Quelques informations tirées des Mémoires de Frédéric Skarbek (chapitre « Mes années d’école »)
Classement : questions biographiques ; Frédéric Skarbek
Ceci est la suite des pages
*Frédéric
Skarbek (éléments biographiques sur cette personnalité polonaise du
XIXème siècle, qui a par ailleurs bien connu Nicolas Chopin et sa famille) ;
*Frédéric
Skarbek : Pamiętniki (informations sur cet ouvrage, écrit entre 1860 et 1866 et publié en 1878 ;
*Frédéric Skarbek biographe de Nicolas Chopin, à propos de son évocation
assez longue du père de Chopin, dans le chapitre 1 de ces Mémoires (« Premières années de mon enfance »).
Dans cette page et dans les suivantes, je fais un résumé des chapitres 2 à 5 concernant
la période 1804-1811, avec citations des passages intéressants pour la
biographie de Frédéric Skarbek ou d’autres personnalités.
Les extraits ci-dessous sont édités par moi à partir de l'exemplaire de l'ouvrage disponible à la Bibliothèque polonaise de Paris.
Les extraits ci-dessous sont édités par moi à partir de l'exemplaire de l'ouvrage disponible à la Bibliothèque polonaise de Paris.
Les chapitres concernés
Chapitre 2 : Mes années d’école
Il évoque
1) le rôle des frères Piaristes (Pijarzy) dans le maintien d’écoles polonaises sous la domination prussienne (10-11), la fondation du Lycée de Varsovie en 1804, lycée allemand, mais qui devait accorder sa part à la culture polonaise (12),
2) son entrée au lycée en 1805 (pages 12-13) :
1) le rôle des frères Piaristes (Pijarzy) dans le maintien d’écoles polonaises sous la domination prussienne (10-11), la fondation du Lycée de Varsovie en 1804, lycée allemand, mais qui devait accorder sa part à la culture polonaise (12),
2) son entrée au lycée en 1805 (pages 12-13) :
« W roku 1805 oddała mnie matka do Liceum
Warszawskiego, w zamiarze usposobienia do słuchania na jakiej akademii
niemieckiej. Obznajmiony od dzieciństwa z językiem tym, dostałem się do klassy
czwartej niemieckiej (Deutsch-quarta) a to pomimo zupełnej nieznajomości
laciny, przez wzgląd jedynie na ogólne usposobienie moje i na znajomość języków
żyjących. Pamiętam studenckie powodzenie, jakie miałem przy pierwszym wstępie
do klassy, w której nie było uczniów wyszłych z pod rąk guwernorów francuzkch;
koledzy moi okazali mi przed przyjściem do szkoły, cztery wiersze francuskiej
deklamacyi na ten dzień zadanej, których się z łatwością nauczyłem; nadeszła
lekcya francuzka, oświadczyli koledzy professorowi Rousseau, że nowo przybyły
student chce wyrecytować deklamacyą, a gdym z wlaściwém żakowi napuszeniem
wiersze zadane wydeklamował, przywołał mnie professor, uściskał i oświadczył,
że nie mam się już czego uczyć na jego lekcyi, jakoż przez cały czas pobytu
mego w Liceum nie uczęszczałem wcale na wykłady języka francuzkiego. »
Traduction
« En 1805, ma mère me confia au Lycée de Varsovie, avec l’intention de m’incliner à devenir étudiant dans quelque institution allemande. Familier depuis mon enfance de cette langue, je fus placé dans la classe de Quatrième allemande (Deutsch-quarta), ceci malgré ma totale ignorance du latin, simplement en raison ma tournure générale d’esprit et de ma connaissance des langues vivantes. Je me rappelle le succès d’étudiant que j’obtins à mon arrivée dans la classe, dans laquelle il n’y avait pas d’[autre] élève sorti des mains de précepteurs français ; mes condisciples m’avaient montré avant de venir à l’école quatre vers de la déclamation française donnée pour ce jour, que j’appris facilement ; le cours de français arriva, et mes condisciples déclarèrent au professeur Rousseau, que le nouvel étudiant voulait réciter ; quand avec la fierté propre à un écolier, j’eus récité les vers donnés, le professeur me félicita, m’étreignis et me déclara que je n’avais plus rien à apprendre de ses cours : aussi durant tout le temps de mon séjour au Lycée, je ne participai pas du tout aux conférences de français. »
« En 1805, ma mère me confia au Lycée de Varsovie, avec l’intention de m’incliner à devenir étudiant dans quelque institution allemande. Familier depuis mon enfance de cette langue, je fus placé dans la classe de Quatrième allemande (Deutsch-quarta), ceci malgré ma totale ignorance du latin, simplement en raison ma tournure générale d’esprit et de ma connaissance des langues vivantes. Je me rappelle le succès d’étudiant que j’obtins à mon arrivée dans la classe, dans laquelle il n’y avait pas d’[autre] élève sorti des mains de précepteurs français ; mes condisciples m’avaient montré avant de venir à l’école quatre vers de la déclamation française donnée pour ce jour, que j’appris facilement ; le cours de français arriva, et mes condisciples déclarèrent au professeur Rousseau, que le nouvel étudiant voulait réciter ; quand avec la fierté propre à un écolier, j’eus récité les vers donnés, le professeur me félicita, m’étreignis et me déclara que je n’avais plus rien à apprendre de ses cours : aussi durant tout le temps de mon séjour au Lycée, je ne participai pas du tout aux conférences de français. »
3) les professeurs qui l’ont marqué
dans sa formation, ainsi que le directeur, Samuel Linde :
*« [...] Samuela Bogumiła Linde, uczonego rodem z Torunia, niemieckiego
pochodzenia, ale dla stosunków ze znakomitemi literatami polskiemi i z powodu
zajmowania się ułożeniem słownika tego narzecza, powszechną wziętość i dobre
imie w kraju mającego. » (pages 11-12)
Traduction
« [...] de Samuel Bogumil Linde, érudit originaire de Torun, d’ascendance
allemande, mais ayant une bonne réputation dans le pays en raison de ses relations avec des écrivains polonais importants et du fait qu’il s’occupait à établir un dictionnaire de cette langue »
*« [rektor Liceum Linde], który na prośby matki mojej, a dawniej jeszcze swej uczennicy w Toruniu, przyjął mnie do siebie, lubo innych pensyonarzy ne trzymał. » (page 15)
Traduction
« [le directeur du Lycée Linde], qui à la demande de ma mère (elle avait été son élève à Torun), m'hébergea chez lui, alors qu'il ne prenait pas d'autres pensionnaires. »
Commentaire
Le lien ancien entre Linde et Louise Fenger-Skarbek, signalé dans plusieurs textes, a donc sa source dans cette phrase elliptique de Frédéric Skarbek ; il devait s'agir d'un préceptorat ou de professorat à domicile (il est peu probable qu'il y ait eu à Torun un établissement pour jeunes filles avec des professeurs hommes).
*« […] miałem przed sobą wzór uczonego, ciąglą pracą zajętego, ne szczędzącego mi rad naukowych i używającego mnie nawet do
pomocy w układaniu materyalów do słownika swego. Kiedy Linde przez niewłaściwe
wdanie się swoje w sprawy polityczne, ściągnął był na siebie niechęć opozycyi, znaleźli się tacy, którzy usiłowali zaprzeczyć mu prawa do zasługi w
piśmiennictwie polskiém i utrzymywali: że sławny Słownik języka polskiego nie
był jego dziełem, lecz znalezionym rękopismem nieznajomego pisarza, jaki sobie
przywłaszcył. Na zbicie tej potwarzy przytoczyć mogę to, że będąc w domu
Lindego, widziałem, jak codziennie pracował nad tém znakomitém dziełem, że miał
jeden pokój cały zastawiony szufladami z przegrodami do zecerskich kaszt
podobnemi, w których znajdowały się porządkiem liter, kartki z wypisami autorów,
lub z definicyami wyrazów do Słownika wchodzących i że ja sam układałem i
porządkowałem te kartki, które on codziennie do rękopismu Słownika wpisywał. »
(pages 15-16)
Traduction
« […] j’avais devant moi le modèle d’un érudit, toujours occupé au travail, ne m’épargnant pas les conseils scientifiques et m’utilisant même pour l’aider à mettre en ordre les matériaux pour son dictionnaire. Lorsque Linde, à cause de son engagement politique inapproprié dans les affaires politiques, [eut attiré sur lui la réticence de l’opposition], il s’est trouvé des gens qui s’efforçaient de lui contester ses droits à des mérites dans les lettres polonaises, et maintenaient que le fameux Dictionnaire de langue polonaise n’était pas son œuvre, mais le manuscrit retrouvé d’un auteur inconnu, qu’il s’était approprié. A l’encontre de cette calomnie, je puis signaler qu’étant dans la maison de Linde, je l’ai vu travailler chaque jour sur cet ouvrage important, qu’il avait une pièce entière pourvue de tiroirs avec des compartiments semblables à des casses de composition, dans lesquels se trouvaient dans l’ordre alphabétique des cartes avec des extraits d’auteurs ou des définitions d’expressions entrant dans le Dictionnaire et que moi-même j’ai rangé ces cartes, qu’il remplissait chaque jour pour le manuscrit du Dictionnaire. »
« […] j’avais devant moi le modèle d’un érudit, toujours occupé au travail, ne m’épargnant pas les conseils scientifiques et m’utilisant même pour l’aider à mettre en ordre les matériaux pour son dictionnaire. Lorsque Linde, à cause de son engagement politique inapproprié dans les affaires politiques, [eut attiré sur lui la réticence de l’opposition], il s’est trouvé des gens qui s’efforçaient de lui contester ses droits à des mérites dans les lettres polonaises, et maintenaient que le fameux Dictionnaire de langue polonaise n’était pas son œuvre, mais le manuscrit retrouvé d’un auteur inconnu, qu’il s’était approprié. A l’encontre de cette calomnie, je puis signaler qu’étant dans la maison de Linde, je l’ai vu travailler chaque jour sur cet ouvrage important, qu’il avait une pièce entière pourvue de tiroirs avec des compartiments semblables à des casses de composition, dans lesquels se trouvaient dans l’ordre alphabétique des cartes avec des extraits d’auteurs ou des définitions d’expressions entrant dans le Dictionnaire et que moi-même j’ai rangé ces cartes, qu’il remplissait chaque jour pour le manuscrit du Dictionnaire. »
4) les conséquences de l’arrivée des troupes
napoléoniennes dans la région, conséquences pour le lycée (division entre
élèves polonais et allemands) et conséquences personnelles :
« Z powodu nieustannych przechodów wojsk i wynikającego ztąd niepokoju
na wsi, przeniosła się matka moja z całym domem do Warszawy i odebrała mnie z
pensyi od Lindego, tak iż wróciłem znowu pod przyjacielski nadzór dawnego
nauczycieła mego Chopin'a i uczęszczałem tylko na nauki do Liceum. » (page
17)
Traduction
« A cause des continuels mouvements de troupe et de l’insécurité
qui résultait à la campagne, ma mère transféra son domicile à Varsovie et me
retira de la pension chez Linde, de sorte que je revins sous la garde amicale
de mon professeur Chopin, n’allant au Lycée que pour les cours. »
Commentaires
*La formulation nauczyciela [mego] Chopin'a (de mon professeur Chopin) est intéressant : en 1830, la presse polonaise aurait écrit nauczyciela Chopin (invariable) ; actuellement, on écrirait nauczyciela Chopina. Cela indique sans doute que le mot, toujours ressenti par Frédéric Skarbek comme d'origine étrangère, est l'intégré à la langue polonaise par une marque de déclinaison, mais surajoutée, légèrement séparée du mot.
*Un point notable est que Skarbek n'évoque pas le mariage de Nicolas Chopin et Justyna Krzyzanowska, qui a eu lieu quelques mois plus tôt, en juin 1806.
5) son examen de fin d’études :
« Tak przepędziłem rok 1807 i doszedłem do najwyźszey klasy ośmej, w
której przed publicznym egzaminem w r. 1808 zostało jedynie trzech uczniów, a
że z tych jeden nieuczęszczając od pewnego czasu na wykłady, nie stawił się do
tegoż egzaminu, drugi zachorował; zostałem przeto sam jeden i musiałem
występować przed publicznością za całą najwyższą klassę. » (page 17)
Traduction
« Je passai ainsi l’année 1807 et arrivai à la classe
la plus haute, la huitième, dans laquelle, avant l’examen public de l’année
1808, il restait seulement trois élèves* ; des trois, l’un qui n’assistait
plus aux cours depuis un certain temps, ne se présenta pas à cet examen, l’autre
était tombé malade ; il ne resta donc que moi et je dus me présenter
devant le public pour toute la classe terminale. »
Note
*trois élèves : il explique qu’en raison des événements, beaucoup d’élèves (plus âgés que lui) s’étaient engagés dans l’armée.
*trois élèves : il explique qu’en raison des événements, beaucoup d’élèves (plus âgés que lui) s’étaient engagés dans l’armée.
Il conclut le chapitre en indiquant qu'après l'examen, il a été invité à un repas par le
résident français, le baron Serra, qui assistait aux épreuves et l'avait trouvé assez brillant.
Création : 13 octobre 2013
Mise à jour : 28 octobre 2014
Révision : 3 août 2017
Auteur
: Jacques Richard
Blog :
Sur Frédéric Chopin Questions historiques et biographiques
Page : 119 Les Mémoires de Frédéric Skarbek : le chapitre 2 (extraits)
Lien : http://surfredericchopin.blogspot.fr/2013/10/memoires-skarbek-extraits-chapitre-2.html
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