mardi 30 janvier 2018

319. Adam Zamoyski 3 Biographie de Nicolas Chopin

Quelques informations sur Adam Zamoyski et sur son livre consacré à Chopin : biographie de Nicolas Chopin


Classement : biographies ; Nicolas Chopin


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Bibliographie

Table des Matières : vue d’ensemble
Première partie :Aperçus historiques (Pologne et relations franco-polonaises)
Deuxième partie :Frédéric Chopin, questions biographiques
Troisième partie :La nationalité de Frédéric Chopin, notamment :
Le statut de Frédéric Chopin quant à la nationalité
Le statut de Nicolas Chopin quant à la nationalité

Index des personnes citées dans le blog


Ceci est une suite de la page Adam Zamoyski biographe de Chopin (1979) dans laquelle je présente l’auteur et son livre.
J’étudie ci-dessous les passages concernant Nicolas Chopin dans le chapitre 1 « Enfance ».
A ce sujet, voir les pages :

Référence
*Adam Zamoyski, Chopin, Librairie Académique Perrin, 1986, pages 10 à 13

Texte
« Nicolas Chopin naquit le 15 avril 1771, dans une famille de viticulteurs et de charrons, au village de Marainville, dans le département des Vosges.
Consciencieux et d’une intelligence vive, il se débrouilla pour apprendre à lire et à écrire*, ce qui le fit remarquer par Adam Weydlich*, administrateur polonais des domaines de Marainville, dont le château appartenait à un autre Polonais, le comte Pac.
Lorsqu’en 1787 celui-ci décida de regagner sa patrie, il emmena avec lui* l’adolescent de seize ans et lui confia, par la suite, un emploi dans sa manufacture de tabac de Varsovie*.
Nicolas Chopin passa les quelques années qui suivirent à travailler comme clerc, ou comptable, et son avenir lui paraissait à ce point prometteur qu’il ne chercha pas à profiter de l’occasion qu’il eut, trois ans plus tard, de rentrer en France.
Le comte Pac, pour lequel Weydlich travaillait toujours*, avait besoin de régler certaines affaires à Strasbourg. Nicolas avait été pressenti pour cette tâche.
Mais la Révolution française avait éclaté. Il craignait d’être enrôlé dans l’armée française s’il retournait // dans son pays*. Il préféra faire carrière à Varsovie, ville à laquelle il se sentait déjà très attaché (1).
Le climat général d’une nation en plein déclin économique et politique, mais qui connaissait en même temps une renaissance sociale et culturelle profonde, devait séduire ce jeune étranger qui souhaitait affermir sa position dans le monde.
Le déclin de la Pologne s’acheva alors que Nicolas Chopin ne s’y trouvait que depuis cinq ans, quand, en 1792, les Etats limitrophes de Russie, de Prusse et d’Autriche occupèrent et se partagèrent la plus grande partie de son territoire*.
L’entreprise de Weydlich dut fermer, et Nicolas, ayant peu d’espoir de trouver un emploi à Varsovie, songea à rentrer en France. Avant qu’il pût mettre son projet à exécution, il tomba malade. Le temps de se rétablir, un soulèvement général* avait eu lieu en Pologne* (1794). Nicolas Chopin s’engagea dans la Garde nationale de Varsovie où il obtint le grade de lieutenant.
L’année suivante, les Polonais furent vaincus par les puissances coalisées de la Russie et de la Prusse ; Nicolas, blessé, se trouva de nouveau sans emploi.
C’est alors qu’une chance inespérée s’offrit à lui. Cette même année, il fut engagé par une riche famille, les Laczynski, qui habitait la campagne, à l’ouest de Varsovie, comme précepteur de leurs enfants.
C’était une aubaine pour Nicolas Chopin de trouver un tel poste, car les pays d’Europe de l’Est et d’Europe centrale étaient envahis de réfugiés français fuyant la Révolution qui survivaient en occupant ce genre d’emploi. Les hobereaux polonais se plaisaient à accueillir sous leur toit tel vicomte ou tel abbé qui arpentaient leur demeure en racontant des histoires sur la vie à Versailles, tout en vidant leur cave.
Le fait que Nicolas ait pu briser ce monopole montre quel raffinement d’éducation et de manières il avait acquis, depuis sept ans qu’il avait quitté la maison paternelle. Qui plus est, cette nouvelle situation lui conférait un certain cachet de respectabilité.
Il passa six années chez les Laczynski. Parmi les enfants // auxquels il enseignait, il y avait la petite Marie*, celle-là même qui, après son mariage avec Anastase Walewski, devait devenir la maîtresse de Napoléon.
Les enfants ayant grandi, Nicolas assuma les mêmes fonctions chez un parent des Laczynski, le comte Skarbek, qui vivait non loin de là, dans son domaine de Zelazowa Wola.
Il y passa les quelques années suivantes à veiller à l’éducation des quatre enfants du comte et, en 1806, épousa Tekla Justyna Krzyzanowska, une parente pauvre des Skarbek qui assumait chez eux les fonctions d’intendante.
Le couple eut, l’année d’après, une fille, Louise, et se transporta dans l’une des maisons au toit couvert de chaume attenantes au manoir, où il occupa deux pièces.
C’est dans l’une de ces pièces blanchies à la chaux avec son sol de terre battue que naquit, en 1810, leur fils, baptisé Frédéric François, […].
[…] Quoiqu’on eût souvent associé le nom de Chopin au domaine de Zelazowa Wola, la famille, en fait, le quitta peu de temps après la naissance de Frédéric. Ruiné, le vieux comte Skarbek avait fui à Paris pour échapper à ses créanciers*. Il laissait sa femme veiller de son mieux à l’éducation de leurs quatre enfants. Mis à part le fait // que le benjamin avait atteint l’âge adulte et n’avait plus besoin d’un précepteur, la comtesse n’était plus en mesure d’assumer les frais d’entretien de Nicolas Chopin et de sa petite famille. Nicolas lui-même avait déjà songé à s’installer à Varsovie quelques temps avant la naissance de son fils.
La Pologne centrale* était alors presque entièrement libérée par les armées napoléoniennes et comprenait un nouvel Etat, le Grand Duché de Varsovie*, qui apparaissait comme un satellite de la France. La langue française devenait moins un luxe qu’une nécessité, ce qui convenait à Nicolas Chopin.
Il s’arrangea pour obtenir un poste de professeur de français au lycée de Varsovie et, un peu plus tard, dans une école militaire*. Ainsi, la petite famille quitta Zelazowa Wola pour la capitale, six mois après la naissance de Frédéric.
Le lycée de Varsovie était situé dans ce qu’on appelait le palais de Saxe*. […] Comme il n’y avait pas de logements prévus pour les élèves venus de la province, les professeurs qui le souhaitaient pouvaient occuper de grands appartements dans l’une des ailes du palais et augmenter leurs revenus en prenant des locataires.
Travailleur, économe, Nicolas Chopin profita de l’occasion et s’installa dans le palais de Saxe. Le mode de vie qu’il connut à Varsovie, […], lui convenait. Il avait, depuis quelque temps, décidé d’adopter la Pologne comme patrie et de s’intégrer dans la société polonaise*. Cela n’avait rien d’original : la plupart de ses collègues – du recteur Samuel Bogumil Linde* aux Kolberg*, Ciampi* et Vogel*, petits bourgeois d’origine étrangère – étaient devenus plus polonais que les Polonais eux-mêmes.
Depuis des siècles, la Pologne, peu chauvine, attirait à elle un grand nombre d’étrangers qui, jusqu’ici, avaient maintenu leurs traditions ethniques*. Après la chute de l’Ancien Régime et l’essor du nationalisme, la Pologne continuait d’attirer des étrangers qui se réclamaient de la Nation polonaise.
(1) Pour les documents se rapportant aux origines de Nicolas Chopin et sa venue en Pologne, voir la Correspondance de Frédéric Chopin par B. E. Sydow et S. et D. Chainaye, volume 1. »

Notes
*il se débrouilla pour apprendre à lire et à écrire : vision un peu « conte de fées » ; en fait, en Lorraine, l’alphabétisation (par l’école) était forte (voir la page L'enseignement en Lorraine vers 1780) 
*Adam Weydlich (1742-ca1815) : voir les pages 44) Adam Weydlich (1742-ca 1815) et Adam Weydlich : Biographie détaillée 
le comte Pac : Michel Jean Pac (1730-1787) ; voir la page Michał Jan Pac (1730-1787) 
*lorsqu’en 1787 celui-ci décida de regagner sa patrie, il emmena… : phrase peu claire ; « celui-ci » semble désigner Pac, « il » Weydlich, qui est aussi le référent de « sa manufacture » (plus, infra : « l’entreprise de Weydlich »)
*manufacture de tabac de Varsovie : voir la page La manufacture de tabac de Varsovie ; celle-ci n’appartenait pas à Adam Weydlich
*le comte Pac, pour lequel Weydlich travaillait toujours : l’auteur semble ignorer que Michel Pac est mort en 1787 (à Strasbourg)
*Il craignait d’être enrôlé dans l’armée française s’il retournait dans son pays : dans sa lettre de 1790, Nicolas Chopin écrit, entre autres, à ses parents : « je vous prie de m’informer si la milice n’est pas plus stricte qu’elle était car on nous dit que tous les jeunes garçons depuis l’âge de dix-huit ans sont tous soldats » (en l’occurrence, c’était une fausse information)
*en 1792, les Etats limitrophes de Russie, de Prusse et d’Autriche occupèrent et se partagèrent la plus grande partie de son territoire : après le premier partage subi en 1772 au profit de ces trois pays, le second (1793) ne concerne que la Russie et la Prusse.
*un soulèvement général avait eu lieu en Pologne : en 1794 ; généralement appelé « insurrection de Kosciuszko », cet épisode amène le dernier partage de la Pologne en 1795 (avec cette fois les trois puissances).
*les Laczynski : 
*les pays d’Europe de l’Est et d’Europe centrale : l’Europe de l’Est se réduit alors à la Russie et à la Pologne ; l’Europe centrale à l’Empire d’Autriche
*envahis de réfugiés français fuyant la Révolution : les émigrés français se trouvaient surtout dans les Etats allemands
*la petite Marie :
*le comte Skarbek : Casper Skarbek (1763-1823)
*qui vivait non loin de là, dans son domaine de Zelazowa Wola : au moment où Nicolas Chopin entre au service des Skarbek, le comte est déjà parti à l’étranger (mais il s’agit de la Prusse) et ce n’est qu’après son départ que son épouse Louise (née Fenger, 1765-1827) acquiert le domaine de Zelazowa Wola, abandonnant des domaines dans la région de Torun (notamment à Izbica Kujawska)
*ruiné, le vieux comte Skarbek avait fui à Paris pour échapper à ses créanciers : voir ci-dessus
*Pologne centrale :
*le Grand Duché de Varsovie : le duché de Varsovie (Ksiestwo Warszawskie), créé en 1807 par le traité de Tilsit
*une école militaire : voir page 162) Le dossier professionnel de Nicolas Chopin 1) Ladaique ; « collaborateur » du lycée de Varsovie en 1810, il devient professeur de français à l’Ecole d’Artillerie et du Génie en 1812 ; au lycée en 1814 ; à l’Ecole militaire d’Application en 1820
*le palais de Saxe : (Pałac Saski w Warszawie) : cf. site La Varsovie de Chopin ; les bâtiments n'existent plus . le lycée y reste jusqu'en 1817, déménageant alors au palais Casimir (Pałac Kazimierzowski, ulica Krakowskie Przedmieście 26/28)
*il avait, depuis quelque temps, décidé d’adopter la Pologne comme patrie et de s’intégrer dans la société polonaise : il n’y a pas de document attestant formellement d’un tel choix ; l’auteur interprète simplement le mariage et l’abandon du préceptorat
*Samuel Bogumil Linde (Samuel Bogumił Linde, 1771-1847) : linguiste polonais d’origine allemande (né à Torun) ; proviseur du lycée de Varsovie des origines à 1831 (cf. notice de la Wikipédia polonaise), ami de la famille Skarbek, il donne à Nicolas Chopin son premier poste dans l’enseignement public.
*Kolberg : la famille Kolberg était logée au palais Casimir en même temps que les Chopin et les liens entre les deux familles étaient importants. Composition de la famille : Guillaume Kolberg (Wilhelm Kolberg, 1807-1877), élève du lycée de Varsovie, ingénieur, frère d'Oscar (Oskar, 1814-1890), musicologue, et d'Antoine (Antoni, 1815-1882), peintre ; fils de Jules (Julius, 1776-1831), géographe, professeur à l'université de Varsovie, et de Caroline Frédérique Mercœur (1788-1872, née en Prusse, fille de Gotfryd (Gottfried) Mercoeur, d'ascendance française (huguenote), et d'Henrietta von Arnim) [Notice du NIFC]
*Ciampi : ????
*Vogel : ????
*un grand nombre d’étrangers qui, jusqu’ici, avaient maintenu leurs traditions ethniques : ????

Commentaires
1) Sur l’histoire en général
Zamoyski ne développe pas les points proprement historiques ; ses énoncés sont cependant approximatifs (l’évocation de la révolution française, des partages de la Pologne ainsi que des circonstances de la création du duché de Varsovie sont assez floues).
Plus intéressant, l’évocation des phénomènes d’immigration en Pologne.

2) Sur la biographie de Nicolas Chopin
Quelques erreurs :
Sur la biographie de Michel Pac.
Sur la manufacture de tabac de Varsovie.
Sur la biographie de la famille Skarbek.

Autres pages sur le livre d’Adam Zamoyski



Création : 30 janvier 2018
Mise à jour :
Révision :
Auteur : Jacques Richard
Blog : Sur Frédéric Chopin Questions historiques et biographiques
Page : 319. Adam Zamoyski 3 Biographie de Nicolas Chopin
Lien : http://surfredericchopin.blogspot.fr/2018/01/zamoyski-biographie-de-nicolas-chopin.html







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