Quelques
informations fournies par Adam Zamoyski à propos de l’affaire de la
correspondance entre Chopin et Delphine Potocka
Classement :
Bibliographie
Table des Matières : vue d’ensemble
Première partie :Aperçus historiques (Pologne et relations franco-polonaises)
Deuxième partie : Frédéric Chopin, questions biographiques
Troisième partie : La nationalité de Frédéric Chopin, notamment :
Le statut de Frédéric Chopin quant à la nationalité
Le statut de Nicolas Chopin quant à la nationalité
Index des personnes citées dans le blog
Ceci est une suite de la page Adam Zamoyski biographe de Chopin (1979) , dans laquelle je présente cet auteur et son ouvrage et un complément à la page Les lettres de Chopin à Delphine Potocka, dans laquelle je donne des extraits des livres de Camille Bourniquel et de Marie-Paule Rambeau relatifs à cette affaire.
Dans son livre sur Chopin, Adam Zamoyski y consacre plusieurs pages (Annexe B, pages 304-309), étudiant le problème de façon plus approfondie.
Je résume ici ces pages.
Résumé du texte de Zamoyski
1) Il remarque qu’« aucun des premiers biographes de Chopin n’[a] glissé la moindre allusion sur une liaison possible entre Delphine Potocka » et qu'on n’en trouve pas trace dans les correspondances de gens qui connaissaient Chopin (Balzac, Dumas, Marie d’Agoult).
2)
A la fin du XIXème siècle, « certains de ses biographes se mirent à
vouloir combler le vide sentimental de sa vie. On « découvrit » une
amourette d’adolescence avec une jeune fille tchèque pour mettre du piquant à
l’épisode de Bad Reinerz, puis un des célèbres cancaniers de l’histoire
polonaise, Ferdinand Hoesick, choisit Delphine Potocka pour donner du sel aux
premières années de Chopin à Paris. ». Hoesick aurait laissé entendre
« qu’il avait connaissance de lettres écrites par le compositeur à la
comtesse » ; « d’autres prirent la relève, et une tradition
s’établit bientôt. »
3)
« En 1939, une certaine Pauline Czernicka informa Radio Wilno qu’elle
possédait plusieurs lettres inédites de Chopin à Delphine Potocka avec
lesquelles on pouvait faire une émission », qui n’eut pas lieu à cause de
la guerre.
4)
« en 1945 […] cette même dame, […] fit la même proposition à Radio Poznan
et publia sur les ondes des extraits des lettres qu’elle attribuait à Chopin,
ce qui provoqua un intérêt passionné […]. Cet enthousiasme devint mitigé
lorsque parurent d’autres extraits contenant des passages érotiques. Un débat
s’amorça pour savoir si Chopin avait pu écrire ce genre de chose ou non et, à
la fin si oui ou non il avait eu une liaison avec Delphine Potocka. »
5)
« La Société Chopin, nouvellement fondée, demanda à Mme Czernicka de lui soumettre
les originaux afin de les vérifier avant publication. Pauline Czernicka signa
une convention s’engageant à fournir transcription et originaux. » Mais,
sous divers prétextes, elle ne les fournit pas. En fin de compte,
« Pauline Czernicka s’est suicidée en 1949. »
6)
« Ce n’est que bien plus tard que l’on découvrit ses papiers personnels et
que l’on put reconstituer les textes dont seulement des fragments avaient été
diffusés ou publiés. […] Un examen rapide de cette « correspondance »
qui compte deux lettres intégrales […]
et une centaine de fragments de longueur variable étonne sur deux points ceux
qui connaissent bien la correspondance de Chopin » :
*le
style fait un usage surabondant de formules qui se trouvent dans sa
correspondance, mais moins fréquemment ;
*l’abondance
de jugements d’ordre musical, alors que sa correspondance n’en contient pas.
7)
On y trouve aussi de « nombreuses fautes historiques ; la seule
lettre datée de Paris […] parle d’un
rendez-vous pour le soir même ; or nous savons que Delphine passa toute
cette année-là à Naples […]. Certains passages parlent des envois d’ouvrages de
Mickiewicz, de Witwicki et de Krasinski à Delphine, alors que Krasinski, à la
date de cette lettre, n’avait encore publié qu’un seul livre et [de manière anonyme].
8)
« Plusieurs autres passages sont sujets à caution comme ceux […] qui révèlent une association typiquement
freudienne de la libido et du processus créateur qui ne correspond ni à
l’atmosphère ni au substrat psychologique de la société d’alors. »
9)
« Enfin, l’examen linguistique de ces textes est décisif […]; des
expressions familières et des formules
[…] propres à la Galicie et à la Volhynie […] sont très éloignées de
celles de Varsovie et de Mazovie qu’utilisait Chopin ; une avalanche de
termes comme « art », « processus créateur », « œuvre
d’art » ou encore « inspiration » sont totalement absents de la
correspondance de Chopin […] »
10)
« Un ou deux fanatiques de Chopin soutiennent toujours la cause de
l’authenticité et saisirent l’occasion qui s’offrit à eux en 1964. Quelques
photocopies prétendues des originaux apparurent mystérieusement parmi les
papiers du compositeur décédé Szelegowski. Elles échouèrent chez le beau –frère
de celui-ci, […] qui pour des raisons obscures, ne les publia qu’en 1973, dans Music and Musicians. […] Si on ignore toujours
[…] qui a fabriqué ces photocopies,
celles-ci n’en restent pas moins sans fondement Toutes ces lettres sont bien
des faux, et la solution de compromis, qui voudrait que certaines lettres
seraient authentiques et que Pauline Czernicka en aurait ajouté d’autres en
brodant, ne saurait être retenue par quiconque prétend écrire l’histoire. Seule
la découverte des lettres originales pourrait modifier la conviction qu’il ne s’agit
là que dune monumentale et sordide supercherie. »
Commentaires
A venir
Commentaires
A venir
Mise à jour :
Révision :
Auteur : Jacques Richard
Blog : Sur Frédéric Chopin Questions historiques et biographiques
Page : 315. Adam Zamoyski et les lettres de Chopin à Delphine Potocka
Lien : http://surfredericchopin.blogspot.fr/2018/01/adam-zamoyski-et-les-lettres-de-chopin.html
Voilà des historiens bien attachés à démontrer une thèse...
RépondreSupprimerOn ne peut être historien et avoir un préjugé, dans un sens ou dans l'autre...
Chopin en tous cas dès son plus jeune âge n'hésitait pas à user de métaphores scatologiques scabreuses...
Evidemment les polonais préfèrent un artiste impuissant malade et caractériel, qu'un bon vivant amoureux et viril...
Mais ils se trompent sur deux choses : Chopin n'était pas polonais, si ce n'est par nostalgie... Son fameux Zahl bien compréhensible du reste, mais alors qu'il eut pu retrouner en Pologne, cet homme qui n'hésita pas à accompagner en Ecosse une jolie fille qui lui fit sans doute grâce de ses charmes, n'exprima jamais même l'intention de passer une seule journée en Pologne.
No comment...
Supprimer