Quelques informations sur Adam Zamoyski et sur son
livre consacré à Chopin : biographie de Nicolas Chopin
Classement :
biographies ; Nicolas Chopin
Bibliographie
Table des Matières : vue d’ensemble
Première partie :Aperçus historiques (Pologne et relations franco-polonaises)
Deuxième partie :Frédéric Chopin, questions biographiques
Troisième partie :La nationalité de Frédéric Chopin, notamment :
Le statut de Frédéric Chopin quant à la nationalité
Le statut de Nicolas Chopin quant à la nationalité
Index des personnes citées dans le blog
Ceci est une suite de la page Adam
Zamoyski biographe de Chopin (1979) dans laquelle je présente l’auteur et son livre.
J’étudie
ci-dessous les passages concernant Nicolas Chopin dans le chapitre 1
« Enfance ».
A ce
sujet, voir les pages :
Référence
*Adam
Zamoyski, Chopin, Librairie Académique Perrin, 1986, pages 10 à 13
Texte
« Nicolas
Chopin naquit le 15 avril 1771, dans une famille de viticulteurs et de
charrons, au village de Marainville, dans le département des Vosges.
Consciencieux
et d’une intelligence vive, il se débrouilla pour apprendre à lire et à écrire*,
ce qui le fit remarquer par Adam Weydlich*, administrateur polonais des
domaines de Marainville, dont le château appartenait à un autre Polonais, le
comte Pac.
Lorsqu’en
1787 celui-ci décida de regagner sa patrie, il emmena avec lui* l’adolescent de
seize ans et lui confia, par la suite, un emploi dans sa manufacture de tabac
de Varsovie*.
Nicolas
Chopin passa les quelques années qui suivirent à travailler comme clerc, ou
comptable, et son avenir lui paraissait à ce point prometteur qu’il ne chercha
pas à profiter de l’occasion qu’il eut, trois ans plus tard, de rentrer en
France.
Le
comte Pac, pour lequel Weydlich travaillait toujours*, avait besoin de régler
certaines affaires à Strasbourg. Nicolas avait été pressenti pour cette tâche.
Mais
la Révolution française avait éclaté. Il craignait d’être enrôlé dans l’armée
française s’il retournait // dans son pays*. Il préféra faire carrière à Varsovie,
ville à laquelle il se sentait déjà très attaché (1).
Le
climat général d’une nation en plein déclin économique et politique, mais qui
connaissait en même temps une renaissance sociale et culturelle profonde,
devait séduire ce jeune étranger qui souhaitait affermir sa position dans le
monde.
Le
déclin de la Pologne s’acheva alors que Nicolas Chopin ne s’y trouvait que
depuis cinq ans, quand, en 1792, les Etats limitrophes de Russie, de Prusse et
d’Autriche occupèrent et se partagèrent la plus grande partie de son territoire*.
L’entreprise
de Weydlich dut fermer, et Nicolas, ayant peu d’espoir de trouver un emploi à
Varsovie, songea à rentrer en France. Avant qu’il pût mettre son projet à
exécution, il tomba malade. Le temps de se rétablir, un soulèvement général*
avait eu lieu en Pologne* (1794). Nicolas Chopin s’engagea dans la Garde
nationale de Varsovie où il obtint le grade de lieutenant.
L’année
suivante, les Polonais furent vaincus par les puissances coalisées de la Russie
et de la Prusse ; Nicolas, blessé, se trouva de nouveau sans emploi.
C’est
alors qu’une chance inespérée s’offrit à lui. Cette même année, il fut engagé
par une riche famille, les Laczynski, qui habitait la campagne, à l’ouest de
Varsovie, comme précepteur de leurs enfants.
C’était
une aubaine pour Nicolas Chopin de trouver un tel poste, car les pays d’Europe
de l’Est et d’Europe centrale étaient envahis de réfugiés français fuyant la
Révolution qui survivaient en occupant ce genre d’emploi. Les hobereaux
polonais se plaisaient à accueillir sous leur toit tel vicomte ou tel abbé qui
arpentaient leur demeure en racontant des histoires sur la vie à Versailles,
tout en vidant leur cave.
Le
fait que Nicolas ait pu briser ce monopole montre quel raffinement d’éducation
et de manières il avait acquis, depuis sept ans qu’il avait quitté la maison
paternelle. Qui plus est, cette nouvelle situation lui conférait un certain
cachet de respectabilité.
Il
passa six années chez les Laczynski. Parmi les enfants // auxquels il enseignait,
il y avait la petite Marie*, celle-là même qui, après son mariage avec Anastase
Walewski, devait devenir la maîtresse de Napoléon.
Les
enfants ayant grandi, Nicolas assuma les mêmes fonctions chez un parent des
Laczynski, le comte Skarbek, qui vivait non loin de là, dans son domaine de
Zelazowa Wola.
Il
y passa les quelques années suivantes à veiller à l’éducation des quatre
enfants du comte et, en 1806, épousa Tekla Justyna Krzyzanowska, une parente
pauvre des Skarbek qui assumait chez eux les fonctions d’intendante.
Le
couple eut, l’année d’après, une fille, Louise, et se transporta dans l’une des
maisons au toit couvert de chaume attenantes au manoir, où il occupa deux pièces.
C’est
dans l’une de ces pièces blanchies à la chaux avec son sol de terre battue que
naquit, en 1810, leur fils, baptisé Frédéric François, […].
[…]
Quoiqu’on eût souvent associé le nom de Chopin au domaine de Zelazowa Wola, la
famille, en fait, le quitta peu de temps après la naissance de Frédéric. Ruiné,
le vieux comte Skarbek avait fui à Paris pour échapper à ses créanciers*. Il
laissait sa femme veiller de son mieux à l’éducation de leurs quatre enfants.
Mis à part le fait // que le benjamin avait atteint l’âge adulte et n’avait plus
besoin d’un précepteur, la comtesse n’était plus en mesure d’assumer les frais
d’entretien de Nicolas Chopin et de sa petite famille. Nicolas lui-même avait
déjà songé à s’installer à Varsovie quelques temps avant la naissance de son
fils.
La
Pologne centrale* était alors presque entièrement libérée par les armées
napoléoniennes et comprenait un nouvel Etat, le Grand Duché de Varsovie*, qui
apparaissait comme un satellite de la France. La langue française devenait
moins un luxe qu’une nécessité, ce qui convenait à Nicolas Chopin.
Il
s’arrangea pour obtenir un poste de professeur de français au lycée de Varsovie
et, un peu plus tard, dans une école militaire*. Ainsi, la petite famille
quitta Zelazowa Wola pour la capitale, six mois après la naissance de Frédéric.
Le
lycée de Varsovie était situé dans ce qu’on appelait le palais de Saxe*. […]
Comme il n’y avait pas de logements prévus pour les élèves venus de la
province, les professeurs qui le souhaitaient pouvaient occuper de grands
appartements dans l’une des ailes du palais et augmenter leurs revenus en
prenant des locataires.
Travailleur,
économe, Nicolas Chopin profita de l’occasion et s’installa dans le palais de
Saxe. Le mode de vie qu’il connut à Varsovie, […], lui convenait. Il avait,
depuis quelque temps, décidé d’adopter la Pologne comme patrie et de s’intégrer
dans la société polonaise*. Cela n’avait rien d’original : la plupart de
ses collègues – du recteur Samuel Bogumil Linde* aux Kolberg*, Ciampi* et Vogel*,
petits bourgeois d’origine étrangère – étaient devenus plus polonais que les
Polonais eux-mêmes.
Depuis
des siècles, la Pologne, peu chauvine, attirait à elle un grand nombre
d’étrangers qui, jusqu’ici, avaient maintenu leurs traditions ethniques*. Après
la chute de l’Ancien Régime et l’essor du nationalisme, la Pologne continuait
d’attirer des étrangers qui se réclamaient de la Nation polonaise.
(1) Pour les documents se rapportant aux origines de Nicolas Chopin et sa venue en Pologne, voir la Correspondance de Frédéric Chopin par B. E. Sydow et S. et D. Chainaye, volume 1. »
(1) Pour les documents se rapportant aux origines de Nicolas Chopin et sa venue en Pologne, voir la Correspondance de Frédéric Chopin par B. E. Sydow et S. et D. Chainaye, volume 1. »
Notes
*il se débrouilla pour apprendre à lire et à
écrire : vision un peu « conte de fées » ; en fait, en
Lorraine, l’alphabétisation (par l’école) était forte (voir la page L'enseignement
en Lorraine vers 1780)
*Adam Weydlich (1742-ca1815) : voir
les pages 44) Adam Weydlich (1742-ca 1815) et Adam Weydlich : Biographie détaillée
le comte Pac : Michel Jean Pac
(1730-1787) ; voir la page Michał Jan Pac (1730-1787)
*lorsqu’en 1787 celui-ci décida de regagner
sa patrie, il emmena… : phrase peu claire ;
« celui-ci » semble désigner Pac, « il » Weydlich, qui est
aussi le référent de « sa manufacture » (plus, infra :
« l’entreprise de Weydlich »)
*manufacture de tabac de Varsovie :
voir la page La
manufacture de tabac de Varsovie ; celle-ci n’appartenait pas à Adam
Weydlich
*le comte Pac, pour lequel Weydlich
travaillait toujours : l’auteur semble ignorer que Michel Pac est mort
en 1787 (à Strasbourg)
*Il craignait d’être enrôlé dans l’armée
française s’il retournait dans son pays : dans sa lettre de 1790,
Nicolas Chopin écrit, entre autres, à ses parents : « je vous prie de
m’informer si la milice n’est pas plus stricte qu’elle était car on nous dit
que tous les jeunes garçons depuis l’âge de dix-huit ans sont tous
soldats » (en l’occurrence, c’était une fausse information)
*en 1792, les Etats limitrophes de Russie, de Prusse et d’Autriche
occupèrent et se partagèrent la plus grande partie de son territoire :
après le premier partage subi en 1772 au profit de ces trois pays, le second
(1793) ne concerne que la Russie et la Prusse.
*un soulèvement général avait eu lieu en Pologne : en
1794 ; généralement appelé « insurrection de Kosciuszko », cet
épisode amène le dernier partage de la Pologne en 1795 (avec cette fois les
trois puissances).
*les Laczynski :
*les pays d’Europe de l’Est et d’Europe centrale : l’Europe de
l’Est se réduit alors à la Russie et à la Pologne ; l’Europe centrale à l’Empire
d’Autriche
*envahis de réfugiés français fuyant la Révolution : les
émigrés français se trouvaient surtout dans les Etats allemands
*la petite Marie :
*le comte Skarbek : Casper Skarbek
(1763-1823)
*qui vivait non
loin de là, dans son domaine de Zelazowa Wola : au moment où Nicolas Chopin entre au service
des Skarbek, le comte est déjà parti à l’étranger (mais il s’agit de la Prusse)
et ce n’est qu’après son départ que son épouse Louise (née Fenger, 1765-1827) acquiert
le domaine de Zelazowa Wola, abandonnant des domaines dans la région de Torun
(notamment à Izbica Kujawska)
*ruiné, le vieux comte Skarbek avait fui à Paris pour échapper à ses
créanciers : voir ci-dessus
*Pologne centrale :
*le Grand Duché de Varsovie : le duché de Varsovie (Ksiestwo
Warszawskie), créé en 1807 par le traité de Tilsit
*une école militaire : voir page
162) Le
dossier professionnel de Nicolas Chopin 1) Ladaique ; « collaborateur »
du lycée de Varsovie en 1810, il devient professeur de français à l’Ecole
d’Artillerie et du Génie en 1812 ; au lycée en 1814 ; à l’Ecole
militaire d’Application en 1820
*le palais de Saxe : (Pałac
Saski w Warszawie) : cf. site La Varsovie de Chopin ;
les bâtiments n'existent plus . le lycée y reste jusqu'en 1817,
déménageant alors au palais Casimir (Pałac Kazimierzowski, ulica Krakowskie
Przedmieście 26/28)
*il avait, depuis quelque temps, décidé d’adopter la Pologne comme
patrie et de s’intégrer dans la société polonaise : il n’y a pas de
document attestant formellement d’un tel choix ; l’auteur interprète
simplement le mariage et l’abandon du préceptorat
*Samuel Bogumil Linde (Samuel Bogumił Linde, 1771-1847) : linguiste
polonais d’origine allemande (né à Torun) ; proviseur du lycée de Varsovie
des origines à 1831 (cf. notice de la Wikipédia
polonaise), ami de la famille Skarbek, il donne à
Nicolas Chopin son premier poste dans l’enseignement public.
*Kolberg : la
famille Kolberg était logée au palais Casimir en même temps que les Chopin et
les liens entre les deux familles étaient importants. Composition de la famille :
Guillaume Kolberg (Wilhelm
Kolberg, 1807-1877), élève du lycée de Varsovie, ingénieur, frère d'Oscar (Oskar,
1814-1890), musicologue, et d'Antoine (Antoni, 1815-1882), peintre ;
fils de Jules (Julius, 1776-1831),
géographe, professeur à l'université de Varsovie, et de Caroline Frédérique
Mercœur (1788-1872, née en Prusse, fille de Gotfryd (Gottfried)
Mercoeur, d'ascendance française (huguenote), et d'Henrietta von
Arnim) [Notice
du NIFC]
*Ciampi : ????
*Vogel : ????
*un grand nombre d’étrangers qui, jusqu’ici, avaient maintenu leurs
traditions ethniques : ????
Commentaires
1) Sur l’histoire en général
Zamoyski ne développe pas les points proprement
historiques ; ses énoncés sont cependant approximatifs (l’évocation de la
révolution française, des partages de la Pologne ainsi que des circonstances de
la création du duché de Varsovie sont assez floues).
Plus intéressant, l’évocation des phénomènes d’immigration
en Pologne.
2) Sur la biographie de Nicolas Chopin
Quelques erreurs :
Sur la biographie de Michel Pac.
Sur la manufacture de tabac de Varsovie.
Sur la biographie de la famille Skarbek.
Autres
pages sur le livre d’Adam Zamoyski
Création : 30 janvier 2018
Mise à jour :
Révision :
Auteur : Jacques Richard
Blog : Sur Frédéric Chopin Questions historiques et biographiques
Page : 319. Adam Zamoyski 3 Biographie de Nicolas Chopin
Lien : http://surfredericchopin.blogspot.fr/2018/01/zamoyski-biographie-de-nicolas-chopin.html
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