Quelques informations à propos du livre de Bernard Gavoty Frédéric Chopin : le texte du
chapitre 1
Classement : questions biographiques ; écrits sur Chopin
Ceci est la suite de la page Bernard
Gavoty 2, consacrée à son ouvrage intitulé Frédéric Chopin, paru aux éditions Bernard Grasset en 1973.
Après avoir vu l’avant-propos (« Prélude »), je
reproduis ci-dessous le texte du chapitre 1 (« Mazovien, corps et âme... »), qui sera étudié sur une page spécifique.
Les astérisques sont des appels de notes de ma part (en bas
de page).
Je mets en valeur (en gras) les passages notables.
Texte
« Page 17
« Mazovien, corps et âme… »
Une lettre*.
« Mon cher Père et ma chère
Mère,
Dans l’incertitude où je suis que
mes lettres vous soyent parvenues je ne vous écris que deux mots seulement pour
m’informer de l’état de votre santé et vous prouver mon respect et mon
attachement. Depuis deux ans passés, je n’ai point de vos nouvelles, je ne sais
à quoi l’attribuer ; cependant chères parens (sic) mon éloignement ne fait qu’augmenter mon respect envers vous
en me faisant connaître de quel bonheur je suis privé d’être si longtemps sans
vous voir et sans recevoir aucune de vos nouvelles. Comme Madame Weydlich vous
a écrit aussi plusieurs lettres en vous chargeant de vous informer au sujet de
ses affaires à Strasbourg aux quelles vous n’avés pas répondu. Je vous dirai
que Nous savons bien que Mr Malard est payé mais que nous ne savons pas s’il a
touché de l’argent pour les créanciers. Comme les affaires avec Monsieur le
Comte Pac ne sont pas encore finies et qu’il demande une rendition des comptes
de la terre de Marainville fait que j’étais sur le point de partir pour
Strasbourg pour finir les dittes affaires au nom de Monsieur Weydlich. Mais
comme nous avons appris que la France n’était pas encore tranquille par les
révolutions qui s’y sont faites a été cause que mon voyage a été différé, mais
cependant je crois partir sous peu de temps car M. Weydlich
Page 18
s’est arrangé avec un
Banquier qui ne tardera pas à partir pour la France. Cependant avant que je
parte je vous prie de m’informer si la milice n’est pas plus stricte qu’elle
était car on nous dit que tous les jeunes garçons depuis l’âge de dix-huit ans
sont tous soldats c’est ce que nous sommes curieux de savoir, car étant dans un
pays étranger comme j’y suis et où je peux faire mon petit chemin, je ne
pourrais le quitter qu’avec regret pour me rendre soldat quoique dans ma patrie
vu que M. Weydlich n’a que trop de bontés pour moi et dont j’en prévois les
suites heureuses. Je vous prie donc chères Parens de me faire réponse le plus
tôt possible pour que je puisse partir en toute sûreté et jouir du bonheur de
vous voir ainsi que tous mes chères parens. J’ai l’honneur d’être avec le plus
profond respect
Cher Père et chère Mère
de vos enfant votre très
humble et très obéissant fils.
Nicolas Chopin
« A Varsovie, ce 15 7bre 1790
« P.S. Monsieur et Madame
Weydlich vous font bien des complimens et vous prie d’assurer Monsieur le Curé de
leur respect. Je vous prie de lui assurer aussi de ma part. J’embrasse mes
sœurs de tout cœur ainsi que tout mes parens et amis.
Je vous donne mon adresse de
crainte que la lettre ne soit égarée car je ne puis concevoir que depuis deux
ans passés je n’aye reçu aucune Lettre dont voici
A Monsieur
Monsieur
Chopin Pologne
Par Dresde à Varsovie
en Pologne
(poste restante) »
Page 19
De Lorraine en Pologne
Telle est la lettre
qu’après deux ans d’absence, Nicolas Chopin, émigré en Pologne, adresse à ses
parents demeurés en Lorraine. Ce Français de pur sang écrit dans sa langue natale avec plus d’incertitudes que ne le fera
son fils, né à Varsovie et à demi polonais. Il est vrai que les Chopin de
Lorraine* sont de souche modeste et de culture problématique. Le grand-père du
musicien dont nous contons l’histoire cumule les métiers de charron et de
vigneron, dans son village de Marainville, situé au pied de la colline de Sion,
près de Nancy*. En 1949, à l’occasion du centenaire de Frédéric Chopin, une
plaque fut apposée par les soins du Comité exécutif de l’année Chopin, sur un
mur de la très modeste maison paysanne des Chopin à Marainville. Taillée dans
une pierre provenant de Zelazowa-Wola, village natal du compositeur, elle
rappelle que « dans cette maison est né, le 15 avril 1771, Nicolas Chopin,
père du génial compositeur polonais ». Depuis des générations, les Chopin
habitaient la Lorraine*. On retrouve leurs traces dans maints villages des
Vosges : à Ambacourt, à Bralleville et à Marainville. Certains Polonais désireux de
s’annexer complètement Chopin ont prétendu que ses ancêtres polonais,
« Szop », seraient venus en Lorraine avec Stanislas Leczinski. Cette
hypothèse, jadis soutenue par Wanda Landowska*, est aujourd’hui abandonnée. A Marainville, les vignes
n’occupent ni ne nourrissent l’homme durant toute l’année. Aux époques de
relâche, entre les saisons vouées aux travaux des champs, François Chopin
répare les voitures, ajuste moyeux et mancherons aux charrues et construit
force brouettes.
Telle est la lettre
qu’après deux ans d’absence, Nicolas Chopin, émigré en Pologne, adresse à ses
parents demeurés en Lorraine. Ce Français de pur sang écrit dans sa langue natale avec plus d’incertitudes que ne le fera
son fils, né à Varsovie et à demi polonais. Il est vrai que les Chopin de
Lorraine* sont de souche modeste et de culture problématique. Le grand-père du
musicien dont nous contons l’histoire cumule les métiers de charron et de
vigneron, dans son village de Marainville, situé au pied de la colline de Sion,
près de Nancy*. En 1949, à l’occasion du centenaire de Frédéric Chopin, une
plaque fut apposée par les soins du Comité exécutif de l’année Chopin, sur un
mur de la très modeste maison paysanne des Chopin à Marainville. Taillée dans
une pierre provenant de Zelazowa-Wola, village natal du compositeur, elle
rappelle que « dans cette maison est né, le 15 avril 1771, Nicolas Chopin,
père du génial compositeur polonais ». Depuis des générations, les Chopin
habitaient la Lorraine*. On retrouve leurs traces dans maints villages des
Vosges : à Ambacourt, à Bralleville et à Marainville. Certains Polonais désireux de
s’annexer complètement Chopin ont prétendu que ses ancêtres polonais,
« Szop », seraient venus en Lorraine avec Stanislas Leczinski. Cette
hypothèse, jadis soutenue par Wanda Landowska*, est aujourd’hui abandonnée. A Marainville, les vignes
n’occupent ni ne nourrissent l’homme durant toute l’année. Aux époques de
relâche, entre les saisons vouées aux travaux des champs, François Chopin
répare les voitures, ajuste moyeux et mancherons aux charrues et construit
force brouettes.
De son union avec Marguerite
Deflin est né, le 15 avril 1771, un fils, Nicolas, que précédaient deux filles*.
Les deux tantes, qui passeront à Marainville toute leur existence, vivront à
l’époque où Frédéric séjournera lui-même à Paris. Jamais, toutefois, il
n’éprouvera la curiosité d’aller les voir ou de leur écrire. Il ne semble pas,
d’ailleurs, que Nicolas Chopin ait élevé son fils dans le culte de sa famille
française.
Page 20
Jamais Frédéric ne revendiquera une appartenance que les historiographes
français sont les seuls à lui rappeler fièrement. « Je suis mazovien,
corps et âme », déclarera le jeune musicien, frais émoulu du Conservatoire
de Varsovie. Un seul aveu, toutefois, à la fin de sa vie : « …les
Français, que j’ai fini par aimer comme les miens propres… ».Mais
revenons au père, trop peu connu, à notre gré.
Pourquoi, lesté d’un brevet
d’études secondaires* – l’orthographe
(1) de la lettre citée plus haut démontre que la culture du scripteur laisse
beaucoup à désirer – ce jeune Lorrain de dix-sept ans, décide-t-il de
quitter sa province et sa famille au bénéfice d’un pays lointain et
agité ? On ne le saura sans doute jamais – à moins que d’autres lettres
(2) ne viennent éclairer ce point d’histoire demeuré obscur. On sait seulement
que le fief de Marainville était alors l’apanage d’un seigneur polonais, Michel
Pac*, venu en Lorraine avec la suite* du roi Stanislas Leczinski*. Le domaine lorrain
était administré par un certain Adam Weydlich*, que Nicolas Chopin fréquentait
depuis son enfance. Habitué à vivre en
milieu polonais, peu tenté par l’héritage du métier paternel, rendu ambitieux
par le succès de ses études classiques, sans doute avait-il tout naturellement
suivi Weydlich quand celui-ci, aux approches de la Révolution française,
regagna la Pologne ? En ces temps de voyages difficiles et de
carrières aléatoires, les cadets de
famille s’expatriaient volontiers dans le but, souvent illusoire, de faire
fortune ailleurs. Dans le cas présent, le choix de la Pologne était
tributaire de bien des aléas.
Destin de la Pologne
Ce malheureux pays, qui n’avait
jamais réussi à conquérir, au long des siècles, une unité durable, était
victime de sa
(1) Que nous avons
intentionnellement respectée.
(2) Celle que nous avons cité n’a
été découverte qu’en 1949. Jusqu’alors, on avait imaginé que Nicolas Chopin
avait quitté les siens en raison de dissentiments familiaux. La vérité ne
surgit que très lentement du puits de l’histoire.
Page 21
situation géographique. Coincée entre la Prusse, l’Autriche et la Russie,
séparée de la Suède par le couloir baltique, la Pologne préservait
périodiquement son indépendance en s’alliant à l’Allemagne pour repousser les
invasions mongoles, ou aux Autrichiens pour battre les Turcs. Entre deux
assauts des barbares, il lui fallait faire face aux convoitises de ses
terribles voisins qui, d’un coup de dents, lui arrachaient un lambeau, une
ville, une province.
La Pologne jouait alors le rôle
du cheval de picador, sur lequel le fauve apaise ses ardeurs. Sans doute,
devenue chrétienne à la fin du Xè siècle, bénéficiait-elle du soutien de la
papauté. Mais, là encore, elle figurait un enjeu, plus qu’une alliée. Le
Saint-Siège protégeait la Pologne dans la mesure où il jugeait politique de
s’opposer à la croissance du pouvoir impérial germanique. Vassale de Rome,
Cracovie subissait le contrecoup des caprices pontificaux. Les ères de
tranquillité lui étaient chichement dispensées. Pour que la Pologne fût, un moment,
libre d’assurer son propre destin, il fallait que l’empereur et le pape fussent
occupés ailleurs. Sous la dynastie des Piast*, jusqu’aux deux tiers du XIVè
siècle, la nation polonaise avait vu se consolider son unité ethnique. Les
Polanes s’étaient annexé Mazoviens et Silésiens, abandonnant la Bohême au
contrôle de l’Allemagne. La Pologne demeurait essentiellement une province
ecclésiastique, dotée d’un clergé important et d’une noblesse ambitieuse.
Toutefois, les souverains Piast – Boleslas, Casimir, Mieszko – assurent-ils au
pays un état relativement prospère et pacifique, en préparant l’avènement des
Jagellons*, qui consacreront l’union de la Pologne et de la Lituanie*. Sous
leur égide, Polonais et Lituaniens seront maîtres ou suzerains de la Prusse
occidentale et de la Prusse ducale, de la Livonie, de la Courlande et de la
plus grande partie de l’Ukraine, jusqu’à la révolte des cosaques en 1648. Peu
après, les Suédois, sous le règne de Charles X*, envahissent la Pologne, mais,
pour compenser cet assaut, que Louis XIV cherche à arbitrer, Jean Sobieski* bat
les Turcs sous les murs de Vienne et détermine ainsi le déclin de la puissance
ottomane, qui a été si longtemps le fléau de la chrétienté. Après Sobieski, le
Page 22
pays entre dans une ère de décadence. A la fin du XVII° siècle, la Pologne
cesse d’être indépendante*. La Prusse, l’Autriche et la Russie s’unissent contre
elle, sauvagement – mais si forts sont les réflexes chrétiens qu’elles
décrètent l’un des partages de leur ennemie « au nom de la Très Sainte
Trinité », sans préciser au juste si cette trinité sainte est formée de
leur alliance terrestre, ou de l’union dans le ciel des Personnes
divines !
A la faveur de ce partage,
Frédéric le Grand* reprend la Prusse occidentale et toute la partie nord de la
grande Pologne. L’Autriche s’approprie la Galicie et la Russie occupe le vaste
territoire qui s’étend en-delà de la Duna et du Dnieper. Les partages de 1793
et 1795 aggraveront encore les amputations. A la fin de l’année 1795, le
dernier roi de Pologne* abdiquera à Grodno et s’en ira mourir en Russie. Après
huit siècles d’une histoire souvent glorieuse, la Pologne des Piast et des
Jagellons a disparu, les trois puissances copartageantes s’engagent
réciproquement à ne jamais se servir d’un titre capable de rappeler l’existence
d’un royaume de Pologne. Si la royauté a succombé, du moins l’honneur du pays
est-il sauvé par l’insurrection à la tête de laquelle Kosciuszko* s’illustre.
Mais, en dépit de beaucoup d’héroïsme dépensé en pure perte, la Pologne a vécu.
La Pologne en 1788
Nicolas Chopin, arrivant à
Varsovie en 1788, tandis que ces événements s’accomplissent, a pris part au
soulèvement de Kosciuszko. Un hasard le fait échapper à la mort. Sa compagnie, commandée par le cordonnier
Kilinski, a été appelée des avant-postes dans le centre de la ville, avant
l’attaque et le massacre du faubourg de Praga. Ainsi donc, pris entre deux feux, ou deux risques –
celui de se voir appelé sous les drapeaux français, celui de combattre en
volontaire dans les rangs d’une puissance étrangère – il a
Page 23
choisi le second. Etrange instinct d’un
Français, devenu polonais de cœur, au point d’en oublier son pays natal !
Ce qu’il trouve en Pologne a de
quoi satisfaire, malgré tout une âme aventureuse. Echappant au destin monotone
d’une existence paysanne, Nicolas Chopin aborde un pays dont les malheurs
avivent le courage naturel. L’occupation russe* coïncide en effet avec une
étonnante floraison intellectuelle et artistique. En dépit de l’oppresseur, un
vent de liberté a soufflé sur le pays. Sans doute le servage subsiste-t-il
encore ; il ne sera aboli qu’en 1863. Mais les paysans, échappant à la
tyrannie sans contrôle de leurs seigneurs, se trouvent placés sous la
protection du pouvoir public. La noblesse, dont les privilèges extravagants
remontent au XIII° siècle, voit s’affaiblir la puissance qui lui avait été
jadis concédée par Casimir le Juste*. Cette noblesse d’épée s’est acquis des biens
considérables. Les Radziwill possèdent six cents villages. Les Lubomirski
détiennent une fortune gigantesque. D’une princesse cracovienne, très âgée, la
légende affirme qu’elle possède en millions le chiffre de ses années. De
magnifiques châteaux émaillent la plaine polonaise. Mais cette nation gouvernée
par l’argent comme elles le sont toutes, a gardé toutefois le culte des valeurs
idéales.
Une nation chrétienne
Après huit siècles passés, la
Pologne se souvient de sa vocation chrétienne, qui lui a valu un clergé actif
et, même, tyrannique. La Vierge noire de Czestochowa, qui a protégé la Pologne
au Moyen Age, est considérée comme la patronne du pays. Les saints nationaux
foisonnent : saint Hyacinthe, saint Adalbert, saint Czeslaw, sainte
Cunégonde, saint Stanislas Kostka, sainte Bronislawa, sainte Jadwiga. En l’an
1000, l’empereur Othon III, alors souverain de l’Empire romain, s’était rendu
en pèlerinage avec le roi Boleslaw Chrobry au reliquaire de saint Adalbert, qui
avait trouvé quelques années auparavant la port chez les Prussiens de la
Baltique. Les deux souverains – celui de Rome et le
Page 24
futur roi de Pologne – parcoururent pieds nus une grande partie du chemin
menant aux ossements de Gniezno. Le pays tout entier a été marqué profondément
au coin de la chrétienté : il s’est éveillé tout ensemble à la foi et à la
vie nationale. La symbiose Christianisme-Eglise-Etat, réalisée dès l’origine, est
plus que jamais vivante. Il est curieux que, placé dans le bouillon de culture
catholique, Nicolas Chopin n’ait jamais témoigné du moindre sentiment
religieux. Un goût très vif pour l’œuvre
de Voltaire – il en a emporté un volume de Marainville – explique jusqu’à
un certain point son indifférence métaphysique. Il faut dire que, jusqu’à
l’heure de sa dernière maladie exclusivement, jamais son fils Frédéric ne
laissera deviner le moindre souci de l’au-delà, la plus fugitive préoccupation
surnaturelle. Le nom, la pensée de Dieu ne vient pas une fois en trente ans
sous sa plume (1).
Orient-Occident
Venu en Pologne avec une flûte, un violon et quelques livres,
Nicolas Chopin va trouver dans son pays d’adoption ce que son canton vosgien
lui a refusé : l’occasion de compléter
son instruction et d’acquérir une culture raffinée. La comparaison entre la
lettre citée au début de cette étude et d’autres adressées plus tard à son
fils, accuse la métamorphose qui
transforme assez rapidement un petit paysan français en un bourgeois polonais
de la plus fine espèce. Nicolas Chopin
parlera et écrira le français, l’anglais, le polonais, l’allemand et le latin
– toutes langues qu’il enseignera d’ailleurs à son fils.
Vers 1794, en dépit de ses
malheurs, jamais, depuis l’épo-
(1) Il est possible – et même
probable – que Nicolas Chopin, semblable en cela à tant d’hommes de son temps,
ait appartenu à la franc-maçonnerie. Le fait que Frédéric ait fréquenté à Paris
des francs-maçons notoires, tels Albert Grzymala et le banquier Léo, a fait
croire à son appartenance maçonnique. Aucun fait précis n’est toutefois venu
étayer cette thèse.
Page 25
que si brillante de la Renaissance, le pays n’a connu un plus vif essor des
lettres et des arts. Par son passé, sa religion, les tendances générales de sa
culture et de son instinct, il appartient, moralement, à l’Ouest. Artiste dans
le sang, le peuple polonais a le goût inné des livres, la passion d’apprendre,
une tradition scientifique dont un Copernic figure le fleuron. Irréductiblement
chrétienne, par nature agricole, géographiquement située à la charnière de deux
civilisations, la nation bénéficie des méthodes de penser occidentales et des
particularités du caractère slave. L’épreuve de l’occupation russe* ne fait que
rendre plus exigeant le sens patriotique, considéré comme une seconde religion.
Varsovie renferme parmi ses cent mille habitants l’élite intellectuelle et
sociale du pays. Somme toute, c’est un choix heureux qu’a fait Nicolas Chopin,
en suivant Weydlich en Pologne. Certes, échappant à une révolution, il est
tombé dans un soulèvement national. Mais quel est, en cette fin du XVIII°
siècle, la nation d’Europe qui peut se targuer de connaître la paix ?
L’heureuse conséquence de tant de troubles guerriers va se faire sentir et les
symptômes d’un renouveau sont déjà perceptibles : le romantisme est
proche.
Vers l’enseignement.
En l’an de grâce 1794, Nicolas
Chopin se soucie fort peu de cela. Il faut vivre : la tournure de son
esprit, foncièrement réaliste, ne le porte point à rêver. Ce Lorrain acclimaté
en Pologne a emporté dans son maigre bagage les vertus de son terroir ; il
a l’esprit clair, l’âme méticuleuse, un solide instinct d’économie gouverne
tous ses actes. Plus tard, il trouvera le moyen de mettre de côté, sur ses
gages de professeur, une somme de vingt mille roubles* qu’il prêtera à son
pupille, Michel Skarbek*. Musicien, épris de l’art brillant du XVIII° siècle,
jouant un peu de flûte et de violon en amateur, il en saura assez pour
reconnaître d’emblée les dons exceptionnels de son fils, mais, toujours, il
gardera la tête froide, et, dans une certaine mesure, Frédéric héritera
Page 26
cette pudeur de sentiments qui nous vaudra, côte à côte, une musique brûlante
et des commentaires réservés. Bon père, peu expansif, époux assidu, maître de
maison avisé, chef de famille ferme et tolérant, Nicolas laissera à ses enfants
le regret qu’inspirent généralement les hommes à l’humeur égale et à la vie
bien réglée. Il a rempli plusieurs emplois, sans aller jusqu’à « faire ces
trente-six métiers » dont notre Duvernois note spirituellement qu’ils
conduisent rarement à un trente-septième avantageux… Dès son arrivée à Varsovie, il s’est lié avec un compatriote qui gère
une petite manufacture de tabac*. Nicolas en assure la comptabilité. Le soulèvement
de 1793 aura pour conséquence la fermeture de la fabrique. S’il a gagné dans la
bataille des rues des galons d’officier, Nicolas a perdu son gagne-pain. Dès la
paix revenue, il s’interroge : que faire ? A deux reprises, il imagine de rentrer en France ; par deux fois,
une maladie bénigne le contraint à rester sur place. Ses moyens d’existence
sont précaires. Enseigner le français ? Soit – mais à condition de
s’être perfectionné dans la connaissance d’une langue qu’il possède
imparfaitement. C’est en apprenant soi-même qu’on devient un bon professeur.
Voici donc Nicolas Chopin donnant des leçons de français à droite et à gauche.
Ses élèves sont nombreux. A Varsovie comme à Moscou ou à Pétrograd*, le comble
de la distinction est de parler français, cela vous pose un homme, comme on le
voit en lisant les romans de Tolstoï, où abondent les dialogues dans notre
langue. Parmi ses élèves, Nicolas Chopin compte une jeune aristocrate, Maria
Laczynska de Czerniejew qui, plus tard, sous le nom de Marie Walewska, aura un
destin historique. Ignorant à cette époque jusqu’au nom de Napoléon, dont elle
sera un jour la maîtresse malheureuse, elle est, en toute innocence, la
camarade de jeux du jeune Frédéric Skarbek*, âgé de dix ans. La comtesse
Skarbek apprécie le précepteur des jeunes Laczynski, elle lui confie
l’éducation de ses cinq enfants qui vivent, avec elle, à une soixantaine de
kilomètres de Varsovie, en pleine campagne, à Zelazowa-Wola*.
Page 27
Zelazowa-Wola
Au cœur d’un beau jardin
capricieusement dessiné, planté d’ormes et de châtaigniers, parcouru d’un
ruisseau qui se déverse dans un petit lac, s’élève un manoir aux murs
recouverts de plantes grimpantes. La maison est confortable, d’aspect rustique
(1). Dans ce cadre campagnard, Mme Skarbek*, divorcée, est secondée, dans
l’éducation de ses enfants, par une cousine pauvre et orpheline, Justyna
Krzyzanowska*. Cette jeune fille, lointainement apparentée aux Skarbek, a vingt
ans – l’âge de « faire une fin », c’est-à-dire de commencer une
existence conjugale. Son emploi d’intendante est précaire et la vie est longue,
quand rien ne l’égaye. Sans doute est-elle bien traitée et les enfants, dont
l’aînée a dix ans, l’dorent. Modeste, non pas vraiment jolie, mais fine,
d’allures distinguées, le visage éclairé d’yeux très bleus, divisé par un nez
busqué qu’elle léguera à son fils, une tête racée couronnée d’épais
cheveux blonds, Justyna pratique, sans
la moindre affectation, l’effacement éclatant : rien ne la fait remarquer ;
sa réserve même la désigne à la sympathie. A la voir, tous les jours, à table
en face de lui, à la rencontrer sans cesse dans les couloirs de la petite
maison, sevré comme elle de toute distraction qui ne fût pas campagnarde,
Nicolas Chopin sent son intérêt s’éveiller pour cette jeune fille simple et
charmante. Son caractère égal lui paraît un gage de bonheur. Il l’observe tout
à loisir, du haut de ses trente et un ans, qui lui ont appris à prendre son
temps pour décider des choses sérieuses. Au long de quatre années, il étudie sa
future femme, il vit avec elle l’alternance des saisons. Durant les longues
soirées d’hiver, il joue du violon ou de la flûte, accompagné au piano par
Justyna, qui possède un aimable
(1) La maison natale de Chopin,
dépendant du manoir, existe toujours. Elle est, de mai à octobre, le but d’un
pèlerinage assidu. On vient, du monde entier, visiter cette maison où subsiste
un des pianos de Chopin ; des virtuoses polonais s’y succèdent pour faire
entendre aux touristes les pages célèbres du compositeur.
Page 28
talent d’amateur. Ensemble, ils chantent des romances polonaises et françaises.
Nicolas cultive la poésie, il compose de petits poèmes dans l’une et l’autre
langue. Rien de plus favorable que cette vie retirée à la campagne pour se bien
connaître et juger des caractères. D’autant plus que, dans le cas présent,
chacun des hôtes de Zelazowa-Wola est appelé à sortir de son rôle strict pour
rendre de menus et mutuels services. Nicolas Chopin soulage la comtesse Skarbek
des soins d’une comptabilité domestique qui l’obsède. Il accompagne Justyna
chez les paysans voisins, que la châtelaine secourt. A faire ensemble la
charité, ils s’entrestiment. Sans se l’être avoué, ils s’avisent un beau jour
d’un sentiment réciproque. Le 2 juin 1806, le mariage est célébré dans l’église
de Brochow*. Nicolas a trente-cinq ans – onze de plus que sa femme. Secrètement
flatté d’épouser une « aristocrate », il n’a point cherché à
dissimuler l’humilité de ses origines*. Sa bonne mine, gage de distinction,
parle en sa faveur plus éloquemment qu’un brevet de noblesse.
Le jeune couple s’installe dans
un pavillon proche de la maison principale : trois pièces sommairement
meublées. Apparemment, rien n’est changé dans le rythme de la vie quotidienne.
La jeune Mme Chopin continue d’aider sa cousine, elle partage avec la fille
aînée* la gestion de la maison. Le plus âgé des garçons Skarbek va poursuivre
ses études au lycée de Varsovie*. Un bonheur sans ombre éclaire le ménage de
Nicolas Chopin.
L’empereur arrive
Sans ombre sentimentale – mais
non pas sans orages nationaux.
Au mois de mai 1806, Napoléon,
après les victoires d’Austerlitz* et d’Iéna*, dirigeait ses armées sur
Varsovie. Des bataillons polonais, qui avaient combattu sous l’étendard
français en Italie et qui s’y étaient d’ailleurs fait décimer, étaient de
retour au pays. Ils apportaient des nouvelles consternantes. Quatre ans plus
tôt, cinq mille d’entre eux avaient
Page 29
été envoyés à Saint-Domingue pour y réprimer un
soulèvement* et la malaria avait fauché leurs rangs. L’Empereur multipliait les
promesses et signait des traités de paix, tout en enchaînant guerre sur
guerre*. Son arrivée en Pologne était de mauvais augure, nul n’ajoutant foi à
ses promesses. Nicolas Chopin, que les jeux de la politique laissent
profondément indifférent, se dit que l’empereur des Français est bien mal avisé
de venir aggraver la situation d’un pays qui est déjà sous la botte de l’occupant
russe*. Aucune sympathie patriotique ne le porte vers Napoléon. Il admire trop
Voltaire et Rousseau pour ne pas se méfier d’un dictateur, fût-il couronné.
Certes, Napoléon vient d’affaiblir considérablement les
trois nations ennemies de la Pologne : l’occasion ne s’offre-t-elle pas à
lui de restaurer dans son indépendance le pays qui a tant souffert de la
Prusse, de l’Autriche et de la Russie ? Les légions polonaises qui
l’accompagnent dans sa marche victorieuse constitueront l’ossature de l’armée rénovée :
hélas ! la paix de Tilsit décevra, le 3 juillet 1807, bien des
espérances ! Craignant d’irriter le tsar en faisant revivre le royaume de
Pologne, il se contente d’ériger la province centrale* – un cinquième du pays –
en « duché de Varsovie », placé sous la souveraineté de
Frédéric-Auguste, roi de Saxe (1). Plus tard, il promettra à Marie Walewska que
son fils Alexandre, sera un jour roi de Pologne. Chimère, dont elle ne se
bercera même pas ! La paix de Vienne*, conclue le 14 octobre 1809, ne
donnera pas davantage l’entière satisfaction escomptée – les Russes devant
refuser la restitution de tous les territoires subtilisés à la Pologne en 1795.
Naissance de Frédéric
Au moment précis où le « duché de Varsovie » va
passer sous le contrôle de l’administration français, un premier enfant
couronne l’union de Chopin : Louise-Ludwilla* naît
(1) En 1815, le duché sera réuni à la Russie.
Page 30
le 6 avril 1807. Deux ans plus tard, un second enfant s’annonce. L’hiver de
1810 est extrêmement rigoureux : n’est-il pas imprudent d’accoucher en
rase campagne ? Nicolas décide de faire confiance à l’excellente santé de
sa femme (1) et l’événement lui donne raison, puisque le vendredi 1er
mars 1810, né sans difficulté, Frédéric-Francis* Chopin pousse son premier cri.
Deux mois plus tard, le curé de Brochow le baptise à Zelazowa-Wola* et profite
de cette occasion pour le déclarer à l’état civil*, avec une erreur à la
clé : sur le registre officiel, la naissance est enregistrée à la date du
22 février, Nicolas Chopin, qui signe l’acte en compagnie de deux témoins,
Josef Wyrzykowski* et Frédéric Gert*, ne rectifie pas l’erreur (2). L’enfant
est baptisé le 23 avril dans l’église de Brochow par l’abbé Duchnowski. La
comtesse Skarbek, sa marraine, le tient sur les fonts.
L’année 1810 marque l’entrée dans
le monde de Chopin, de Schumann et de Musset. Un an plus tard, Liszt naîtra. En
1813, ce sera le tour de Wagner. Le « cru » de l’époque est
excellent.
La pension Chopin.
Frédéric ne passe que les six
premiers mois de son enfance à Zelazowa-Wola. En effet, le professeur de
français de petites classes du lycée de Varsovie étant tombé malade, le recteur
Bogumil Linde* demande à Nicolas Chopin
de le remplacer. Cette proposition est accueillie d’autant plus volontiers que
le manoir commence à se dépeupler. Les enfants
(1) Mme Chopin vivra jusqu’à plus
de quatre-vingts ans, son mari jusqu’à soixante-treize ans.
(2) Mais, par la suite, Frédéric
Chopin affirmera à mainte reprise être né le 1er mars, sous le signe
des Poissons : « il tient cette date de ses parents, qui, s’étant
trompés une première fois, ne risquaient pas de commettre une seconde
erreur. » De nombreux biographes persistent à assigner à la naissance de
Chopin la date du 22 février : elle figure – faussement – sur la plaque
apposée sur la maison parisienne où il est mort, 12, place Vendôme.
Page 31
Skarbek le quittent, l’un après
l’autre, et les parents de Frédéric Chopin voient s’amenuiser leurs rôles
respectifs. Le lycée de Varsovie leur offre de vastes locaux et des conditions
financières à vrai dire si modestes que, très rapidement, Nicolas Chopin,
imitant en cela d’autres maîtres de l’établissement, sollicite et obtient
l’autorisation de prendre des élèves en pension chez lui. Ses premières recrues
seront les deux jeunes fils Skarbek et trois de leurs cousins. Ainsi s’établira
tout naturellement le renom de la pension Chopin qui passera pour
l’établissement « chic » de la capitale. A l’exemple des Skarbek,
mainte famille de l’aristocratie et de la bourgeoisie confiera ses rejetons à
Nicolas et à Justyna Chopin, dont la maison, bien tenue, jouit d’une excellente
réputation. Dans ses Mémoires, le
comte Frédéric Skarbek, devenu lui-même professeur à l’université de Varsovie,
loue les grandes qualités de son premier éducateur. Nicolas Chopin tient au
« standing » de son pensionnat ; avec un flair très sûr, il n’y
admet que des garçons de bonne famille, qui seront les premiers amis de
Frédéric : Titus Woyciechowski, Julien Fontana, Jean Matuszynski, les
frères Wodzinski, Jean Bialoblocki.
Le 9 juillet 1811, un troisième
enfant, Isabelle, naît chez les Chopin. Méthodiquement, le père fait face à des
charges accrues et sollicite deux nouveaux emplois : le voilà nommé
professeur de français à l’Ecole de préparation militaire et à l’Ecole
d’artillerie et du génie. Quand, deux ans plus tard, la petite Emilie viendra
au monde, Nicolas accédera, avec un traitement supérieur, aux grandes classes
du lycée. L’ordre règne, sinon à Varsovie, du moins à la pension Chopin.
Troubles nationaux.
Nationalement, les choses se gâtent. En 1812, Napoléon
déclare la guerre à Alexandre Ier. Les Polonais y voient, bien à tort, un gage
de retour à l’indépendance. En fait, l’Empereur enrôle cent mille Polonais, en
embrigade un tiers
Page 32
sous les ordres de Joseph Poniatowski, les engage à Smolensk, à Borodino et à
la Berezina, voit fondre leurs bataillons et laisse les Russes occuper
Varsovie. Le 26 septembre 1815, au congrès de Vienne, interrompu par le retour
de l’île d’Elbe, la Pologne subit son quatrième partage. L’ancien duché de
Varsovie, quelque peu retaillé*, est rattaché à la Russie, Cracovie devient
ville libre, une Pologne autrichienne et une Pologne prussienne sont très
artificiellement constituées. La souveraineté nationale est fictivement
accordée au pays*, dont la majeure partie retombe sous la botte russe. Une fois
encore, la vie intellectuelle et artistique sortent de l’épreuve, non pas affaiblies,
mais rénovées. En 1818, une université s’ouvre à Varsovie*, la société des
sciences* prend un vif essor, la vie des lettres est plus florissante que
jamais, la musique prospère, Stanislas Potocki, ministre de l’Instruction
publique*, dirige son département avec une vigueur peu commune. Par malheur,
Adam Czartoryski, ancien ministre des Affaires étrangères*, et Kosciuszko,
général en chef*, sont écartés du pouvoir par le tsar, promu roi de Pologne.
D’où une recrudescence de haine : dans tous les foyers polonais couvent
des projets de revanche contre l’occupant maudit. On voue un culte passionné
aux héros qui, à travers les âges, ont combattu pour la patrie : Kosciuszko,
Sobieski, tout récemment Poniatowski. La polonaise,
danse nationale, est doublement à la mode. Rien d’étonnant que Chopin lui prête
les accents de son génie. Autour de son berceau, on ne fredonne que des chants
de revanche.
Notes
Page 17
*une lettre :
voir page
spécifique. Je reprends ici la version donnée par Bernard Gavoty qui semble
légèrement différente (orthographe) de celle donnée dans le livre de Tadeusz
Zielinski.
19
* les Chopin de
Lorraine : voir page
spécifique.
* Nicolas, que précédaient deux filles : Nicolas est en fait le second enfant, après Anne (1769-1845), et avant Elisabeth (1773), Marguerite 1 (1774), Marguerite 2 (1775-1845).
* Nicolas, que précédaient deux filles : Nicolas est en fait le second enfant, après Anne (1769-1845), et avant Elisabeth (1773), Marguerite 1 (1774), Marguerite 2 (1775-1845).
* la colline de Sion,
près de Nancy : à une trentaine de kilomètres, cependant
* depuis des
générations, les Chopin habitaient la Lorraine : les ancêtres de
Nicolas Chopin seulement à partir du grand-père, venu de Savoie (ce point
n’était pas établi à la date de l’ouvrage de Gavoty) ; par ailleurs, la
Lorraine n’est française qu’à partir de 1766.
*Wanda Landowska
(1879-1959), musicienne et écrivain d’origine polonaise. Sur le texte cité (Mercure de France, avril 1911), voir page
spécifique.
20
*brevet d’études
secondaires : Gavoty ne cite malheureusement pas ses sources sur ce
point. (la notion de « brevet d’études secondaires » n’est pas
évidente en ce qui concerne cette période)
*Michel Pac :
voir page
spécifique.
*Stanislas Leczinski :
Stanislas Leszczynski (Stanisław
Leszczyński), roi de Pologne (1704-1709), duc de Lorraine (1737-1766)
*avec la suite du roi
Stanislas Leczinski : Michel Pac ne vient pas en France avec
Leszczynski (mort en 1766), mais, au début des années 1770, à la suite de la
défaite des adversaires du roi Stanislas Auguste Poniatowski (confédération de Bar). Le domaine de
Marainville a été acheté en 1780, alors que Nicolas Chopin avait 9 ans.
*Adam Weydlich :
voir page
spécifique.
21
*les Piast : dynastie polonaise du Xème
au XIIIème siècle
*les Jagellons :
dynastie polonaise du XIIIème au XVIème siècle
* l’union de la
Pologne et de la Lituanie : en 1569 (la « Lituanie »
s’étendant alors de l’actuelle Lituanie à l’actuelle Ukraine)
*Charles X :
roi de Suède de 1654 à 1660
*Jean Sobieski :
Jean III, roi de Pologne de 1674 à 1696, vainqueur des Turcs à Vienne en 1683
22
* à la fin du XVII°
siècle, la Pologne cesse d’être indépendante : plutôt à la fin du
XVIIIème siècle
* Frédéric le Grand :
Frédéric II, roi de Prusse de 1740 à 1786
* dernier roi de Pologne :
Stanislas Auguste Poniatowski, roi de Pologne de 1764 à 1795
* Kosciuszko :
Tadeusz Kosciuszko (Tadeusz Kościuszko,
1746-1817)
23
* l’occupation russe :
cette formule, que l’on retrouve plus bas (page 25) est excessive ; après
le partage de 1795, Nicolas Chopin ne vit pas dans le lot russe, mais dans le
lot prussien, qui inclut Varsovie.
* Casimir le Juste : Casimir II (1138-1194)
25
* l’occupation russe :
cf. p. 23
* son pupille, Michel Skarbek : voir page La
famille Skarbek. Michel est comme ses frères, l’élève de Nicolas Chopin
* une somme de vingt
mille roubles : le NIFC indique, page indiquée ci-dessus :
« plus de 22 000 zlotys »
26
* manufacture de
tabac : voir page
spécifique.
* Pétrograd :
Saint-Pétersbourg (le nom de « Petrograd » est utilisé officiellement
de 1914 à 1924)
* Frédéric Skarbek
: voir page
spécifique.
* Zelazowa-Wola :
Zelazowa Wola (Żelazowa Wola),
village situé à l’ouest de Varsovie, à une cinquantaine de kilomètres.
27
* Mme Skarbek :
voir page La
famille Skarbek.
* Justyna Krzyzanowska :
voir page
spécifique.
28
* Brochow (Brochów) :
centre de la paroisse dont faisait partie Zelazowa Wola en 1810
* il n’a point
cherché à dissimuler l’humilité de ses origines : assertion qui
nécessiterait une justification.
* la fille aînée :
Anne Skarbek, née en 1793 (voir page La
famille Skarbek)
* lycée de Varsovie :
Frédéric Skarbek entre au lycée (fondé en 1804 par les autorités prussiennes)
en 1805
* Austerlitz :
en décembre 1805 (victoire française sur l’Autriche et la Russie)
* Iéna : en
octobre 1806 (victoire sur la Prusse)
29
* un soulèvement :
il s’agit de la révolution haïtienne, dont la figure principale est Toussaint
Louverture
* l’Empereur
multipliait les promesses et signait des traités de paix, tout en enchaînant
guerre sur guerre : vision un peu caricaturale de la politique de
Napoléon
*l’occupant russe :
cf. page 23.
* la province centrale est érigée en duché de Varsovie : après avoir battu la Prusse en 1806-1807, Napoléon récupère (en gros) le lot prussien des partages de 1793 et 1795 pour en faire le duché de Varsovie, en accord avec le tsar (traité de Tilsit) ; le tsar, qui n'a eu aucun territoire à céder, obtient que les termes Pologne, Polonais ne soit pas utilisés.
* la paix de Vienne en 1809 : ou traité de Schönbrunn (14 octobre 1809). L'Autriche, ayant rompu la paix conclue après Austerlitz, est de nouveau battue en Allemagne (Wagram) et en Pologne (Raszyn) ; les territoires du lot autrichien de 1795 sont alors intégrés au duché de Varsovie. La Russie n'est pas concernée par ce conflit.
* la province centrale est érigée en duché de Varsovie : après avoir battu la Prusse en 1806-1807, Napoléon récupère (en gros) le lot prussien des partages de 1793 et 1795 pour en faire le duché de Varsovie, en accord avec le tsar (traité de Tilsit) ; le tsar, qui n'a eu aucun territoire à céder, obtient que les termes Pologne, Polonais ne soit pas utilisés.
* la paix de Vienne en 1809 : ou traité de Schönbrunn (14 octobre 1809). L'Autriche, ayant rompu la paix conclue après Austerlitz, est de nouveau battue en Allemagne (Wagram) et en Pologne (Raszyn) ; les territoires du lot autrichien de 1795 sont alors intégrés au duché de Varsovie. La Russie n'est pas concernée par ce conflit.
* Louise-Ludwilla :
la fille aînée des Chopin s’appelle, en polonais Ludwika, en français Louise.
30
* Frédéric-Francis :
Chopin reçoit les prénoms, en polonais, de Fryderyk
Franciszek, en latin, de Fredericus
Franciscus, soit plutôt « Frédéric François »
* le baptise à
Zelazowa-Wola : le baptême est effectué par le vicaire de la paroisse à
l’église de Brochow, comme le mariage des parents. L’énoncé de Gavoty dans ces
lignes est incohérent…
* le déclarer à
l’état civil : la déclaration à l’état civil a aussi lieu à Brochow le
23 avril, devant le curé de la paroisse, officier d’état civil.
* Josef Wyrzykowski :
Joseph Wyrzykowski (Józef Wyrzykowski),
présenté comme « économe », habitant à Zelazowa Wola.
* Frédéric Gert :
Frédéric Geszt (Fryderyk Geszt), présenté
comme habitant de Zelazowa Wola.
* Bogumil Linde (Bogumił
Linde), directeur du lycée de Varsovie en 1810, par ailleurs
spécialiste de la langue polonaise.
32
*quelque peu retaillé : la région de Posnan-Torun est rendue à la Prusse
* la souveraineté nationale est fictivement accordée au pays : le royaume de Pologne, dévolu au tsar Alexandre, est considéré lors du congrès de Vienne comme extérieur à l’empire russe.
* la souveraineté nationale est fictivement accordée au pays : le royaume de Pologne, dévolu au tsar Alexandre, est considéré lors du congrès de Vienne comme extérieur à l’empire russe.
* en 1818, une
université s’ouvre à Varsovie : avec l’accord du tsar ; il ne
s’agit pas, à cette époque, d’une université clandestine.
* la société des
sciences : la Société des Amis des sciences (Towarzystwo Przyjaciół Nauk),
fondée en 1800 à Varsovie (à l’époque sous contrôle prussien), supprimée en
1832, suite à l’échec de l’insurrection de 1830-1831.
* Stanislas Potocki, ministre de l’Instruction publique : Stanislas Potocki (Stanisław Kostka Potocki, 1755-1821), responsable de l'éducation à l'époque du duché de Varsovie, est maintenu à son poste au début du royaume de Pologne
* Adam Czartoryski, ancien ministre des Affaires étrangères : Adam Jerzy Czartoryski (1770-1861), ami du tsar Alexandre Ier, nommé responsable de l'éducation en Lituanie en 1803, est ministre des Affaires étrangères de Russie en 1804-1805 ; lors du congrès de Vienne, le tsar tient largement compte de ses avis concernant le sort de la Pologne, mais ne lui donne aucun rôle notable dans la nouvelle entité
* Kosciuszko : en 1814-1815, il participe à Vienne aux discussions en vue du maintien d'un Etat polonais sous l'égide de la Russie, mais refuse d'entériner le royaume de Pologne tel qu'il résulte du congrès et s'exile en Suisse
A suivre
Création : 21 août 2013
Mise à jour : 24 avril 2014
Révision : 10 août 2017
Auteur
: Jacques Richard
Blog :
Sur Frédéric Chopin Questions historiques et biographiques
Page : 100 Bernard Gavoty 2 Chopin (1973) : le texte du chapitre 1
Lien : http://surfredericchopin.blogspot.fr/2013/08/gavoty-2-chopin-1973-chapitre-1-texte.html
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire