dimanche 21 mai 2017

302. La famille Wolowski 2 : selon Théodore Jeske-Choinski (suite)

Quelques informations sur la famille Wolowski : les membres notables de la famille, selon un livre de Théodore Jeske-Choinski (traduction et analyse de l’extrait)


Classement : histoire de la Pologne ; Juifs convertis ; famille Wolowski




Troisième partie : La nationalité de Frédéric Chopin, notamment :



Ceci est la suite des pages
dans laquelle je présente l’auteur et l’ouvrage référencé ci-dessous et donne le texte original (en polonais) consacré à la famille Wolowski.
Je poursuis ci-dessous avec la traduction de ce texte et l’analyse des données.

Sommaire de la page
La famille Wolowski
Traduction
Analyse

La famille Wolowski
Cette famille polonaise est en partie devenue française à l’occasion de la Grande Emigration, à laquelle ont participé François Wolowski (1776-1844), juriste, et son fils Louis (1810-1876), naturalisé français en 1834. Un autre membre illustre de cette famille est la musicienne Marie Szymanowska née Wolowska (1789-1831).
Il s’agit d’une famille anciennement juive de la ville de Rohatyn, issue d’Elisha Shor (mort en 1757), dont les enfants se sont convertis au christianisme au milieu du XVIIIème siècle dans le cadre d'un mouvement religieux messianique créé par Jacob Frank (1726-1791).
Ce mouvement est évoqué plus en détail sur la page La famille Wolowski 2 : selon Pawel Maciejko (présentation de l’ouvrage).

Référence de l’ouvrage
*Teodor Jeske-Choiński, Neofici polscy: materyałly historyczne [Les Néophytes polonais (=Les Frankistes), matériaux historiques, Varsovie, Imprimerie Laskauer (Druk Piotra Laskauera), 1904 (version numérisée, non corrigée : lien)

Extrait (traduction)
Je traduis ici les pages 99 à 102 du livre. J'indique en gras les personnages cités. 

« [Page 99]
Les Wolowski.
Cette illustre famille frankiste vient de Rohatyn* et de Satanow*. Son fondateur est le vieux Lucas François Wolowski (Salomon ben Eliasz, dit Shloma de Rohatyn), qui, un des premiers, se rallia au frankisme, en même temps que ses fils : François, Joseph, André et Lucas François. Dominique Krysinski et lui étaient les plus capables de toute la « société » [les Frankistes], tous deux s’exprimaient au nom des anti-talmudistes, les représentaient auprès des autorités, menaient le combat polémique. Krysinski, établi à Varsovie, continua de servir Frank seulement indirectement, en lui fournissant de l’argent. Wolowski, accompagné de ses fils, vint auprès du maître à Czenstochowa*, puis à Brno et à Offenbach, où il servit aussi sa fille. Il atteignit un âge très avancé.

En plus du vieux Shloma de Rohatyn et de ses fils, reçurent le baptême à Lwow : Joseph, Jean, Félix, Michel, Louis, Henri, Thomas Wolowski, ainsi que leurs femmes et leurs enfants et Jean Kanty Raphaël Wolowski de Satanow, fils de Henri Selwichowicz et de Soura [?].

Les Wolowski furent une famille frankiste des plus prolifiques. Au début du XIXème siècle, ils comptaient quelques dizaines de chefs de famille. Et ils étaient les plus capables de toute la « société ». Un grand nombre d’hommes actifs dans différents domaines est sorti de leur sang. Même les femmes de cette famille [Page 100] talentueuse se distinguaient par de peu communes capacités et vertus citoyennes. Toutes les maisons frankistes, dans lesquelles une Wolowska est entrée comme épouse et mère, ont fourni des gens capables.

François Wolowski, député à la Diète pour la ville de Plock* en 1818.

Jean Kanty Wolowski (1803-1864), juriste actif. D’abord avocat, puis procureur du Sénat, membre de la commission établie en vue de la révision du projet de code civil pour le royaume de Pologne, en 1861 directeur principal de la justice, en 1862 professeur de droit et doyen de la faculté juridique de l’ex-Ecole principale de Varsovie, rédacteur de la « Bibliothèque de Varsovie », auteur d’un ouvrage scientifique intituléTraité du code civil, publié en 1865, après sa mort. C’était un homme d’un grand savoir et de vertus citoyennes élevées, d’une nature si haute et désintéressée, qu’il donnait (gratuitement) son enseignement aux étudiants pauvres.

Bronislaw Wolowski, frère cadet de Jean Kanty, journaliste, lettré, auteur d’un ouvrage en français intitulé Dombrowski et Versailles, d’un ouvrage en polonais intitulé Du souvenir de l’émigration (1873), fut pendant un certain temps à Vienne, rédacteur du périodique Messager de Vienne* consacré aux causes ????.

Louis François Michel Raymond Wolowski (1810-1876), économiste réputé, fils de François le député de Plock à la diète (1810-1876), en 1831 capitaine d’artillerie et vice-référendaire du Conseil d’Etat. Envoyé à Paris comme secrétaire de la légation, a [depuis lors] habité en France à demeure. En 1834, avec Faucher*, il a commencé de faire paraître à Paris le périodique Intitulé [Page 101] Revue de législation et de jurisprudence. En 1839 le gouvernement français le nomma professeur de droit à l’Ecole des Arts et Métiers, en 1848 il fut élu de Paris à l’Assemblée constituante. Il fut aussi créateur du Crédit foncier de France. En 1875, il entra au Sénat français et fut président de la société centrale agricole pour la France*.
Il a écrit toute une série de traités d’économie en langue française.

Michel Casimir Wolowski (1851-1900), fils de Thomas et de Josépha née Maleszewska, lettré, romancier, dramaturge et directeur de théâtre à Lodz. Il a écrit des romans et récits : Les Sauvages, Chez soi à l’étranger, En route pour le pain, Le Petit Tsigane, Il était juif, Piekielko*, Les Enfants de Varsovie, Le Dernier Coup de tonnerre. Des drames et des comédies : Le Diable de Venise, Des gens géniaux, ????, Cela ne convient pas, Le Fou et le joueur de luth, Alcibiade, etc. Il fut le fondateur de l’hebdomadaire La Voix. En 1888, il épousa Marie, fille de Napoléon Dobiecki et de Pauline Beldowska.

Marie Wolowska épouse Szymanowska (morte en 1832), pianiste réputée.

Adam Wolowski (mort en 1865), directeur de la Monnaie de Varsovie.

Adam Wolowski, marié avec Barbara Maryewska, banquier, collaborateur du banquier Salvien Jakubowski, il eut trois fils : Ladislas, Stanislas, François et une fille : Félicie, qui épousa en 1850 le comte Bronislaw Lasocki (président du conseil de surveillance de la Banque du Commerce et de l’Industrie à Cracovie, propriétaire foncier).

Les enfants de Ladislas, fils d’Adam, et de Josépha née Szymanowska
1) Adam, propriétaire foncier, propriétaire [Page 102] d’Orszewice dans le district de Lenczyca, marié 1° avec Marie Koziello-Poklewska, 2° avec la princesse Stéphanie Woroniecka.
2) Ladislas, propriétaire de Wilczogora dans le district de Grojec, marié avec Krzywoszewska.
3) Léon, ancien associé du banquier Rawicz, marié avec Joanna Wolff, fille d’un libraire de Saint-Pétersbourg.
4) Laure Léone Grabowska
5) Josépha Wieloglowska de Ruda Maleniecka

La fille de Stanislas (second fils d’Adam), marié à une demoiselle Rawicz*, Edwige, épousa le comte Antoine Potulicki.

Stanislas Wolowski, propriétaire du domaine de Kaski, avocat, juge de grande instance du royaume de Pologne, député à la diète, anobli en 1823 dans le clan Czerwony (« Na Kaskach »).

Jean et Théodore Wolowski, anoblis en 1839 dans le clan Bawol avec la devise : Honore Dieu et sers ton roi.

Albert Wolowski fut avocat à Varsovie. Son fils ????, Joseph (mort en 1899), avocat à Lublin, marié 1° avec une demoiselle Gerlicz, 2° avec une Bleszczynska

Edwige Wolowska, fille de Félix, épouse de ???? Jasienski. Elle eut un fils, Félix Jasienski, critique d’art contemporain, auteur d’un ouvrage en français intitulé Manggha*, protecteur de la peinture japonaise. »

Notes
*Rohatyn : village de Podolie
*Satanow : village de Podolie
*Czenstochowa : ville de Pologne
*Plock : ville de Pologne
*Messager de Vienne : périodique publié à partir de 1876 (lien)
*la légation : la représentation du gouvernement polonais insurgé, en 1830-1831
*Faucher : Léon Faucher (1803-1854), gendre de François Wolowski en 1837
*Revue de législation et de jurisprudence. : créée en 1834 (lien), devient Revue critique de législation et de jurisprudence en 1854 (lien)
*la société centrale agricole pour la France : il s’agit sans doute de la Société agricole (1858-1861) (lien)
*Piekielko : sans doute le nom d’un village situé au sud de Varsovie, non loin de Grojec
*une demoiselle Rawicz : en polonais, Rawiczówną (« fille de Rawicz, Mlle Rawicz »)
*Manggha : le titre complet de l’ouvrage est Manggha: promenades à travers le monde, l'art et les idées (Paris, Vieweg et Varsovie, Fiszer, 1901) ; l’auteur a aussi utilisé le mot Manggha comme pseudonyme

Analyse
1) Théodore Jeske-Choinski semble confondre Salomon/Lucas François Wolowski et son père Elisha (qu’il nomme ici Eliasz, en polonais) ; l’ancêtre fondateur, selon lui, n’est pas Elisha, mais Salomon.
2) Il attribue à celui-ci un séjour à Brno et Offenbach auprès de Jacob Frank ; le séjour à Offenbach est attesté (voir page La famille Wolowski 2 : selon Pawel Maciejko 2), pas celui à Brno.
3) il attribue à Salomon 4 fils :
*François
*Joseph,
*André
*Lucas François.
4) il évoque d’autres membres de la famille Wolowski (Joseph, Jean, Félix, Michel, Louis, Henri, Thomas Wolowski) parmi lesquels on retrouve des prénoms connus (voir pages précédentes) : Jean, Michel, Henri ; en revanche, à ce niveau, Félix, Louis et Thomas sont inédits, ainsi que Jean Kanty Raphaël.
5) en ce qui concerne ce dernier, il est le fils de « Henri Selwichowicz » (à venir)
6) en ce qui concerne François Wolowski, son rôle comme député en 1818 est à vérifier.
7) en ce qui concerne Adam Wolowski, il est probable qu’il n’y en a qu’un seul, malgré les apparences.
8) en ce qui concerne Stanislas Wolowski, il lui attribue des caractéristiques dévolues par ailleurs à François Wolowski (anoblissement en 1823, propriété de Kaski)
9) dans l'ensemble, le texte de Théodore Jeske-Choinski est un peu confus et nécessite un certain nombre de vérifications.

A suivre



Création : 21 mai 2017
Mise à jour : 23 mai 2017 (analyse)
Révision : 4 juillet 2017
Auteur : Jacques Richard
Blog : Sur Frédéric Chopin Questions historiques et biographiques
Page : 302 La famille Wolowski 2 : selon Théodore Jeske-Choinski (suite)
Lien : http://surfredericchopin.blogspot.fr/2017/05/jeske-choinski-suite.html








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