lundi 11 mars 2013

36 Frédéric Skarbek par Piotr Chmielowski (1897)

Une notice biographique conséquente de 1897


Classement : Frédéric Skarbek




Ceci est un complément à la page Frédéric Skarbek.

Dans l’édition de 1897 de Dzieje Ksiȩstwa Warszawskiego (ouvrage à la Bibliothèque polonaise de Paris, cote 18902 ou FN 41, cf. bibliographie), on trouve une assez longue notice biographique de Piotr Chmielowski sur Frédéric Skarbek (pages 5 à 9) .
Piotr Chmielowski (1848-1904) est une personnalité polonaise notable de la fin du XIXème siècle, philosophe, critique littéraire et historien de la littérature (cf. notice Wikipédia en anglais).

Sommaire de la page
Traduction de la notice
Analyses
Texte polonais

Traduction de la notice
« Frédéric comte Skarbek s’est distingué par la variété de son talent ; économiste par sa formation professionnelle, il a cultivé avec passion la belle littérature, vers et prose, traduit Anacréon, écrit des feuilletons, des nouvelles, des récits humoristiques, sociaux et historiques, des comédies et de courtes pièces, et sur la fin de sa vie s’est intéressé à l’histoire, [révélant par l’ensemble de ce qu’il publiait (?)] un homme instruit, un bon écrivain et un citoyen intelligent.
Né en 1792 à Torun, il y passa ses six premières années dans la maison de son grand-père*, puis fut élevé dans la maison de ses parents à Izbica (en Cujavie), ensuite à Varsovie et Zelazona Wola près de Sochaczew, où il eut pour précepteur Nicolas Chopin, père du grand compositeur. A partir de 1805, il reçut son instruction au Lycée de Varsovie, récemment ouvert*, [période] à la fin de laquelle en 1808, il lut en public ses premiers vers. Il étudia les sciences supérieures à Paris, au Collège de France, se consacrant principalement à l’économie politique. Après son retour au pays, il entra au service du gouvernement du Duché de Varsovie, avec lequel se formèrent ses plus chères et profondes impressions. En 1814, il se fit connaître du public par le discours plein d’émotion et de sympathie lors du retour à Lowicz de la dépouille du prince Jozef Poniatowski*. En 1816, il publia une traduction de chants d’Anacréon, ainsi qu'un ouvrage de [Charles] Ganilh*, « Le revenu public ». Il commença à cette époque à écrire, sous le pseudonyme d’Agapit Liziwicz des feuilletons satiriques pour Pamiętnik Warszawski [Chronique de Varsovie]*, y intervenant comme défenseur des idées libérales.
En 1818, nommé professeur d’économie politique et de sciences administratives à l’université récemment créée à Varsovie*, il remplit ces tâches avec une grande utilité pour ses auditeurs jusqu’à la fermeture de l’institution en 1831. Il publia alors comme manuel pour les étudiants l’ouvrage en quatre tomes intitulé Gospodarstwo narodowe [L’économie nationale] (1820 et 1821), et fit [ultérieurement] connaître ses opinions économiques à l’Europe en publiant sa Théorie des richesses sociales (Paris, 1829).
A côté de ses cours [et activités] scientifiques, en plus de la visite des prisons étrangères, dans le but de préparer leur réforme dans le pays, Skarbek continuait de pratiquer les belles lettres, prenant pour modèle les humoristes anglais Sterne et Fielding. Son premier récit intitulé Chwila wesołości [Un moment de gaieté] (1822) évoque assez peu les Anglais, mais les suivants, Podróż bez celu [Le voyage sans but] et « Pan Antoni » [Monsieur Antoine], attestent bien l’influence des auteurs mentionnés. De l’humour, il passa aux tableaux sociaux et son récit intitulé Pan Starosta [Monsieur le Staroste] (1826) est à juste titre reconnu comme le meilleur de tous dans ce genre, ainsi que l’a écrit Kraszewski*. Par contre, ses deux récits historiques, influencés par Walter Scott, Tarło et Damian Ruszczyc, n’ont pas de grands mérites. En 1829, il se tourna vers l’écriture dramatique et, en deux ans, écrivit six pièces pour le Théâtre des Variétés*.
Après 1831, assumant l’une après l’autre différentes hautes fonctions dans le Royaume, Skarbek sut toujours préserver sa dignité personnelle et, autant qu’il put, contribuer au bien du pays, par exemple par l’amélioration des prisons et hôpitaux, [ou] par l’installation de caisses d’assurance. En 1858, il quitta le service de l’Etat et séjourna tantôt à la campagne, tantôt à Varsovie, où il mourut le 25 septembre 1866.
L’activité littéraire et scientifique de cet écrivain ne s’interrompit pas dans la seconde période de sa vie, bien qu’elle n’ait pas été alors aussi intense que précédemment. Dans le domaine des belles lettres, il publia Życie i przypadki Faustyna Feliksa na Dodoszach Dodosińskiego [La vie et les aventures de Faustin Félix Dodosinski de Dodoszy] (1838), Pamiętniki Seglasa [Mémoires de Seglas] (1845), Powiastki polskie [Contes polonais] (1861), Olim [Autrefois] (1866) et un recueil de ses plus importantes œuvres dramatiques, intitulé Théâtre de Frédéric comte Skarbek (1847, deux tomes). Dans le domaine des sciences sociales, il publia, en polonais Ogólne zasady nauki gospodarstwa narodowego [Fondements généraux de l’économie politique] (1859), et, en français, Idées générales sur la législation pénale (1848) et Essai de morale civique (1861).
Durant les dernières années, il s’occupa à des travaux historiques, en vue desquels il avait toute sa vie réuni des matériaux. En 1860, il publia Dzieje Księstwa Warszawskiego [Histoire du duché de Varsovie], et [à sa mort] laissa en manuscrits Dzieje Królestwa polskiego [Histoire du Royaume de Pologne], avant 1831 et après cette date, ainsi que Pamiȩtniki [Mémoires]. Ces travaux furent publiées en même temps qu’une deuxième édition de Histoire du duché de Varsovie dix ans après la mort de leur auteur (Poznan, 1876-1878).
Le plus remarquable des travaux historiques de Skarbek est l’Histoire du duché de Varsovie, la seule, du reste, que notre littérature historique ait jusqu’à présent produite. Elle a un caractère essentiel de mémoires, puisque l’auteur a pu très souvent puiser dans ses impressions et souvenirs personnels, ne négligeant évidemment pas de se servir de documents qui lui étaient accessibles. Il fut favorisé (?) dans ces remémorations, parce que, selon lui, « l’histoire des quelques années d’existence du Duché est un exemple rare dans l’histoire humaine de dévouement civique général, porté avec un tel courage, que peut-être on peut retrouver quelque chose de semblable dans les relations familiales entre des enfants et des parents vertueux (?) ». Il en fit avec amour et émotion un tableau dans son livre, ne ménageant pas du reste les remarques critiques que son intelligence lucide lui imposait.
Vu le manque d’ouvrages pouvant fournir des informations sur les destinées du pays au début de notre siècle et vu la qualité du livre de Skarbek, nous estimons que la présente édition est éminemment souhaitable et utile. »

Notes
*la maison de son grand-père (Jakub Fenger) : le palais Fenger, encore existant (notice en polonais)
*Lycée de Varsovie (Liceum Warszawskie) : créé en 1804 par l'autorité prussienne alors en place à Varsovie (notice en anglais)
*Jozef Poniatowski (1763-1813) : rallié à Napoléon en 1806, devenu maréchal d'Empire, mort à la bataille de Leipzig en 1813 ; Łowicz est une commune de l'actuelle voïvodie de Łodz
*Charles Ganilh (1758-1836) : économiste français (cf. notice Wikipédia)
* Pamiętnik Warszawski : revue scientifique et littéraire publiée par Félix Bentkowski (1781-1852) (cf. notice en polonais)
*université de Varsovie : créée en 1816
*Kraszewski : cf. notice en polonais (plusieurs possibilités, compte tenu des dates)
*en polonais : Teatr Rozmaitości

Analyses
1) Historiographie de la famille Chopin
Une phrase intéressante est celle où il écrit que « [Skarbek] eut pour précepteur Nicolas Chopin, père du grand compositeur » [« guwernerem jego był Mikolaj Chopin, ojciec wiełkiego kompozytora »] montre qu’en 1897, le lien de filiation entre Frédéric et Nicolas Chopin est connu ; Piotr Chmielowski n’indique pas que Nicolas Chopin soit d’origine française, mais sa notice évoque les  Mémoires de Frédéric Skarbek, livre dans lequel cette origine est clairement énoncée.

2) Biographie de Frédéric Skarbek
*En ce qui concerne la date de décès : P. Chmielowski donne la date du 25 septembre 1866

3) Le patriotisme de Frédéric Skarbek
On remarque que Piotr Chmielowski passe sous silence les événements de 1831 et évoque les fonctions occupées par Frédéric Skarbek par la suite sans donner de détails ; l’essentiel est qu’il « a toujours su conserver sa dignité personnelle et, autant qu’il put, apporter son aide au bien du pays ». Compte tenu de la censure (l'ouvrage est publié à Varsovie), il ne peut sans doute pas trop analyser le problème du patriotisme polonais de Skarbek.
Noter qu’à l’époque où Chmielowski écrit cela, des changements essentiels ont eu lieu par rapport à celle de Skarbek : d’une part, l’autonomie du royaume de Pologne a été réduite à rien ; d’autre part, la vie politique (plus ou moins clandestine) est désormais organisée par des partis nationalistes ou socialistes et non plus par les personnalités et clans de la noblesse. 

Texte polonais
Il est aussi disponible en ligne sur le site PBI, p. 8 et suivantes.
« Fryderyk hr. Skarbek.
Fryderyk hr. Skarbek odznaczal się wielostronnością talentu, z fachowego wykształcenia będąc ekonomista, uprawiał z zamiłowaniem literaturę pie’kną wierszem i prozą, tłomaczył Anakreonta, pisywał felietony, nowelle, powieści humorystyczne, obyczajowe i historyczne, komedye i krotochwile, a pod koniec życia zajął się dziejopisarstwem, we wszystkiem, co oglaszał, znać było wykształconego człowieka, dobrego pisarza i rozumnego obywatela.
Urodzony r. 1792 w Toruniu, tu sześć pierwszych lat życia w domu dziadka przepędził, następnie chował się w domu rodzicielskim w Izbicy (na Kujawach), a potem w Warszawie i Żelazonej Woli pod Sochaczewem, gdzie guwernerem jego był Mikolaj Chopin, ojciec wiełkiego kompozytora. Od r. 1805 kształcił się w świeżo otwartem Liceum warszawskiem, przy ukończeniu którego w r. 1808 odczytał na popisie publicznym pierwsze swoje wiersze. Wyższe nauki studyował w Paryżu w Kolegium francuskiem, oddając się głównie ekonomii politycznej. Za powrotem do kraju wstąpił do służby rządowej w Księstwie Warszawskiem, z którem zespoliły się jego najmilsze i najgłębsze wrażenia. W r. 1814 pierwszy raz dał się poznać ogółowi sympatycznie przyjętą przemową przy wprowadzeniu do Łowicza zwłok ks. Józefa Poniatowskiego. W r. 1816 ogłosił drukiem przekład pieśni Anakreonta, oraz dzieła Ganilha : « O dochodzie publicznym ». Zaczął też wówczas pod pseudonimem Agapita Liziwicza pisywać felietony satyryczne do « Pamiętnika Warszawskiego », a w nich występował jako rzecznik idei liberalnych.
W r. 1818 powołany do świeżo założonego w Warszavie uniwersytetu na profesora ekonomii poloitycznej i nauk administracyjnych, z wielkim dla słuchaczów pożytkiem pełnił te obowiązki aż do zamknięcia tej instytucyi w r. 1831. Jako podręcznik dla stydentów wydał wtedy dzieło czterotomowe p. t. « Gospodarstwo narodowe » (r. 1820 i 1821), a Europie dał posnać swe poglądy ekonomiczne, drukując swoją « Théorie des richesses sociales » (Paryż, 1829).
Obok zajęc naukowych, obok zwiedzania więzień zagranicznych, celem przygotowania ich reformy w kraju, Skarbek uprawiał dalej belletrystykę, biorąc sobie za wzór humorystów angielskich : Sternea i Fieldinga. Pierwsza jego powiastka p. t. « Chwila wesołości » (r. 1822) najmniej przypomina Anglików, ale póżniejsze : « Podróż bez celu » i « Pan Antoni », już uwidoczniają wpływ wspomnianych autorów. Od humorystyki przeszedł do obrazów obyczajowych, a jego powieść p. t. « Pan Starosta » (1826) słusznie uznaną została za najlepszą w tym rodzaju ze wszystkich, akie u nas przed Kraszewskim napisano. Natomiast dwie powieści historyczne, pod wpływem Walter Scotta skreślone : « Tarło » i « Damian Ruszczyc », nie posiadają wyższych zalet. W r. 1829 zwrócił się do komedyopisarstwa i w przeciągu lat dwu napisał sześć sztuk dla teatru Rozmaitości.
Po r. 1831, kolejno piastując różne wysokie urzędy w Królestwie, Skarbek umiał zawsze zachować swą godność osobistą i przyczyniał się, o ile mógł, do dobra kraju, np. przez polepszenie więzień i szpitałów, przez założenie kas oszczędności. W r 1858 opuścił służbę rządową i przebywał już to na wsi, już to w Warszawie, gdzie umarł 25 września 1866 roku.
Działalność literacko-naukowa naszego pisarza nie ustała w tym drugim okresie życia, lubo nie była już tak ożywiona, jak poprzednio. Z zakresu belletrystyki wydał « Życie i przypadki Faustyna Feliksa na Dodoszach Dodosińskiego » (1838), « Pamiętniki Seglasa » (1845), « Powiastki polskie » (1861), « Olim » (1866), oraz zbiór główniejeszych utworów dramatycznych p. t. « Teatr F. hr. S. » (1847, dwa tomy). Z dziedziny nauk spolecznych ogłosił po polsku : « Ogólne zasady nauki gospodarstwa narodowego » (1859), a po francusku : « Idées générales sur la législation pénale » (1848) i « Essai de morale civique » (1861).
W ostatnich latach życia zajął się pracami historycznemi, do których przez całe życie zbierał materyały. W r. 1860 wydrukował « Dzieje Księstwa Warszawskiego », a w rękopisie zostawił dzieje « Królestwa polskiego » przed r. 1831 i po tej dacie, oraz « Pamiȩtniki ». Utwory te razem z drugiem wydaniem « Dzieje Księstwa Warszawskiego » ogłoszone zostały w dziesięć lat po śmierci autora w Poznaniu (roku 1876-78).
Najcelniejszą z prac dziejopisarskich Skarbka są « Dzieje Księstwa Warszawskiego », jedyne zresztą, jakie nasza literatura historyczna może dotychczas wykazać. Mają one przeważnie charakter pamiętnikowy, gdyż autor z własnych wrażeń i wspomnień mogł czerpać bardzo wiele, nie zaniedbując oczywiście posługiwać się dostępnemi mu dokumentami. Rozkochany był w tych wspomnieniach, bo, zdaniem jego, « historya kilku lat istienia Księstwa jest rzadkim w dziejach ludzkości wzorem powszechnego poświęcenia się obywatelskiego, z takiem sercem niesionego, iż chyba w stosunkach rodzinnych między cnotliwemi dziećmi a rodzicami na coś podobnego natrafić można ». To też spisywał swą książkę z miłością i rozrzewnieniem, nie szczędząc zresztą uwag krytycznych, jakie mu trzeżwy rozum nastręczał.
Wobec braku dzieł, z którychby zaczerpnąć można wiadomości o losach kraju w początkach stulecia naszego i wobec zalet książki Skarbka, sądzimy, że wydanie obecne będzie wielce pożądanem i pożytecznem.
P. Chmielowski. »



Création : 11 mars 2013
Mise à jour : 13 mars 2014
Révision : 2 septemblre 2017
Auteur : Jacques Richard
Blog : Sur Frédéric Chopin Questions historiques et biographiques
Page : 36 Frédéric Skarbek par Piotr Chmielowski (1897)
Lien : http://surfredericchopin.blogspot.fr/2013/03/frederic-skarbek-par-piotr-chmielowski.html









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