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jeudi 19 avril 2018

325. Adam Zamoyski 4 Frédéric Chopin

Quelques informations sur Adam Zamoyski et sur son livre consacré à Chopin : biographie de Frédéric Chopin


Classement : biographies ; Frédéric Chopin


Accueil

Bibliographie

Table des Matières : vue d’ensemble
Première partie :Aperçus historiques (Pologne et relations franco-polonaises)
Deuxième partie :Frédéric Chopin, questions biographiques
Troisième partie :La nationalité de Frédéric Chopin, notamment :
Le statut de Frédéric Chopin quant à la nationalité
Le statut de Nicolas Chopin quant à la nationalité

Index des personnes citées dans le blog


Ceci est une suite de la page Adam Zamoyski biographe de Chopin (1979) dans laquelle je présente l’auteur et son livre.
J’étudie ci-dessous des passages concernant la biographie de Frédéric Chopin.

Référence
*Adam Zamoyski, Chopin, Librairie Académique Perrin, 1986

Texte
Chapitre 1 Enfance
Pages 9-10
« […] Chopin était de nature secrète et ne laissa ni femme ni enfant qui auraient pu nous renseigner sur sa vie intime.
La plus grande partie de ses écrits fut détruite ou dispersée par plusieurs guerres et à la suite d’une vendetta personnelle. Aussi les biographes n’eurent-ils à leur disposition, […], qu’un ramassis de faits épars, de réminiscences et d’anecdotes. Il n’est pas surprenant que la spéculation et, dans certains cas, la plus pure fantaisie aient servi à combler les lacunes ; ce qui est particulièrement évident dans les divers récits concernant ses origines et sa naissance où le nationalisme se porte à la rescousse de l’ignorance. Polonais, Français, Allemands et même la minorité juive de Pologne se le disputaient comme le fruit de leurs cultures respectives*.
Ce ne fut que près d’un siècle après la mort du compositeur qu’un homme eut l’idée de consulter les registres paroissiaux* ; ce fut pour découvrir que Nicolas  Chopin n’était autre que le fils d’un paysan français relativement aisé. »
Notes
*Polonais, Français, Allemands et même la minorité juive de Pologne se le disputaient comme le fruit de leurs cultures respectives : pas de renseignements concernant une revendication allemande ou juive sur Frédéric Chopin
*un homme eut l’idée de consulter les registres paroissiaux : en fait, la découverte du dossier professionnel de Nicolas  Chopin (lien) en 1925 permet de préciser son lieu de naissance, qui est ensuite confirmé par la consultation des registres paroissiaux (lien)

Page 18
[…]
En 1817, la première œuvre imprimée de Frédéric Chopin fut publiée. Cette édition […] est due à un ami de la famille, le chanoine Cybulski* de l’église Sainte-Marthe. Elle est intitulée « Polonaise en sol mineur, dédiée à Son Excellence la Comtesse Victoire Skarbek*, composée par Frédéric Chopin, un musicien de huit ans ». Il est probable que le comte Frédéric Skarbek, son parrain*, rentré à Varsovie pour prendre un poste à l’Université, après avoir terminé ses études à l’étranger*, ait contribué à payer cette publication, ce qui expliquerait la dédicace à sa sœur. Skarbek écrivit un long article sur Chopin, publié en janvier 1818 dans le Quotidien de Varsovie, où il taxait le jeune compositeur de « véritable génie musical qui non seulement joue le œuvres pour piano les plus difficiles avec une grande aisance et un goût parfait, mais est aussi l’auteur de plusieurs danses et variations qui ne cessent de stupéfier les connaisseurs ». Chopin était déjà célèbre dans les milieux académiques que fréquentait sa famille, dès 1816, mais le retour à Varsovie du comte Skarbek, avide de le rendre célèbre, le propulsa sur une plus vaste scène. Cette démarche ne relevait pas d’un protectionnisme un peu hautain. La noblesse, ayant été nivelée à la suite d’une succession de désastres nationaux, et la Pologne n’ayant jamais connu de bourgeoisie, tout cela faisait qu’un jeune homme, dont le père était français et la mère de noblesse polonaise, ne rencontrait pas de barrières sociales. La naissance, l’éducation, l’argent, certes, jouaient toujours un rôle important, mais en regard du nationalisme accompagné de libéralisme qui, durant cette période, imprégnait la société polonaise, ces considérations comptaient beaucoup moins qu’en France ou qu’en Angleterre*. Peu nombreuse, cette société était très solidaire, et il n’est pas étonnant que, dès ses premières apparitions publiques, Chopin ait été connu de tout Varsovie. L’on peut à peu près, circonscrire le genre de milieu dans lequel il évoluait. La première mention notable de ses apparitions hors du cercle familial figure dans l’agenda d’une jeune femme invitée à une soirée chez la comtesse
Notes
*chanoine Cybulski : ???
*Victoire Skarbek (Wiktoria, 1791-1828), est la fille d’Eugène Skarbek (Eugeniusz, 1761-1842), oncle de Frédéric Skarbek ; elle est donc sa cousine, pas sa soeur ; Victoria et sa soeur Isabelle (Izabela, ca 1790-ca 1811) sont accueillies à Zelazowa Wola vers 1808, suite à la rupture entre Eugène et son épouse. Elles sont donc présentes au moment de la naissance de Chopin.
*Frédéric Skarbek (Fryderyk Skarbek, 1792-1866) voir la page Frédéric Skarbek  
*son parrain : pas officiellement (lien)
*rentré à Varsovie pour prendre un poste à l’Université, après avoir terminé ses études à l’étranger : après son baccalauréat, Frédéric Skarbek étudie en France pendant quelques mois, et rentre dans le duché de Varsovie où il occupe un poste dans l’administration ; ce n’est que quelques années plus tard qu’il commence à enseigner à l’université de Varsovie
*La noblesse, ayant été nivelée à la suite d’une succession de désastres nationaux, et la Pologne n’ayant jamais connu de bourgeoisie, tout cela faisait qu’un jeune homme, dont le père était français et la mère de noblesse polonaise, ne rencontrait pas de barrières sociales. La naissance, l’éducation, l’argent, certes, jouaient toujours un rôle important, mais en regard du nationalisme accompagné de libéralisme qui, durant cette période, imprégnait la société polonaise, ces considérations comptaient beaucoup moins qu’en France ou qu’en Angleterre : notation intéressante, mais la cause indiquée ne me paraît pas exacte ; le fait essentiel est que la noblesse polonaise (szlachta) était très nombreuse (10 % de la population) de sorte que nombre de nobles pas suffisamment riches exerçaient des professions de second rang, telles que le professorat

Page 19
Grabowska*, où « le jeune Chopin joua du piano. Un enfant de huit ans que les connaisseurs déclarent être le successeur de Mozart ».La comtesse Grabowska, amie des Skarbek, était l’épouse de l’un des recteurs de l’Université de Varsovie qui devait devenir plus tard directeur de la Commission gouvernementale de l’Education*.
Ce dernier appartenait à l’une des familles qui formaient le parti patriotique conservateur, comme les Mostowski, les Krasinski, les Plater, certaines branches des Potocki, les Zamoyski et, la plus prestigieuse, les Czartoryski.
Ces familles étaient conservatrices. Elles admettaient la situation créée par le Congrès de Vienne, en 1815 – un royaume de Pologne ayant pour roi le tsar de Russie –, et essayaient d’agir dans les limites de l’autonomie permise. Il  est important de mentionner un tel milieu, car Chopin y fut lié dès son plus jeune âge et continua de l’être à Paris. Ce n’est pas un hasard si l’un des membres de la famille Czartoryski* était présent à son lit de mort.
Le salon le plus animé et le plus brillant de Varsovie était sans conteste celui du palais Bleu*. Résidence du comte Stanislas Zamoyski*, il était aussi habité par le prince Adam Czartoryski* dont l’amitié du tsar Alexandre, la brillante carrière diplomatique et la situation de chef de la famille peut-être la plus riche et la plus influente du royaume faisaient de lui un personnage clé, une figure de proue de la politique et de la société polonaises. Le palais Bleu était le lieu de rencontre des grandes personnalités politique du passé, de ceux qui gouvernaient le royaume, aussi bien que des jeunes membres de l’aristocratie polonaise.
La comtesse Zamoyska* et sa sœur, la princesse Marie de Wurtemberg*, organisaient régulièrement des réceptions et des thés dansants destinés à inculquer aux enfants entre huit et douze ans les bonnes manières et les valeurs patriotiques.
Il semblerait que Chopin eût été un familier de ces réunions.
La comtesse avait également fondé la Société de bienfaisance de Varsovie*, et elle ne mit pas longtemps à comprendre le potentiel financier que représentait Chopin. Un habitué du palais Bleu, Julien Niemcewicz*, poète et Nestor
Notes
*comtesse Grabowska : Cécile Grabowska née Dembowska (Cecylia Grabowska z Dembowskich, 1787-1821), première épouse de Stanislas Grabowski (note suivante)
*l’un des recteurs de l’Université de Varsovie qui devait devenir plus tard directeur de la Commission gouvernementale de l’Education : Stanislas Grabowski (Stanisław Grabowski, 1780-1845), président de la Commission de l’Education nationale du royaume de Pologne de 1820 à 1830
*parti patriotique conservateur :
*la situation créée par le Congrès de Vienne :
*l’un des membres de la famille Czartoryski : *Marcelina Czartoryska née Radziwill (Marcelina Czartoryska z Radziwiłłów, 1817-1894), fille de Michel Radziwill (Michał Radziwiłł, 1791–1846), épouse d’Alexandre Czartoryski (Aleksander Czartoryski, 1818-1886), neveu d’Adam ; élève de Chopin à Paris ; pianiste assez renommée à l’époque ; présente dans les dernières semaines de la vie de Chopin
*palais Bleu (Pałac Błękitny w Warszawie ou Pałac Zamoyskich), 37, rue Senatorska ; édifice datant de la fin du XVIIème siècle, acheté par la famille Zamoyski en 1811
*Stanislas Zamoyski : Stanislas Kostka Zamoyski (Stanisław Kostka Zamoyski, 1775-1856), président du Sénat du royaume de Pologne à partir de 1822
*Adam Czartoryski (Adam Jerzy Czartoryski, 1770-1861). Voir la page Notices biographiques  
*comtesse Zamoyska : Sophie Zamoyska, née Czartoryska (Zofia Zamoyska z Czartoryskich, 1778-1837), fille d’Adam Casimir Czartoryski (1734-1823) ; sœur d’Adam ; épouse de Stanislas Kostka (à partir de 1798)
*la princesse Marie de Wurtemberg, née Czartoryska (1768-1854), fille d'Adam Casimir Czartoryski (1734-1823) ; sœur d’Adam ; épouse de Louis Frédéric de Wurtemberg (1756-1817) de 1784 à leur divorce en 1793 ; conserve par la suite l’appellation « princesse de Wurtemberg »
*Société de bienfaisance de Varsovie (Warszawskie Towarzystwo Dobroczynności), fondée en 1814 à l'initiative de Sophie Zamoyska ; membres notables : Julien Niemcewicz, Stanislas Staszic, Jean Paul Woronicz ; installée au palais Kazanowski à partir de 1818
*Julien Niemcewicz : Julien-Ursin Niemcewicz (Julian Ursyn Niemcewicz h. Rawicz, 1757-1841)

Page 20
de la littérature polonaise, a décrit l’une de ces réunions dans une pièce en un acte :
« La comtesse : Voyez comme nous sommes pauvres ! Tous nos efforts ne mènent à rien. Nous implorons haut et bas mais personne ne nous entend, ou plutôt n’entend la voix des pauvres. Il n’y a rien à faire que de continuer d’avoir nos méthodes habituelles, mais quelque peu modifiées. Je me flatte d’avoir, avec M. Lubienski*, perfectionné nos techniques. Nous allons donner mardi prochain un concert où le petit Chopin va jouer ; si nous imprimions qu’il n’a que trois ans, chacun voudra se ruer pour voir le prodige. Imaginez combien d’entrées et combien d’argent nous récolterions !
Tous : Bravo ! Bravo ! Quelle merveilleuse idée, excellent ! Imprimons donc que Chopin n’a que trois ans.
Princesse Sapieha* : Je pense que ce serait plus sensationnel encore si nous imprimions que le petit Chopin sera porté sur scène par sa nounou.
Tous : Bravo ! Bravo ! Quelle idée fantastique, princesse ! » (11)

L’un de ces concerts, probablement le premier, eut lieu le 24 février 1818. Quoi qu’on ait pu dire par la  suite, la presse annonça que Frédéric avait neuf ans, le vieillissant toujours d’un an. Le concert fut donné dans la salle de bal de l’ancien palais Radziwill, devenu bâtiment public, que l’on utilisait en ce genre de circonstances. Ce fut un grand succès. Chopin interpréta un concerto pour piano du compositeur tchèque Gyrowetz. C’était sans doute la première fois qu’il se produisait devant un auditoire aussi nombreux. Sa renommée se propagea dans toute la capitale, et peu de temps après on vit le plus somptueux (et le plus redouté) des attelages de Varsovie s’arrêter devant l’appartement des Chopin, au palais de Saxe, pour emmener l’enfant de huit ans au Belvédère.
Le Belvédère* était la résidence du grand-duc Constantin Pavlovitch*, frère du tsar Alexandre et son représentant dans le royaume de Pologne. Cet ogre schizophrène était craint et même détesté dans tout le pays pour cet amour mêlé de haine qu’il portait à la Pologne entière.
Notes
*M. Lubienski : Félix Lubienski (Feliks Łubieński, 1758-1848), juriste ; ministre de la Justice du duché de Varsovie ; dignitaire du royaume de Pologne
*Princesse Sapieha : peut-être Anne Sapieha épouse Czartoryska (Anna Czartoryska, 1799-1864), épouse d’Adam Czartoryski ; ou sa mère Anne Edwige Zamoyska épouse Sapieha (Anna Jadwiga, 1772-1859)
*le Belvédère : palais du Belvédère (pałac Belwederski w Warszawie), actuelle résidence du président de la République polonaise
*le grand-duc Constantin Pavlovitch (1779-1831) : second fils du tsar Paul 1er ; renonce au trône après la mort d’Alexandre 1er (1825), laissant la place à son frère Nicolas ; commandant de l’armée du royaume de Pologne de 1815 à 1830 (« chef de l’armée du royaume de Pologne » de 1815 à 1830, il n’est pas « vice-roi », charge confiée au général Zajonczek jusqu'à sa mort en 1826, non pourvue par la suite)

Page 21
Nicolas  Chopin n’était pas homme à laisser les sentiments entraver la carrière de son fils. C’était un grand honneur pour le petit garçon que d’être ainsi réclamé au Belvédère et une grande victoire d’apaiser avec sa musique les redoutables colères du grand-duc.
Ce dernier était un obsédé des parades militaires, et Chopin fit sa conquête en interprétant une marche de son cru. On raconte que, lorsque Frédéric commença de la jouer, le grand-duc se mit à arpenter de long en large le salon en battant la mesure et qu’elle l’enchanta à tel point qu’il la fit adapter pour fanfare militaire afin qu’elle fût jouée aux défilés (12).
Le plus surprenant était qu’on ne recherchait pas seulement Frédéric pour distraire le grand-duc et son épouse mais aussi pour jouer avec Paul, le fils illégitime et chéri du grand-duc*, et avec la fille de son tuteur [précepteur], Alexandrine de Moriolles*. De telles relations promettaient à Frédéric une carrière des plus brillantes, ce dont Nicolas  Chopin ne pouvait que se féliciter. Mais, en même temps, il prenait soin que le succès ne montât pas à la tête de son fils et que son talent ne fût pas exploité par autrui.
Comme la famille Chopin fréquentait aussi les milieux plus humbles – non pas en termes de classes sociales mais de mode de vivre et de penser –, cela facilitait les choses.
Chez Teresa Kicka* ou chez le général Sowinski*, héros unijambiste des guerres napoléoniennes, prévalait un esprit plus nationaliste et républicain, et l’on encourageait Chopin comme un nouveau génie « polonais ».
Il reçut ainsi une extraordinaire formation. Elevé dans l’atmosphère ouatée de sa famille, il fut introduit dans quelques-uns des plus prestigieux salons d’Europe, invité à jouer devant les plus grands personnages du pays, gâté par leurs femmes, tout en s’amusant avec leurs enfants sur un pied d’égalité.
Familiarisé dès son plus jeune âge avec la plus haute société, il acquit très tôt d’excellentes manières et une grande aisance dans ses rapports avec les grands de ce monde, tout en vivant dans l’univers beaucoup plus modeste de sa famille et de son entourage immédiat.
En 1817, le lycée déménagea du palais de Saxe pour
Notes
*Paul, le fils illégitime et chéri du grand-duc : Paul Constantinovitch Alexandrov (1808-1857)
*Alexandrine de Moriolles : petite-fille d’Alexandre de Moriolles (1760-1845), précepteur de Paul Constantinovitch
*Teresa Kicka (1790-1865), sœur d’Eve épouse Sulkowska (1786-1824), épouse du général Antoine Sulkowski (1785-1836)
*général Sowinski : Joseph Sowinski (Józef Longin Sowiński, 1777-1831), officier ; né à Varsovie ; élève officier ; participant à l’insurrection de Kosciuszko ; dans l’armée prussienne (1799-1811) ; dans l'armée du duché de Varsovie (1811-1815) ; du royaume de Pologne (1815-1830) ; participant à l'insurrection de 1830-1831 ; chef de la garnison de Varsovie en 1831 ; mort au combat le 6 septembre

Page 22
s’installer dans un endroit moins grandiose mais plus agréable, le palais Casimir*, bâtiment du XVII° siècle, fort bien restauré et flanqué d’un portique à colonnes et de deux ailes.
[…]
Les Chopin occupèrent […] un grand appartement où ils purent héberger jusqu'à six pensionnaires.
[…]
C’est à cette époque que Frédéric commença à se faire des amis, en dehors de sa famille. Il se lia étroitement avec Jean Bialoblocki, son aîné de cinq ans, et Titus Woyciechowski, de deux ans plus âgé. Tous deux bons pianistes, ils étaient pensionnaires de Nicolas.
Cette immersion dans des mondes si différents, combinée avec la discrète influence de son père, eut un effet profond sur le caractère de Chopin. Il se familiarisa précocement avec la vie sociale et devient capable d’évoluer dans tous les milieux sans en tirer de vanité.
[…]
Notes
*palais Casimir (Pałac Kazimierzowski w Warszawie), rue du Faubourg de Cracovie

Page 23
Il devait ce trait de caractère en grande partie à son père qui, décidé à ce que la musique et le prestige qu’elle lui conférait ne lui tournassent pas la tête, ne voyait dans les dons de son fils que de charmants agréments. C’est tout à l’honneur de Nicolas  Chopin, si l’on considère avec quelle brutalité les enfants prodiges étaient […] exploités par leurs parents. Cela dit, on l’exhibait chaque fois que l’occasion se présentait d’améliorer ses chances de réussite. Lorsqu’en 1818, l’impératrice Maria Fiodorovna*, mère du tsar Alexandre et du grand-duc Constantin, se rendit à Varsovie pour effectuer la tournée classique des collèges et institutions, elle visita la classe de Chopin au lycée. Celui-ci, qui n’avait que huit ans, lui joua deux de ses polonaises. Un an après, lorsque la célèbre cantatrice Angelica Catalani* vint à Varsovie donner quelques concerts, le petit garçon fut à nouveau exhibé, et il impressionna tant la Catalani qu’elle lui offrit une montre en or gravée.
Il était hors de question que l’enfant jouât pour de l’argent ou participât à des concerts publics, les concerts de charité exceptés. Il se produisait alors en compagnie de musiciens amateurs de l’aristocratie ou d’autres enfants. Nicolas  Chopin veillait bien à ce que son fils ne fût pas considéré comme un musicien professionnel. La profession de musicien était pour lui à peine plus respectable que celle de comédien. Ayant réussi par lui-même à d’élever dans la hiérarchie sociale, il n’envisageait pas pour son fils une carrière autre que celle de gentilhomme.
Tout en garantissant à Chopin un certain standing social, cette conception des choses lui donné par la suite une légère aura d’amateurisme qui, dans quelques milieux, lui assura une réputation exceptionnelle et, dans d’autres, un dédain immérité. Même lorsqu’il devint plus tard un professionnel, on trouvait difficile de le traiter comme tel. »
Notes
*Maria Fiodorovna : Sophie de Wurtemberg-Montbéliard (1759-1828), princesse allemande, rebaptisée Maria Fiodorovna, épouse du tsarévitch Paul en 1776, mère d’Alexandre 1er, de Nicolas 1er et du grand-duc Constantin.
*Angelica Catalani (1779-1849), cantatrice italienne, née à Senigallia près d'Ancône

Autres pages sur le livre d’Adam Zamoyski



Création : 19 avril 2018
Mise à jour : 22 avril 2018 (notes)
Révision :
Auteur : Jacques Richard
Blog : Sur Frédéric Chopin Questions historiques et biographiques
Page : 325. Adam Zamoyski 4 Frédéric Chopin
Lien : http://surfredericchopin.blogspot.fr/2018/04/adam-zamoyski-4-biographie-de-frederic.html







mardi 30 janvier 2018

319. Adam Zamoyski 3 Biographie de Nicolas Chopin

Quelques informations sur Adam Zamoyski et sur son livre consacré à Chopin : biographie de Nicolas Chopin


Classement : biographies ; Nicolas Chopin


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Table des Matières : vue d’ensemble
Première partie :Aperçus historiques (Pologne et relations franco-polonaises)
Deuxième partie :Frédéric Chopin, questions biographiques
Troisième partie :La nationalité de Frédéric Chopin, notamment :
Le statut de Frédéric Chopin quant à la nationalité
Le statut de Nicolas Chopin quant à la nationalité

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Ceci est une suite de la page Adam Zamoyski biographe de Chopin (1979) dans laquelle je présente l’auteur et son livre.
J’étudie ci-dessous les passages concernant Nicolas Chopin dans le chapitre 1 « Enfance ».
A ce sujet, voir les pages :

Référence
*Adam Zamoyski, Chopin, Librairie Académique Perrin, 1986, pages 10 à 13

Texte
« Nicolas Chopin naquit le 15 avril 1771, dans une famille de viticulteurs et de charrons, au village de Marainville, dans le département des Vosges.
Consciencieux et d’une intelligence vive, il se débrouilla pour apprendre à lire et à écrire*, ce qui le fit remarquer par Adam Weydlich*, administrateur polonais des domaines de Marainville, dont le château appartenait à un autre Polonais, le comte Pac.
Lorsqu’en 1787 celui-ci décida de regagner sa patrie, il emmena avec lui* l’adolescent de seize ans et lui confia, par la suite, un emploi dans sa manufacture de tabac de Varsovie*.
Nicolas Chopin passa les quelques années qui suivirent à travailler comme clerc, ou comptable, et son avenir lui paraissait à ce point prometteur qu’il ne chercha pas à profiter de l’occasion qu’il eut, trois ans plus tard, de rentrer en France.
Le comte Pac, pour lequel Weydlich travaillait toujours*, avait besoin de régler certaines affaires à Strasbourg. Nicolas avait été pressenti pour cette tâche.
Mais la Révolution française avait éclaté. Il craignait d’être enrôlé dans l’armée française s’il retournait // dans son pays*. Il préféra faire carrière à Varsovie, ville à laquelle il se sentait déjà très attaché (1).
Le climat général d’une nation en plein déclin économique et politique, mais qui connaissait en même temps une renaissance sociale et culturelle profonde, devait séduire ce jeune étranger qui souhaitait affermir sa position dans le monde.
Le déclin de la Pologne s’acheva alors que Nicolas Chopin ne s’y trouvait que depuis cinq ans, quand, en 1792, les Etats limitrophes de Russie, de Prusse et d’Autriche occupèrent et se partagèrent la plus grande partie de son territoire*.
L’entreprise de Weydlich dut fermer, et Nicolas, ayant peu d’espoir de trouver un emploi à Varsovie, songea à rentrer en France. Avant qu’il pût mettre son projet à exécution, il tomba malade. Le temps de se rétablir, un soulèvement général* avait eu lieu en Pologne* (1794). Nicolas Chopin s’engagea dans la Garde nationale de Varsovie où il obtint le grade de lieutenant.
L’année suivante, les Polonais furent vaincus par les puissances coalisées de la Russie et de la Prusse ; Nicolas, blessé, se trouva de nouveau sans emploi.
C’est alors qu’une chance inespérée s’offrit à lui. Cette même année, il fut engagé par une riche famille, les Laczynski, qui habitait la campagne, à l’ouest de Varsovie, comme précepteur de leurs enfants.
C’était une aubaine pour Nicolas Chopin de trouver un tel poste, car les pays d’Europe de l’Est et d’Europe centrale étaient envahis de réfugiés français fuyant la Révolution qui survivaient en occupant ce genre d’emploi. Les hobereaux polonais se plaisaient à accueillir sous leur toit tel vicomte ou tel abbé qui arpentaient leur demeure en racontant des histoires sur la vie à Versailles, tout en vidant leur cave.
Le fait que Nicolas ait pu briser ce monopole montre quel raffinement d’éducation et de manières il avait acquis, depuis sept ans qu’il avait quitté la maison paternelle. Qui plus est, cette nouvelle situation lui conférait un certain cachet de respectabilité.
Il passa six années chez les Laczynski. Parmi les enfants // auxquels il enseignait, il y avait la petite Marie*, celle-là même qui, après son mariage avec Anastase Walewski, devait devenir la maîtresse de Napoléon.
Les enfants ayant grandi, Nicolas assuma les mêmes fonctions chez un parent des Laczynski, le comte Skarbek, qui vivait non loin de là, dans son domaine de Zelazowa Wola.
Il y passa les quelques années suivantes à veiller à l’éducation des quatre enfants du comte et, en 1806, épousa Tekla Justyna Krzyzanowska, une parente pauvre des Skarbek qui assumait chez eux les fonctions d’intendante.
Le couple eut, l’année d’après, une fille, Louise, et se transporta dans l’une des maisons au toit couvert de chaume attenantes au manoir, où il occupa deux pièces.
C’est dans l’une de ces pièces blanchies à la chaux avec son sol de terre battue que naquit, en 1810, leur fils, baptisé Frédéric François, […].
[…] Quoiqu’on eût souvent associé le nom de Chopin au domaine de Zelazowa Wola, la famille, en fait, le quitta peu de temps après la naissance de Frédéric. Ruiné, le vieux comte Skarbek avait fui à Paris pour échapper à ses créanciers*. Il laissait sa femme veiller de son mieux à l’éducation de leurs quatre enfants. Mis à part le fait // que le benjamin avait atteint l’âge adulte et n’avait plus besoin d’un précepteur, la comtesse n’était plus en mesure d’assumer les frais d’entretien de Nicolas Chopin et de sa petite famille. Nicolas lui-même avait déjà songé à s’installer à Varsovie quelques temps avant la naissance de son fils.
La Pologne centrale* était alors presque entièrement libérée par les armées napoléoniennes et comprenait un nouvel Etat, le Grand Duché de Varsovie*, qui apparaissait comme un satellite de la France. La langue française devenait moins un luxe qu’une nécessité, ce qui convenait à Nicolas Chopin.
Il s’arrangea pour obtenir un poste de professeur de français au lycée de Varsovie et, un peu plus tard, dans une école militaire*. Ainsi, la petite famille quitta Zelazowa Wola pour la capitale, six mois après la naissance de Frédéric.
Le lycée de Varsovie était situé dans ce qu’on appelait le palais de Saxe*. […] Comme il n’y avait pas de logements prévus pour les élèves venus de la province, les professeurs qui le souhaitaient pouvaient occuper de grands appartements dans l’une des ailes du palais et augmenter leurs revenus en prenant des locataires.
Travailleur, économe, Nicolas Chopin profita de l’occasion et s’installa dans le palais de Saxe. Le mode de vie qu’il connut à Varsovie, […], lui convenait. Il avait, depuis quelque temps, décidé d’adopter la Pologne comme patrie et de s’intégrer dans la société polonaise*. Cela n’avait rien d’original : la plupart de ses collègues – du recteur Samuel Bogumil Linde* aux Kolberg*, Ciampi* et Vogel*, petits bourgeois d’origine étrangère – étaient devenus plus polonais que les Polonais eux-mêmes.
Depuis des siècles, la Pologne, peu chauvine, attirait à elle un grand nombre d’étrangers qui, jusqu’ici, avaient maintenu leurs traditions ethniques*. Après la chute de l’Ancien Régime et l’essor du nationalisme, la Pologne continuait d’attirer des étrangers qui se réclamaient de la Nation polonaise.
(1) Pour les documents se rapportant aux origines de Nicolas Chopin et sa venue en Pologne, voir la Correspondance de Frédéric Chopin par B. E. Sydow et S. et D. Chainaye, volume 1. »

Notes
*il se débrouilla pour apprendre à lire et à écrire : vision un peu « conte de fées » ; en fait, en Lorraine, l’alphabétisation (par l’école) était forte (voir la page L'enseignement en Lorraine vers 1780) 
*Adam Weydlich (1742-ca1815) : voir les pages 44) Adam Weydlich (1742-ca 1815) et Adam Weydlich : Biographie détaillée 
le comte Pac : Michel Jean Pac (1730-1787) ; voir la page Michał Jan Pac (1730-1787) 
*lorsqu’en 1787 celui-ci décida de regagner sa patrie, il emmena… : phrase peu claire ; « celui-ci » semble désigner Pac, « il » Weydlich, qui est aussi le référent de « sa manufacture » (plus, infra : « l’entreprise de Weydlich »)
*manufacture de tabac de Varsovie : voir la page La manufacture de tabac de Varsovie ; celle-ci n’appartenait pas à Adam Weydlich
*le comte Pac, pour lequel Weydlich travaillait toujours : l’auteur semble ignorer que Michel Pac est mort en 1787 (à Strasbourg)
*Il craignait d’être enrôlé dans l’armée française s’il retournait dans son pays : dans sa lettre de 1790, Nicolas Chopin écrit, entre autres, à ses parents : « je vous prie de m’informer si la milice n’est pas plus stricte qu’elle était car on nous dit que tous les jeunes garçons depuis l’âge de dix-huit ans sont tous soldats » (en l’occurrence, c’était une fausse information)
*en 1792, les Etats limitrophes de Russie, de Prusse et d’Autriche occupèrent et se partagèrent la plus grande partie de son territoire : après le premier partage subi en 1772 au profit de ces trois pays, le second (1793) ne concerne que la Russie et la Prusse.
*un soulèvement général avait eu lieu en Pologne : en 1794 ; généralement appelé « insurrection de Kosciuszko », cet épisode amène le dernier partage de la Pologne en 1795 (avec cette fois les trois puissances).
*les Laczynski : 
*les pays d’Europe de l’Est et d’Europe centrale : l’Europe de l’Est se réduit alors à la Russie et à la Pologne ; l’Europe centrale à l’Empire d’Autriche
*envahis de réfugiés français fuyant la Révolution : les émigrés français se trouvaient surtout dans les Etats allemands
*la petite Marie :
*le comte Skarbek : Casper Skarbek (1763-1823)
*qui vivait non loin de là, dans son domaine de Zelazowa Wola : au moment où Nicolas Chopin entre au service des Skarbek, le comte est déjà parti à l’étranger (mais il s’agit de la Prusse) et ce n’est qu’après son départ que son épouse Louise (née Fenger, 1765-1827) acquiert le domaine de Zelazowa Wola, abandonnant des domaines dans la région de Torun (notamment à Izbica Kujawska)
*ruiné, le vieux comte Skarbek avait fui à Paris pour échapper à ses créanciers : voir ci-dessus
*Pologne centrale :
*le Grand Duché de Varsovie : le duché de Varsovie (Ksiestwo Warszawskie), créé en 1807 par le traité de Tilsit
*une école militaire : voir page 162) Le dossier professionnel de Nicolas Chopin 1) Ladaique ; « collaborateur » du lycée de Varsovie en 1810, il devient professeur de français à l’Ecole d’Artillerie et du Génie en 1812 ; au lycée en 1814 ; à l’Ecole militaire d’Application en 1820
*le palais de Saxe : (Pałac Saski w Warszawie) : cf. site La Varsovie de Chopin ; les bâtiments n'existent plus . le lycée y reste jusqu'en 1817, déménageant alors au palais Casimir (Pałac Kazimierzowski, ulica Krakowskie Przedmieście 26/28)
*il avait, depuis quelque temps, décidé d’adopter la Pologne comme patrie et de s’intégrer dans la société polonaise : il n’y a pas de document attestant formellement d’un tel choix ; l’auteur interprète simplement le mariage et l’abandon du préceptorat
*Samuel Bogumil Linde (Samuel Bogumił Linde, 1771-1847) : linguiste polonais d’origine allemande (né à Torun) ; proviseur du lycée de Varsovie des origines à 1831 (cf. notice de la Wikipédia polonaise), ami de la famille Skarbek, il donne à Nicolas Chopin son premier poste dans l’enseignement public.
*Kolberg : la famille Kolberg était logée au palais Casimir en même temps que les Chopin et les liens entre les deux familles étaient importants. Composition de la famille : Guillaume Kolberg (Wilhelm Kolberg, 1807-1877), élève du lycée de Varsovie, ingénieur, frère d'Oscar (Oskar, 1814-1890), musicologue, et d'Antoine (Antoni, 1815-1882), peintre ; fils de Jules (Julius, 1776-1831), géographe, professeur à l'université de Varsovie, et de Caroline Frédérique Mercœur (1788-1872, née en Prusse, fille de Gotfryd (Gottfried) Mercoeur, d'ascendance française (huguenote), et d'Henrietta von Arnim) [Notice du NIFC]
*Ciampi : ????
*Vogel : ????
*un grand nombre d’étrangers qui, jusqu’ici, avaient maintenu leurs traditions ethniques : ????

Commentaires
1) Sur l’histoire en général
Zamoyski ne développe pas les points proprement historiques ; ses énoncés sont cependant approximatifs (l’évocation de la révolution française, des partages de la Pologne ainsi que des circonstances de la création du duché de Varsovie sont assez floues).
Plus intéressant, l’évocation des phénomènes d’immigration en Pologne.

2) Sur la biographie de Nicolas Chopin
Quelques erreurs :
Sur la biographie de Michel Pac.
Sur la manufacture de tabac de Varsovie.
Sur la biographie de la famille Skarbek.

Autres pages sur le livre d’Adam Zamoyski



Création : 30 janvier 2018
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Auteur : Jacques Richard
Blog : Sur Frédéric Chopin Questions historiques et biographiques
Page : 319. Adam Zamoyski 3 Biographie de Nicolas Chopin
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vendredi 19 janvier 2018

315. Adam Zamoyski 2 Les lettres de Chopin à Delphine Potocka

Quelques informations fournies par Adam Zamoyski à propos de l’affaire de la correspondance entre Chopin et Delphine Potocka


Classement :


Accueil

Bibliographie

Table des Matières : vue d’ensemble
Première partie :Aperçus historiques (Pologne et relations franco-polonaises)
Deuxième partie : Frédéric Chopin, questions biographiques
Troisième partie : La nationalité de Frédéric Chopin, notamment :

Le statut de Frédéric Chopin quant à la nationalité
Le statut de Nicolas Chopin quant à la nationalité

Index des personnes citées dans le blog



Ceci est une suite de la page Adam Zamoyski biographe de Chopin (1979) , dans laquelle je présente cet auteur et son ouvrage et un complément à la page Les lettres de Chopin à Delphine Potocka, dans laquelle je donne des extraits des livres de Camille Bourniquel et de Marie-Paule Rambeau relatifs à cette affaire.

Dans son livre sur Chopin, Adam Zamoyski y consacre plusieurs pages (Annexe B, pages 304-309), étudiant le problème de façon plus approfondie.
Je résume ici ces pages.

Résumé du texte de Zamoyski
1) Il remarque qu’« aucun des premiers biographes de Chopin n’[a] glissé la moindre allusion sur une liaison possible entre Delphine Potocka » et qu'on n’en trouve pas trace dans les correspondances de gens qui connaissaient Chopin (Balzac, Dumas, Marie d’Agoult).


2) A la fin du XIXème siècle, « certains de ses biographes se mirent à vouloir combler le vide sentimental de sa vie. On « découvrit » une amourette d’adolescence avec une jeune fille tchèque pour mettre du piquant à l’épisode de Bad Reinerz, puis un des célèbres cancaniers de l’histoire polonaise, Ferdinand Hoesick, choisit Delphine Potocka pour donner du sel aux premières années de Chopin à Paris. ». Hoesick aurait laissé entendre « qu’il avait connaissance de lettres écrites par le compositeur à la comtesse » ; « d’autres prirent la relève, et une tradition s’établit bientôt. »

3) « En 1939, une certaine Pauline Czernicka informa Radio Wilno qu’elle possédait plusieurs lettres inédites de Chopin à Delphine Potocka avec lesquelles on pouvait faire une émission », qui n’eut pas lieu à cause de la guerre.

4) « en 1945 […] cette même dame, […] fit la même proposition à Radio Poznan et publia sur les ondes des extraits des lettres qu’elle attribuait à Chopin, ce qui provoqua un intérêt passionné […]. Cet enthousiasme devint mitigé lorsque parurent d’autres extraits contenant des passages érotiques. Un débat s’amorça pour savoir si Chopin avait pu écrire ce genre de chose ou non et, à la fin si oui ou non il avait eu une liaison avec Delphine Potocka. »

5) « La Société Chopin, nouvellement fondée, demanda à Mme Czernicka de lui soumettre les originaux afin de les vérifier avant publication. Pauline Czernicka signa une convention s’engageant à fournir transcription et originaux. » Mais, sous divers prétextes, elle ne les fournit pas. En fin de compte, « Pauline Czernicka s’est suicidée en 1949. »

6) « Ce n’est que bien plus tard que l’on découvrit ses papiers personnels et que l’on put reconstituer les textes dont seulement des fragments avaient été diffusés ou publiés. […] Un examen rapide de cette « correspondance » qui compte deux lettres intégrales  […] et une centaine de fragments de longueur variable étonne sur deux points ceux qui connaissent bien la correspondance de Chopin » :
*le style fait un usage surabondant de formules qui se trouvent dans sa correspondance, mais moins fréquemment ;
*l’abondance de jugements d’ordre musical, alors que sa correspondance n’en contient pas.

7) On y trouve aussi de « nombreuses fautes historiques ; la seule lettre datée de Paris  […] parle d’un rendez-vous pour le soir même ; or nous savons que Delphine passa toute cette année-là à Naples […]. Certains passages parlent des envois d’ouvrages de Mickiewicz, de Witwicki et de Krasinski à Delphine, alors que Krasinski, à la date de cette lettre, n’avait encore publié qu’un seul livre et  [de manière anonyme].

8) « Plusieurs autres passages sont sujets à caution comme ceux  […] qui révèlent une association typiquement freudienne de la libido et du processus créateur qui ne correspond ni à l’atmosphère ni au substrat psychologique de la société d’alors. »

9) « Enfin, l’examen linguistique de ces textes est décisif […]; des expressions familières et des formules  […] propres à la Galicie et à la Volhynie […] sont très éloignées de celles de Varsovie et de Mazovie qu’utilisait Chopin ; une avalanche de termes comme « art », « processus créateur », « œuvre d’art » ou encore « inspiration » sont totalement absents de la correspondance de Chopin  […] »

10) « Un ou deux fanatiques de Chopin soutiennent toujours la cause de l’authenticité et saisirent l’occasion qui s’offrit à eux en 1964. Quelques photocopies prétendues des originaux apparurent mystérieusement parmi les papiers du compositeur décédé Szelegowski. Elles échouèrent chez le beau –frère de celui-ci, […] qui pour des raisons obscures, ne les publia qu’en 1973, dans Music and Musicians. […] Si on ignore toujours  […] qui a fabriqué ces photocopies, celles-ci n’en restent pas moins sans fondement Toutes ces lettres sont bien des faux, et la solution de compromis, qui voudrait que certaines lettres seraient authentiques et que Pauline Czernicka en aurait ajouté d’autres en brodant, ne saurait être retenue par quiconque prétend écrire l’histoire. Seule la découverte des lettres originales pourrait modifier la conviction qu’il ne s’agit là que dune monumentale et sordide supercherie. »

Commentaires
A venir



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Page : 315. Adam Zamoyski et les lettres de Chopin à Delphine Potocka
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dimanche 1 octobre 2017

309. Adam Zamoyski biographe de Chopin (1979)

Quelques informations sur Adam Zamoyski et sur son livre consacré à Chopin


Classement : biographies ; Frédéric Chopin





Troisième partie : La nationalité de Frédéric Chopin, notamment :



L’auteur
Adam Zamoyski est né en 1949 à New-York, mais a surtout vécu en Angleterre où il a fait des études d’histoire et de langues vivantes (Oxford, Queen’s College). Issu de la famille princière des Zamoyski, il est le fils d’Etienne Adam (1904-1976) et d’Elisabeth Czartoryska (1905-1989) ; il a les nationalités britannique et polonaise. Il a présidé le conseil d’administration de la fondation Czartoryski de 2008 à 2011.
Il est l’auteur de différents ouvrages écrits en dehors du cadre universitaire.
Note
*La Fondation des princes Czartoryski est établie à Cracovie ; elle a été créée en 1991 par Adam Charles Czartoryski (né en 1940) pour superviser le Musée des princes Czartoryski, alors restitué à la famille (lien Wikipédia anglaise ; polonaise).

L’ouvrage
Références
Edition française
*Chopin, Librairie Académique Perrin, 1986 [2.262.00390.4]
Editions anglaises
*Chopin, Collins, 1979 [0.586.05291.7]
*Chopin A Biography, Collins, 1979
Edition américaine
*Chopin A New Biography, Doubleday, 1980
Je me sers ici de l’édition française de 1986, traduction de l’édition anglaise de 1979 (traduction d’Agnès Boysson)

Table des matières
7 Remerciements
9 Chapitre 1 Enfance
26 Chapitre 2 Chopin à l’école
36 Chapitre 3 Le conservatoire de Varsovie
52 Chapitre 4 Frustrations
69 Chapitre 5 Vienne
88 Chapitre 6 Paris
117 Chapitre 7 Le succès
152 Chapitre 8 George Sand
175 Chapitre Une nouvelle vie
196 Chapitre 10 La gloire
216 Chapitre 11 La fin d’une liaison
242 Chapitre 12 Une triste années
259 Chapitre 13 Londres et l’Ecosse
282 Chapitre 14 La mort
292 Epilogue
295 Annexe A : Liste des œuvres par ordre chronologique
304 Annexe B : L’affaire des Lettres de Chopin à Delphine Potocka
310 Notes
328 Sources

A suivre



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Page : 309 Adam Zamoyski, biographe de Chopin (1979)
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