolas. Les Weydlich furent hébergés
par le frère d’Adam, François,
professeur à l’Ecole des Chevaliers, aussi connue comme « Ecole des
Cadets » [« Szkoła Kadetów »] ;
il leur laissa son appartement à la Maison de mission sur la [rue du] faubourg
de Cracovie (registre foncier : n° 406, aujourd’hui, n° 1) et déménagea
dans la partie résidentielle du « Pavillon des Cadets » dans
l’enceinte du palais Casimir, qui servait de quartier général à l’Ecole des Chevaliers.
Ceci est attesté par une liste de résidents datant de 1792, qui signale la plus
ancienne adresse enregistrée [officiellement] que l’on connaisse à Nicolas
Chopin en Pologne.
Cependant, un autre document fournit peut-être des informations sur les premières
fortunes des Weydlich et de Chopin.
Quelques mois après son arrivée à Varsovie Adam Weydlich créa au début du
printemps de 1788, un pensionnat de jeunes filles dans une maison des frères
Augustins sur Nowy Świat (registre foncier : n° 1259; aujourd’hui n° 33), où le jeune Français trouva aussi très probablement asile et emploi, étant
donné qu’il vivait encore avec les Weydlich quelque quatre ans plus tard.
Aucun document n’a été découvert concernant l’histoire
ultérieure de l’école de fille des Weydlich à Varsovie, mais elle a pu durer
plusieurs années comme de nombreuses autres institutions de ce type à cette
époque. Durant cette période, Nicolas Chopin, jusque là à la charge des
Weydlich, prenait plus d’indépendance, occupant des postes de précepteur dans
une succession de résidences nobles en Mazovie et dans la région de Dobrzyn.
Les Weydlich disparaissent des sources concernant Varsovie
vers 1800, et leur destin ultérieur nous est aujourd’hui connu seulement par des
informations clairsemées. Un élève du Lycée de Varsovie, Victor Malski, des
environs de Grodno, écrivit dans un curriculum vitae qu’il avait auparavant
reçu l’enseignement « de Weydlich en Galicie ». En 1817, une des filles des Weydlich, Salomé Malawska, écrivit un acte notarié concernant le reçu de bijoux laissés par sa défunte mère à
Kutyszce. Enfin, vers 1822, le fils Weydlich, Michel (né en 1783 à
Marainville), acheta le domaine de Skotyniany, près de Kamenets Podolski, et en
1826, fournit des preuves de sa noblesse dans la province russe de Podolie.
Selon des documents soumis à la Députation de la Noblesse de
la province de Podolie, François l’ancien était devenu officier [« porucznik/kapitan »,
« lieutenant/capitaine »] dans l’artillerie du Grand-duché de
Lithuanie, recevant pour ses services du roi Auguste III des terres dans la
région de Vilnius. Il revendit ce domaine au duc Michel « Rybeńka »
Radziwiłł, recevant la première tranche de paiement en 1762. Après la mort du
duc, la dette restante devait être payée par le fils du duc, Charles « Panie
Kochanku » Radziwiłł, voïvode de Vilnius, mais il en retarda le paiement,
et les héritiers de François, ses fils François le jeune et Adam, l’attaquèrent en justice. Ils
gagnèrent leur procès en 1764, mais la somme concernée n’avait pas encore été
payée en 1830.
Les documents présentés au tribunal traitaient les deux Weydlich
comme des nobles, ce qui contredit des références ultérieures à François le jeune
(professeur à l’Ecole des Chevaliers), où il semble être tenu pour bourgeois. Des
descendants de François l’ancien
sont aussi tenus à Swiecie pour « famati » ou « honorati »
(termes qui s’appliquent à l’ordre bourgeois*), ce qui paraît surprenant si on
considère l’office dans l’artillerie lithuanienne décrit ci-dessus.
Adam et Françoise Weydlich moururent avant 1815 en un lieu non connu, en Galicie ou en Podolie russe. Ils avaient eu pour enfants :
*Henriette (Henryka, née à Paris en 1778)
*Michel-Joseph-Charles (né à Marainville en 1783), qui épousa
Klara Modzelewska (de la branche nobiliaire Trzywdar), et dont les descendants vivent encore aujourd’hui ;
*Salomé (née à Varsovie le 5 novembre 1788, décédée après 1817),
épouse d’Andrzej Malawski ;
*Marianna, signalée en 1817 comme veuve d’un certain Jan
Zienkiewicz.
Ajoutons qu’en 1844, dans son éloge funèbre en l’honneur de Nicolas Chopin, son ancien élève, l’évêque Jean Dekert, dit, entre autres, de son professeur, que celui-ci était arrivé à Varsovie « en compagnie d’une respectable dame, à l’égard de laquelle il remplit des devoirs filiaux jusqu’à la mort de celle-ci ». C’est une allusion à Mme Françoise Weydlich et à son rôle majeur dans la formation du destin de Nicolas/Mikołaj Chopin.
Ajoutons qu’en 1844, dans son éloge funèbre en l’honneur de Nicolas Chopin, son ancien élève, l’évêque Jean Dekert, dit, entre autres, de son professeur, que celui-ci était arrivé à Varsovie « en compagnie d’une respectable dame, à l’égard de laquelle il remplit des devoirs filiaux jusqu’à la mort de celle-ci ». C’est une allusion à Mme Françoise Weydlich et à son rôle majeur dans la formation du destin de Nicolas/Mikołaj Chopin.
Bibliographie
*Piotr Mysłakowski, Rodzina
ojca Chopina. Migracja i awans [La famille du père de Chopin. Migration et promotion sociale], Varsovie, 2002.
*Piotr Mysłakowski and Andrzej Sikorski, Chopinowie. Krąg rodzinno-towarzyski [Les Chopin. Leur famille et
leur entourage], Varsovie, 2005.
*Wanda Jóźwiak, My z
Podola. Saga rodzinna [Nous de Podolie. Une saga familiale], Cracovie,
1993. »
Piotr Mysłakowski et Andrzej Sikorski (juillet 2006)
Notes
*Świecie : à 100 km au sud de Gdansk, entre Grudziadz et Chelmno
*noble-bourgeoise : noble burgher, szlachecko-mieszczańska (?)
*Prusse occidentale : ou « Prusse royale », région située autour de Dantzig, relevant jusqu’en 1772 du royaume de Pologne
*Pozořice (la page NIFC indique de façon erronée Pozožice) : village situé à environ 10 km à l'est de Brno
*Moravie : dans le royaume de Bohême, possession des Habsbourg d'Autriche
*Ecole des Chevaliers : Szkoła Rycerska
*Ecole des Chevaliers : Szkoła Rycerska
*dokument naturalizacyjny, obywatelstwo francuskie : il s'agit d'interprétations à usage pédagogique des auteurs ; les « lettres de naturalité » délivrées par le roi de France ne confèrent aucune « citoyenneté »
*ordre bourgeois : burgher estate, stan mieszczański
Création : 27 mars 2013
Mise à jour : 16 mars 2014
Révision : 26 septembre 2020
Auteur : Jacques Richard
Blog : Sur Frédéric Chopin Questions historiques et biographiques
Page : 45 Adam Weydlich : Biographie détaillée
Lien : http://surfredericchopin.blogspot.fr/2013/03/adam-weydlich-biographie-detaillee.html
Création : 27 mars 2013
Mise à jour : 16 mars 2014
Révision : 26 septembre 2020
Auteur : Jacques Richard
Blog : Sur Frédéric Chopin Questions historiques et biographiques
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