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jeudi 14 février 2019

344. Alain Duault 2. Citations : Nicolas Chopin

Quelques citations du livre d’Alain Duault consacré à Chopin : Nicolas Chopin


Classement : biographies ; Frédéric Chopin


Accueil

Bibliographie

Table des Matières : vue d’ensemble
Première partie :Aperçus historiques (Pologne et relations franco-polonaises)
Deuxième partie :Frédéric Chopin, questions biographiques
Troisième partie :La nationalité de Frédéric Chopin, notamment :
Le statut de Frédéric Chopin quant à la nationalité
Le statut de Nicolas Chopin quant à la nationalité

Index des personnes citées dans le blog


Ceci est la suite de la page Alain Duault biographe de Chopin, dans laquelle je présente l’auteur et l’ouvrage.

Référence
*Alain Duault, Frédéric Chopin, Arles, Actes Sud, collection « Classica », 2004

Citations (Chapitre 1 Les origines)
Pages 11-12
« […] François Chopin* se fixe à partir de 1769 à Marainville, un village de Lorraine édifié en demi-cercle autour d’un château Renaissance qui appartient alors au comte de Rutant*, chambellan du roi Stanislas Leszczynski. Il habite une maison modeste […] avec sa jeune femme, Marguerite Deflin, dont il aura trois enfants, un fils et deux filles. Il deviendra même syndic de la ville. Le destin commence là à tracer ses lignes, Marainville étant alors liée à la Pologne. Car en 1736, contraint d’abdiquer, le roi Stanislas Leszczynski* a obtenu de son gendre, Louis XV, roi de France, marié à Marie Leszczynska, le duché de Lorraine […]. »
Notes
*François Chopin : grand-père paternel de Frédéric. Voir la pagLes familles Chopin de Lorraine et de Pologne  
*comte de Rutant : voir la page Charles Joseph de Rutant, comte de Marainville 
*le roi Stanislas Leszczynski : roi de Pologne de 1704 à 1709, réélu en 1733, mais sans suite. Voir la page La dynastie saxonne et Stanislas Leszczynski  

Pages 12-13
« Du chambellan de Stanislas Leszczynski, le château de Marainville passe ensuite aux mains d’un autre aristocrate polonais, le comte Michel Pac, qui en confie l’administration à son intendant, Jan Adam Weydlich. Et c’est là que le destin frappe une deuxième fois : le fils de François Chopin, Nicolas, né le 15 avril 1771, a près de neuf ans quand Weydlich arrive à Marainville. C’est un enfant qui se distingue par une vive intelligence et une grande sensibilité, attirant l’attention de Weydlich et le conduisant à s’intéresser personnellement à son éducation. Grâce à son appui, le jeune Nicolas va suivre à Nancy des cours d’enseignement général et de comptabilité, ainsi que de musique. Sans doute Weydlich songe-t-il à en faire son employé. » […]

Page 13
« Le tournant se situe en 1785, quand le comte Pac décide de vendre Marainville : Nicolas Chopin comprend que cela signifie le retour des Weydlich en Pologne et l’abandon de tout espoir d’avancement social et intellectuel. Il réfléchit quelques mois et, en 1787, décide seul, sans même chercher l’accord de son père, de partir pour la Pologne. »

Page 13-14
« A son arrivée à Varsovie, il se confie aux bons soins de Weydlich, qui le fait employer par le comte Pac, dans quelques-uns des domaines qu’il possède en Pologne. Puis on le retrouve comptable dans une manufacture de tabac dirigée par un Français. Il écrit plusieurs lettres à ses parents, sans réponse : ceux-ci ont-ils renié le fils ingrat ? Ou bien ses deux sœurs ont-elles fait en sorte qu’on le croie mort afin de l’écarter définitivement de la succession (d’ailleurs, à la mort du père, l’héritage n’a effectivement été partagé qu’entre les deux sœurs) ? Toujours est-il que les liens familiaux sont rompus. Les liens nationaux le sont aussi du fait de la Révolution qui ensanglante la France et, vue de l’étranger, suscite plutôt chez le jeune Nicolas des réflexes de peur. Non, décidément, il n’a guère envie de retourner en France. »

Page 14
« Mais la situation en Pologne est, elle aussi, révolutionnaire : Nicolas assiste en 1791 à la proclamation de la Constitution qui doit symboliser la renaissance et l’indépendance nationales ; le roi soutient le projet, mais la Pologne est soumise à la subordination de la Russie. Catherine II ne supporte pas cette velléité de liberté et intervient militairement. Pour défendre la Constitution contre les occupants, une insurrection nationale menée par Tadeusz Kosciuszko réunit des milliers de Polonais… et Nicolas Chopin, qui s’engage aux côtés des patriotes. Au bout de quelques mois de combat, il est même promu capitaine. Hélas, la jeune armée polonaise ne tient pas le choc face à la puissance de l’armée russe, à laquelle s’est alliée l’armée prussienne. L’écrasement de la rébellion est le prélude au dépeçage de la Pologne, partagée entre la Russie, la Prusse et l’Autriche. »

Page 14-15
« Le jeune capitaine Chopin a été légèrement blessé durant les combats ; la manufacture de tabac où il travaillait a fermé ses portes et son propriétaire est rentré en France. Nicolas Chopin y songe lui aussi ; il retient même une place dans la diligence – mais une crise d’asthme l’empêche de partir. Manifestation psychosomatique ? Quelques mois plus tard, quand il sera encore question de partir, c’est une nouvelle maladie qui l’en empêchera… »

Page 15
« En fait, Nicolas Chopin n’a sans doute guère envie de retourner dans son pays natal : il s’est assimilé à la Pologne, il a d’ailleurs troqué son prénom contre celui de Mikołaj, il découvre avec passion la littérature polonaise – tout en continuant à cultiver son amour pour la culture française. Il a toutes les qualités requises pour faire un bon précepteur. Et comme, grâce aux relations qu’il a conservées avec la famille Pac, il a pu s’introduire dans les salons de l’aristocratie polonaise, il est bientôt engagé par la comtesse Laczynska pour s’occuper de ses quatre enfants, deux garçons et deux filles – dont la plus jeune, Maria, passera dans l’histoire quelques années plus tard sous le nom de Marie Walewska, le grand amour de Napoléon. »

Page 15-16
« […] en 1802 une amie de la comtesse Laczynska, la comtesse Skarbek, qui a entendu vanter les talents pédagogiques de Mikołaj Chopin, souhaite engager le jeune précepteur pour ses cinq enfants – en particulier pour son fils aîné, Fryderyk. La comtesse Laczynska cède au désir de son amie et Mikołaj Chopin se retrouve donc dans le domaine de Zelazowa Wola, à quelque cinquante kilomètres de Varsovie – où l’attendent les enfants de la comtesse Skarbek… et la jeune intendante, cousine éloignée de la comtesse, Justyna Krzyzanowska. Elle a vingt ans, les yeux bleus, elle joue du piano et chante avec une agréable voix de soprano, Mikołaj joue du violon et de la flûte. L’intermède de musique de chambre se prolonge près de quatre ans et le mariage est célébré le 2 juin 1806 : Mikołaj a trente-cinq ans, Justyna vingt-quatre. » […]

Page 16
« Le premier fruit de cette union harmonieuse naît en avril de l’année suivante : c’est une fille, Ludwika. […], le 1er mars 1810, […] Justyna donne le jour à un garçon. En l’honneur du fils aîné des Skarbek, qui sera son parrain, l’enfant est prénommé Fryderyk. »

Notes et commentaires
A venir



Création : 14 janvier 2019
Mise à jour :
Révision :
Auteur : Jacques Richard
Blog : Sur Frédéric Chopin Questions historiques et biographiques
Page : 344. Alain Duault 2. Citations : Nicolas Chopin
Lien : https://surfredericchopin.blogspot.com/2019/02/alain-duault-2-citations-nicolas-chopin.html






lundi 7 janvier 2019

342. Alain Duault biographe de Chopin (2004)

Quelques informations sur Alain Duault et sur son ouvrage consacré à Chopin


Classement : biographies ; Frédéric Chopin


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Bibliographie

Table des Matières : vue d’ensemble
Première partie :Aperçus historiques (Pologne et relations franco-polonaises)
Deuxième partie :Frédéric Chopin, questions biographiques
Troisième partie :La nationalité de Frédéric Chopin, notamment :
Le statut de Frédéric Chopin quant à la nationalité
Le statut de Nicolas Chopin quant à la nationalité

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L’auteur
Alain Duault, né en 1949, est un écrivain (surtout poète) et musicologue, animateur d’émissions musicales de radio et de télévision, auteur de nombreux ouvrages sur la musique.

L’ouvrage
Référence
*Alain Duault, Frédéric Chopin, Arles, Actes Sud, collection « Classica », 2004

Table des matières
9 Prélude
11 Les origines
17 L’enfance
27 L’adolescence
39 Le départ
49 Sur la route de Paris
61 Paris
79 Intermède amoureux
89 George Sand
103 Nohant
125 La fin
145 Bibliographie
147 Indications discographiques
151 Index des noms de personnes
155 Index des œuvres de Chopin

Contenu
A venir



Création : 7 janvier 2019
Mise à jour :
Révision :
Auteur : Jacques Richard
Blog : Sur Frédéric Chopin Questions historiques et biographiques
Page : 342. Alain Duault biographe de Chopin (2004)
Lien : https://surfredericchopin.blogspot.com/2019/01/alain-duault-biographe-de-chopin-2004.html







dimanche 6 janvier 2019

341. Françoise d’Eaubonne biographe de Chopin (1964)

Quelques informations sur Françoise d’Eaubonne et sur son ouvrage consacré à Chopin


Françoise d’Eaubonne (1920-2005) était un écrivain et une militante révolutionnaire.

L’ouvrage
Référence
*Françoise d’Eaubonne, La Vie de Chopin, Paris, Editions du Sud et Editions Albin Michel, collection « Vies et Visages », 1964
Ce livre vient peu après celui consacré à Franz Liszt (même collection, 1963).

Table des matières
9 I Une enfance heureuse
23 II Les passions de l’adolescence
41 III La Révolution polonaise
57 IV Obscurs débuts parisiens
73 V Le grand succès
81 VI La « rose de Dresde »
97 VII Le génie de Chopin
105 VIII  Apparition de George Sand
117 IX  Une conquête énergique
133 X Le ciel des Baléares
141 XI Les orages de Valdemosa
157 XII Bonheur à Nohant
169 XIII Vie parisienne
179 XIV Travail et amitiés
189 XV Le temps des amertumes
205 XVI L’été de la Saint-Martin
217 XVII Lucrezia et Karol
227 XVIII « L’année mauvaise »
239 XIX Une épave…
251 XX La mort du cygne

A suivre



Création : 6 janvier 2019
Mise à jour : 9 janvier 2019 (lien page 2)
Révision :
Auteur : Jacques Richard
Blog : Sur Frédéric Chopin Questions historiques et biographiques
Page : 341. Françoise d’Eaubonne biographe de Chopin (1964)
Lien : https://surfredericchopin.blogspot.com/2019/01/francoise-deaubonne-biographe-de-chopin.html







vendredi 14 septembre 2018

337. Hélène Pierrakos biographe de Chopin (1998)

Quelques informations sur Hélène Pierrakos et sur son ouvrage consacré à Chopin


Classement : biographies ; Frédéric Chopin


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Table des Matières : vue d’ensemble
Première partie :Aperçus historiques (Pologne et relations franco-polonaises)
Deuxième partie :Frédéric Chopin, questions biographiques
Troisième partie :La nationalité de Frédéric Chopin, notamment :
Le statut de Frédéric Chopin quant à la nationalité
Le statut de Nicolas Chopin quant à la nationalité

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L’auteur
Hélène Pierrakos (née en 1957) est musicologue.
Selon la présentation de l’ouvrage référencé (1998), elle a « obtenu un 1er Prix de Recherche en Esthétique musicale au Conservatoire national supérieur de musique de Paris, elle collabore à diverses revues (Le Monde de la Musique, Opéra International, L’avant-scène Opéra). Depuis 1985, elle est productrice à Radio France (France Musique et France Culture). »
Selon le site des éditions Fayard (lien), « Hélène Pierrakos a été productrice à France Musique et rédactrice à la Philharmonie Luxembourg. Elle anime actuellement une émission sur Fréquence protestante. »

L’ouvrage
Référence
*Hélène Pierrakos, Chopin, Paris, Editions Jean-Paul Gisserot, coll. « Pour la musique », 1998 [ISBN 2-87747-371-6]

Table des matières
7 Prologue
12 Les années polonaises
25 La Pologne rêvée
35 Paris –L’estrade et le salon
52 Idylle, voyages et concerts
58 George Sand
82 Dernier concert, dernier voyage
89 Technique et expression
98 Méditation et mélancolie
106 La puissance et la grâce
110 Chronologie
118 Les principales œuvres de Chopin
121 Discographie
122 Pour en savoir plus
123 Vocabulaire technique

Contenu
A venir



Création : 14 septembre 2018
Mise à jour :
Révision :
Auteur : Jacques Richard
Blog : Sur Frédéric Chopin Questions historiques et biographiques
Page : 337. Hélène Pierrakos biographe de Chopin (1998)
Lien : http://surfredericchopin.blogspot.com/2018/09/helene-pierrakos-biographe-de-chopin.html







jeudi 19 avril 2018

325. Adam Zamoyski 4 Frédéric Chopin

Quelques informations sur Adam Zamoyski et sur son livre consacré à Chopin : biographie de Frédéric Chopin


Classement : biographies ; Frédéric Chopin


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Bibliographie

Table des Matières : vue d’ensemble
Première partie :Aperçus historiques (Pologne et relations franco-polonaises)
Deuxième partie :Frédéric Chopin, questions biographiques
Troisième partie :La nationalité de Frédéric Chopin, notamment :
Le statut de Frédéric Chopin quant à la nationalité
Le statut de Nicolas Chopin quant à la nationalité

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Ceci est une suite de la page Adam Zamoyski biographe de Chopin (1979) dans laquelle je présente l’auteur et son livre.
J’étudie ci-dessous des passages concernant la biographie de Frédéric Chopin.

Référence
*Adam Zamoyski, Chopin, Librairie Académique Perrin, 1986

Texte
Chapitre 1 Enfance
Pages 9-10
« […] Chopin était de nature secrète et ne laissa ni femme ni enfant qui auraient pu nous renseigner sur sa vie intime.
La plus grande partie de ses écrits fut détruite ou dispersée par plusieurs guerres et à la suite d’une vendetta personnelle. Aussi les biographes n’eurent-ils à leur disposition, […], qu’un ramassis de faits épars, de réminiscences et d’anecdotes. Il n’est pas surprenant que la spéculation et, dans certains cas, la plus pure fantaisie aient servi à combler les lacunes ; ce qui est particulièrement évident dans les divers récits concernant ses origines et sa naissance où le nationalisme se porte à la rescousse de l’ignorance. Polonais, Français, Allemands et même la minorité juive de Pologne se le disputaient comme le fruit de leurs cultures respectives*.
Ce ne fut que près d’un siècle après la mort du compositeur qu’un homme eut l’idée de consulter les registres paroissiaux* ; ce fut pour découvrir que Nicolas  Chopin n’était autre que le fils d’un paysan français relativement aisé. »
Notes
*Polonais, Français, Allemands et même la minorité juive de Pologne se le disputaient comme le fruit de leurs cultures respectives : pas de renseignements concernant une revendication allemande ou juive sur Frédéric Chopin
*un homme eut l’idée de consulter les registres paroissiaux : en fait, la découverte du dossier professionnel de Nicolas  Chopin (lien) en 1925 permet de préciser son lieu de naissance, qui est ensuite confirmé par la consultation des registres paroissiaux (lien)

Page 18
[…]
En 1817, la première œuvre imprimée de Frédéric Chopin fut publiée. Cette édition […] est due à un ami de la famille, le chanoine Cybulski* de l’église Sainte-Marthe. Elle est intitulée « Polonaise en sol mineur, dédiée à Son Excellence la Comtesse Victoire Skarbek*, composée par Frédéric Chopin, un musicien de huit ans ». Il est probable que le comte Frédéric Skarbek, son parrain*, rentré à Varsovie pour prendre un poste à l’Université, après avoir terminé ses études à l’étranger*, ait contribué à payer cette publication, ce qui expliquerait la dédicace à sa sœur. Skarbek écrivit un long article sur Chopin, publié en janvier 1818 dans le Quotidien de Varsovie, où il taxait le jeune compositeur de « véritable génie musical qui non seulement joue le œuvres pour piano les plus difficiles avec une grande aisance et un goût parfait, mais est aussi l’auteur de plusieurs danses et variations qui ne cessent de stupéfier les connaisseurs ». Chopin était déjà célèbre dans les milieux académiques que fréquentait sa famille, dès 1816, mais le retour à Varsovie du comte Skarbek, avide de le rendre célèbre, le propulsa sur une plus vaste scène. Cette démarche ne relevait pas d’un protectionnisme un peu hautain. La noblesse, ayant été nivelée à la suite d’une succession de désastres nationaux, et la Pologne n’ayant jamais connu de bourgeoisie, tout cela faisait qu’un jeune homme, dont le père était français et la mère de noblesse polonaise, ne rencontrait pas de barrières sociales. La naissance, l’éducation, l’argent, certes, jouaient toujours un rôle important, mais en regard du nationalisme accompagné de libéralisme qui, durant cette période, imprégnait la société polonaise, ces considérations comptaient beaucoup moins qu’en France ou qu’en Angleterre*. Peu nombreuse, cette société était très solidaire, et il n’est pas étonnant que, dès ses premières apparitions publiques, Chopin ait été connu de tout Varsovie. L’on peut à peu près, circonscrire le genre de milieu dans lequel il évoluait. La première mention notable de ses apparitions hors du cercle familial figure dans l’agenda d’une jeune femme invitée à une soirée chez la comtesse
Notes
*chanoine Cybulski : ???
*Victoire Skarbek (Wiktoria, 1791-1828), est la fille d’Eugène Skarbek (Eugeniusz, 1761-1842), oncle de Frédéric Skarbek ; elle est donc sa cousine, pas sa soeur ; Victoria et sa soeur Isabelle (Izabela, ca 1790-ca 1811) sont accueillies à Zelazowa Wola vers 1808, suite à la rupture entre Eugène et son épouse. Elles sont donc présentes au moment de la naissance de Chopin.
*Frédéric Skarbek (Fryderyk Skarbek, 1792-1866) voir la page Frédéric Skarbek  
*son parrain : pas officiellement (lien)
*rentré à Varsovie pour prendre un poste à l’Université, après avoir terminé ses études à l’étranger : après son baccalauréat, Frédéric Skarbek étudie en France pendant quelques mois, et rentre dans le duché de Varsovie où il occupe un poste dans l’administration ; ce n’est que quelques années plus tard qu’il commence à enseigner à l’université de Varsovie
*La noblesse, ayant été nivelée à la suite d’une succession de désastres nationaux, et la Pologne n’ayant jamais connu de bourgeoisie, tout cela faisait qu’un jeune homme, dont le père était français et la mère de noblesse polonaise, ne rencontrait pas de barrières sociales. La naissance, l’éducation, l’argent, certes, jouaient toujours un rôle important, mais en regard du nationalisme accompagné de libéralisme qui, durant cette période, imprégnait la société polonaise, ces considérations comptaient beaucoup moins qu’en France ou qu’en Angleterre : notation intéressante, mais la cause indiquée ne me paraît pas exacte ; le fait essentiel est que la noblesse polonaise (szlachta) était très nombreuse (10 % de la population) de sorte que nombre de nobles pas suffisamment riches exerçaient des professions de second rang, telles que le professorat

Page 19
Grabowska*, où « le jeune Chopin joua du piano. Un enfant de huit ans que les connaisseurs déclarent être le successeur de Mozart ».La comtesse Grabowska, amie des Skarbek, était l’épouse de l’un des recteurs de l’Université de Varsovie qui devait devenir plus tard directeur de la Commission gouvernementale de l’Education*.
Ce dernier appartenait à l’une des familles qui formaient le parti patriotique conservateur, comme les Mostowski, les Krasinski, les Plater, certaines branches des Potocki, les Zamoyski et, la plus prestigieuse, les Czartoryski.
Ces familles étaient conservatrices. Elles admettaient la situation créée par le Congrès de Vienne, en 1815 – un royaume de Pologne ayant pour roi le tsar de Russie –, et essayaient d’agir dans les limites de l’autonomie permise. Il  est important de mentionner un tel milieu, car Chopin y fut lié dès son plus jeune âge et continua de l’être à Paris. Ce n’est pas un hasard si l’un des membres de la famille Czartoryski* était présent à son lit de mort.
Le salon le plus animé et le plus brillant de Varsovie était sans conteste celui du palais Bleu*. Résidence du comte Stanislas Zamoyski*, il était aussi habité par le prince Adam Czartoryski* dont l’amitié du tsar Alexandre, la brillante carrière diplomatique et la situation de chef de la famille peut-être la plus riche et la plus influente du royaume faisaient de lui un personnage clé, une figure de proue de la politique et de la société polonaises. Le palais Bleu était le lieu de rencontre des grandes personnalités politique du passé, de ceux qui gouvernaient le royaume, aussi bien que des jeunes membres de l’aristocratie polonaise.
La comtesse Zamoyska* et sa sœur, la princesse Marie de Wurtemberg*, organisaient régulièrement des réceptions et des thés dansants destinés à inculquer aux enfants entre huit et douze ans les bonnes manières et les valeurs patriotiques.
Il semblerait que Chopin eût été un familier de ces réunions.
La comtesse avait également fondé la Société de bienfaisance de Varsovie*, et elle ne mit pas longtemps à comprendre le potentiel financier que représentait Chopin. Un habitué du palais Bleu, Julien Niemcewicz*, poète et Nestor
Notes
*comtesse Grabowska : Cécile Grabowska née Dembowska (Cecylia Grabowska z Dembowskich, 1787-1821), première épouse de Stanislas Grabowski (note suivante)
*l’un des recteurs de l’Université de Varsovie qui devait devenir plus tard directeur de la Commission gouvernementale de l’Education : Stanislas Grabowski (Stanisław Grabowski, 1780-1845), président de la Commission de l’Education nationale du royaume de Pologne de 1820 à 1830
*parti patriotique conservateur :
*la situation créée par le Congrès de Vienne :
*l’un des membres de la famille Czartoryski : *Marcelina Czartoryska née Radziwill (Marcelina Czartoryska z Radziwiłłów, 1817-1894), fille de Michel Radziwill (Michał Radziwiłł, 1791–1846), épouse d’Alexandre Czartoryski (Aleksander Czartoryski, 1818-1886), neveu d’Adam ; élève de Chopin à Paris ; pianiste assez renommée à l’époque ; présente dans les dernières semaines de la vie de Chopin
*palais Bleu (Pałac Błękitny w Warszawie ou Pałac Zamoyskich), 37, rue Senatorska ; édifice datant de la fin du XVIIème siècle, acheté par la famille Zamoyski en 1811
*Stanislas Zamoyski : Stanislas Kostka Zamoyski (Stanisław Kostka Zamoyski, 1775-1856), président du Sénat du royaume de Pologne à partir de 1822
*Adam Czartoryski (Adam Jerzy Czartoryski, 1770-1861). Voir la page Notices biographiques  
*comtesse Zamoyska : Sophie Zamoyska, née Czartoryska (Zofia Zamoyska z Czartoryskich, 1778-1837), fille d’Adam Casimir Czartoryski (1734-1823) ; sœur d’Adam ; épouse de Stanislas Kostka (à partir de 1798)
*la princesse Marie de Wurtemberg, née Czartoryska (1768-1854), fille d'Adam Casimir Czartoryski (1734-1823) ; sœur d’Adam ; épouse de Louis Frédéric de Wurtemberg (1756-1817) de 1784 à leur divorce en 1793 ; conserve par la suite l’appellation « princesse de Wurtemberg »
*Société de bienfaisance de Varsovie (Warszawskie Towarzystwo Dobroczynności), fondée en 1814 à l'initiative de Sophie Zamoyska ; membres notables : Julien Niemcewicz, Stanislas Staszic, Jean Paul Woronicz ; installée au palais Kazanowski à partir de 1818
*Julien Niemcewicz : Julien-Ursin Niemcewicz (Julian Ursyn Niemcewicz h. Rawicz, 1757-1841)

Page 20
de la littérature polonaise, a décrit l’une de ces réunions dans une pièce en un acte :
« La comtesse : Voyez comme nous sommes pauvres ! Tous nos efforts ne mènent à rien. Nous implorons haut et bas mais personne ne nous entend, ou plutôt n’entend la voix des pauvres. Il n’y a rien à faire que de continuer d’avoir nos méthodes habituelles, mais quelque peu modifiées. Je me flatte d’avoir, avec M. Lubienski*, perfectionné nos techniques. Nous allons donner mardi prochain un concert où le petit Chopin va jouer ; si nous imprimions qu’il n’a que trois ans, chacun voudra se ruer pour voir le prodige. Imaginez combien d’entrées et combien d’argent nous récolterions !
Tous : Bravo ! Bravo ! Quelle merveilleuse idée, excellent ! Imprimons donc que Chopin n’a que trois ans.
Princesse Sapieha* : Je pense que ce serait plus sensationnel encore si nous imprimions que le petit Chopin sera porté sur scène par sa nounou.
Tous : Bravo ! Bravo ! Quelle idée fantastique, princesse ! » (11)

L’un de ces concerts, probablement le premier, eut lieu le 24 février 1818. Quoi qu’on ait pu dire par la  suite, la presse annonça que Frédéric avait neuf ans, le vieillissant toujours d’un an. Le concert fut donné dans la salle de bal de l’ancien palais Radziwill, devenu bâtiment public, que l’on utilisait en ce genre de circonstances. Ce fut un grand succès. Chopin interpréta un concerto pour piano du compositeur tchèque Gyrowetz. C’était sans doute la première fois qu’il se produisait devant un auditoire aussi nombreux. Sa renommée se propagea dans toute la capitale, et peu de temps après on vit le plus somptueux (et le plus redouté) des attelages de Varsovie s’arrêter devant l’appartement des Chopin, au palais de Saxe, pour emmener l’enfant de huit ans au Belvédère.
Le Belvédère* était la résidence du grand-duc Constantin Pavlovitch*, frère du tsar Alexandre et son représentant dans le royaume de Pologne. Cet ogre schizophrène était craint et même détesté dans tout le pays pour cet amour mêlé de haine qu’il portait à la Pologne entière.
Notes
*M. Lubienski : Félix Lubienski (Feliks Łubieński, 1758-1848), juriste ; ministre de la Justice du duché de Varsovie ; dignitaire du royaume de Pologne
*Princesse Sapieha : peut-être Anne Sapieha épouse Czartoryska (Anna Czartoryska, 1799-1864), épouse d’Adam Czartoryski ; ou sa mère Anne Edwige Zamoyska épouse Sapieha (Anna Jadwiga, 1772-1859)
*le Belvédère : palais du Belvédère (pałac Belwederski w Warszawie), actuelle résidence du président de la République polonaise
*le grand-duc Constantin Pavlovitch (1779-1831) : second fils du tsar Paul 1er ; renonce au trône après la mort d’Alexandre 1er (1825), laissant la place à son frère Nicolas ; commandant de l’armée du royaume de Pologne de 1815 à 1830 (« chef de l’armée du royaume de Pologne » de 1815 à 1830, il n’est pas « vice-roi », charge confiée au général Zajonczek jusqu'à sa mort en 1826, non pourvue par la suite)

Page 21
Nicolas  Chopin n’était pas homme à laisser les sentiments entraver la carrière de son fils. C’était un grand honneur pour le petit garçon que d’être ainsi réclamé au Belvédère et une grande victoire d’apaiser avec sa musique les redoutables colères du grand-duc.
Ce dernier était un obsédé des parades militaires, et Chopin fit sa conquête en interprétant une marche de son cru. On raconte que, lorsque Frédéric commença de la jouer, le grand-duc se mit à arpenter de long en large le salon en battant la mesure et qu’elle l’enchanta à tel point qu’il la fit adapter pour fanfare militaire afin qu’elle fût jouée aux défilés (12).
Le plus surprenant était qu’on ne recherchait pas seulement Frédéric pour distraire le grand-duc et son épouse mais aussi pour jouer avec Paul, le fils illégitime et chéri du grand-duc*, et avec la fille de son tuteur [précepteur], Alexandrine de Moriolles*. De telles relations promettaient à Frédéric une carrière des plus brillantes, ce dont Nicolas  Chopin ne pouvait que se féliciter. Mais, en même temps, il prenait soin que le succès ne montât pas à la tête de son fils et que son talent ne fût pas exploité par autrui.
Comme la famille Chopin fréquentait aussi les milieux plus humbles – non pas en termes de classes sociales mais de mode de vivre et de penser –, cela facilitait les choses.
Chez Teresa Kicka* ou chez le général Sowinski*, héros unijambiste des guerres napoléoniennes, prévalait un esprit plus nationaliste et républicain, et l’on encourageait Chopin comme un nouveau génie « polonais ».
Il reçut ainsi une extraordinaire formation. Elevé dans l’atmosphère ouatée de sa famille, il fut introduit dans quelques-uns des plus prestigieux salons d’Europe, invité à jouer devant les plus grands personnages du pays, gâté par leurs femmes, tout en s’amusant avec leurs enfants sur un pied d’égalité.
Familiarisé dès son plus jeune âge avec la plus haute société, il acquit très tôt d’excellentes manières et une grande aisance dans ses rapports avec les grands de ce monde, tout en vivant dans l’univers beaucoup plus modeste de sa famille et de son entourage immédiat.
En 1817, le lycée déménagea du palais de Saxe pour
Notes
*Paul, le fils illégitime et chéri du grand-duc : Paul Constantinovitch Alexandrov (1808-1857)
*Alexandrine de Moriolles : petite-fille d’Alexandre de Moriolles (1760-1845), précepteur de Paul Constantinovitch
*Teresa Kicka (1790-1865), sœur d’Eve épouse Sulkowska (1786-1824), épouse du général Antoine Sulkowski (1785-1836)
*général Sowinski : Joseph Sowinski (Józef Longin Sowiński, 1777-1831), officier ; né à Varsovie ; élève officier ; participant à l’insurrection de Kosciuszko ; dans l’armée prussienne (1799-1811) ; dans l'armée du duché de Varsovie (1811-1815) ; du royaume de Pologne (1815-1830) ; participant à l'insurrection de 1830-1831 ; chef de la garnison de Varsovie en 1831 ; mort au combat le 6 septembre

Page 22
s’installer dans un endroit moins grandiose mais plus agréable, le palais Casimir*, bâtiment du XVII° siècle, fort bien restauré et flanqué d’un portique à colonnes et de deux ailes.
[…]
Les Chopin occupèrent […] un grand appartement où ils purent héberger jusqu'à six pensionnaires.
[…]
C’est à cette époque que Frédéric commença à se faire des amis, en dehors de sa famille. Il se lia étroitement avec Jean Bialoblocki, son aîné de cinq ans, et Titus Woyciechowski, de deux ans plus âgé. Tous deux bons pianistes, ils étaient pensionnaires de Nicolas.
Cette immersion dans des mondes si différents, combinée avec la discrète influence de son père, eut un effet profond sur le caractère de Chopin. Il se familiarisa précocement avec la vie sociale et devient capable d’évoluer dans tous les milieux sans en tirer de vanité.
[…]
Notes
*palais Casimir (Pałac Kazimierzowski w Warszawie), rue du Faubourg de Cracovie

Page 23
Il devait ce trait de caractère en grande partie à son père qui, décidé à ce que la musique et le prestige qu’elle lui conférait ne lui tournassent pas la tête, ne voyait dans les dons de son fils que de charmants agréments. C’est tout à l’honneur de Nicolas  Chopin, si l’on considère avec quelle brutalité les enfants prodiges étaient […] exploités par leurs parents. Cela dit, on l’exhibait chaque fois que l’occasion se présentait d’améliorer ses chances de réussite. Lorsqu’en 1818, l’impératrice Maria Fiodorovna*, mère du tsar Alexandre et du grand-duc Constantin, se rendit à Varsovie pour effectuer la tournée classique des collèges et institutions, elle visita la classe de Chopin au lycée. Celui-ci, qui n’avait que huit ans, lui joua deux de ses polonaises. Un an après, lorsque la célèbre cantatrice Angelica Catalani* vint à Varsovie donner quelques concerts, le petit garçon fut à nouveau exhibé, et il impressionna tant la Catalani qu’elle lui offrit une montre en or gravée.
Il était hors de question que l’enfant jouât pour de l’argent ou participât à des concerts publics, les concerts de charité exceptés. Il se produisait alors en compagnie de musiciens amateurs de l’aristocratie ou d’autres enfants. Nicolas  Chopin veillait bien à ce que son fils ne fût pas considéré comme un musicien professionnel. La profession de musicien était pour lui à peine plus respectable que celle de comédien. Ayant réussi par lui-même à d’élever dans la hiérarchie sociale, il n’envisageait pas pour son fils une carrière autre que celle de gentilhomme.
Tout en garantissant à Chopin un certain standing social, cette conception des choses lui donné par la suite une légère aura d’amateurisme qui, dans quelques milieux, lui assura une réputation exceptionnelle et, dans d’autres, un dédain immérité. Même lorsqu’il devint plus tard un professionnel, on trouvait difficile de le traiter comme tel. »
Notes
*Maria Fiodorovna : Sophie de Wurtemberg-Montbéliard (1759-1828), princesse allemande, rebaptisée Maria Fiodorovna, épouse du tsarévitch Paul en 1776, mère d’Alexandre 1er, de Nicolas 1er et du grand-duc Constantin.
*Angelica Catalani (1779-1849), cantatrice italienne, née à Senigallia près d'Ancône

Autres pages sur le livre d’Adam Zamoyski



Création : 19 avril 2018
Mise à jour : 22 avril 2018 (notes)
Révision :
Auteur : Jacques Richard
Blog : Sur Frédéric Chopin Questions historiques et biographiques
Page : 325. Adam Zamoyski 4 Frédéric Chopin
Lien : http://surfredericchopin.blogspot.fr/2018/04/adam-zamoyski-4-biographie-de-frederic.html







mardi 30 janvier 2018

319. Adam Zamoyski 3 Biographie de Nicolas Chopin

Quelques informations sur Adam Zamoyski et sur son livre consacré à Chopin : biographie de Nicolas Chopin


Classement : biographies ; Nicolas Chopin


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Bibliographie

Table des Matières : vue d’ensemble
Première partie :Aperçus historiques (Pologne et relations franco-polonaises)
Deuxième partie :Frédéric Chopin, questions biographiques
Troisième partie :La nationalité de Frédéric Chopin, notamment :
Le statut de Frédéric Chopin quant à la nationalité
Le statut de Nicolas Chopin quant à la nationalité

Index des personnes citées dans le blog


Ceci est une suite de la page Adam Zamoyski biographe de Chopin (1979) dans laquelle je présente l’auteur et son livre.
J’étudie ci-dessous les passages concernant Nicolas Chopin dans le chapitre 1 « Enfance ».
A ce sujet, voir les pages :

Référence
*Adam Zamoyski, Chopin, Librairie Académique Perrin, 1986, pages 10 à 13

Texte
« Nicolas Chopin naquit le 15 avril 1771, dans une famille de viticulteurs et de charrons, au village de Marainville, dans le département des Vosges.
Consciencieux et d’une intelligence vive, il se débrouilla pour apprendre à lire et à écrire*, ce qui le fit remarquer par Adam Weydlich*, administrateur polonais des domaines de Marainville, dont le château appartenait à un autre Polonais, le comte Pac.
Lorsqu’en 1787 celui-ci décida de regagner sa patrie, il emmena avec lui* l’adolescent de seize ans et lui confia, par la suite, un emploi dans sa manufacture de tabac de Varsovie*.
Nicolas Chopin passa les quelques années qui suivirent à travailler comme clerc, ou comptable, et son avenir lui paraissait à ce point prometteur qu’il ne chercha pas à profiter de l’occasion qu’il eut, trois ans plus tard, de rentrer en France.
Le comte Pac, pour lequel Weydlich travaillait toujours*, avait besoin de régler certaines affaires à Strasbourg. Nicolas avait été pressenti pour cette tâche.
Mais la Révolution française avait éclaté. Il craignait d’être enrôlé dans l’armée française s’il retournait // dans son pays*. Il préféra faire carrière à Varsovie, ville à laquelle il se sentait déjà très attaché (1).
Le climat général d’une nation en plein déclin économique et politique, mais qui connaissait en même temps une renaissance sociale et culturelle profonde, devait séduire ce jeune étranger qui souhaitait affermir sa position dans le monde.
Le déclin de la Pologne s’acheva alors que Nicolas Chopin ne s’y trouvait que depuis cinq ans, quand, en 1792, les Etats limitrophes de Russie, de Prusse et d’Autriche occupèrent et se partagèrent la plus grande partie de son territoire*.
L’entreprise de Weydlich dut fermer, et Nicolas, ayant peu d’espoir de trouver un emploi à Varsovie, songea à rentrer en France. Avant qu’il pût mettre son projet à exécution, il tomba malade. Le temps de se rétablir, un soulèvement général* avait eu lieu en Pologne* (1794). Nicolas Chopin s’engagea dans la Garde nationale de Varsovie où il obtint le grade de lieutenant.
L’année suivante, les Polonais furent vaincus par les puissances coalisées de la Russie et de la Prusse ; Nicolas, blessé, se trouva de nouveau sans emploi.
C’est alors qu’une chance inespérée s’offrit à lui. Cette même année, il fut engagé par une riche famille, les Laczynski, qui habitait la campagne, à l’ouest de Varsovie, comme précepteur de leurs enfants.
C’était une aubaine pour Nicolas Chopin de trouver un tel poste, car les pays d’Europe de l’Est et d’Europe centrale étaient envahis de réfugiés français fuyant la Révolution qui survivaient en occupant ce genre d’emploi. Les hobereaux polonais se plaisaient à accueillir sous leur toit tel vicomte ou tel abbé qui arpentaient leur demeure en racontant des histoires sur la vie à Versailles, tout en vidant leur cave.
Le fait que Nicolas ait pu briser ce monopole montre quel raffinement d’éducation et de manières il avait acquis, depuis sept ans qu’il avait quitté la maison paternelle. Qui plus est, cette nouvelle situation lui conférait un certain cachet de respectabilité.
Il passa six années chez les Laczynski. Parmi les enfants // auxquels il enseignait, il y avait la petite Marie*, celle-là même qui, après son mariage avec Anastase Walewski, devait devenir la maîtresse de Napoléon.
Les enfants ayant grandi, Nicolas assuma les mêmes fonctions chez un parent des Laczynski, le comte Skarbek, qui vivait non loin de là, dans son domaine de Zelazowa Wola.
Il y passa les quelques années suivantes à veiller à l’éducation des quatre enfants du comte et, en 1806, épousa Tekla Justyna Krzyzanowska, une parente pauvre des Skarbek qui assumait chez eux les fonctions d’intendante.
Le couple eut, l’année d’après, une fille, Louise, et se transporta dans l’une des maisons au toit couvert de chaume attenantes au manoir, où il occupa deux pièces.
C’est dans l’une de ces pièces blanchies à la chaux avec son sol de terre battue que naquit, en 1810, leur fils, baptisé Frédéric François, […].
[…] Quoiqu’on eût souvent associé le nom de Chopin au domaine de Zelazowa Wola, la famille, en fait, le quitta peu de temps après la naissance de Frédéric. Ruiné, le vieux comte Skarbek avait fui à Paris pour échapper à ses créanciers*. Il laissait sa femme veiller de son mieux à l’éducation de leurs quatre enfants. Mis à part le fait // que le benjamin avait atteint l’âge adulte et n’avait plus besoin d’un précepteur, la comtesse n’était plus en mesure d’assumer les frais d’entretien de Nicolas Chopin et de sa petite famille. Nicolas lui-même avait déjà songé à s’installer à Varsovie quelques temps avant la naissance de son fils.
La Pologne centrale* était alors presque entièrement libérée par les armées napoléoniennes et comprenait un nouvel Etat, le Grand Duché de Varsovie*, qui apparaissait comme un satellite de la France. La langue française devenait moins un luxe qu’une nécessité, ce qui convenait à Nicolas Chopin.
Il s’arrangea pour obtenir un poste de professeur de français au lycée de Varsovie et, un peu plus tard, dans une école militaire*. Ainsi, la petite famille quitta Zelazowa Wola pour la capitale, six mois après la naissance de Frédéric.
Le lycée de Varsovie était situé dans ce qu’on appelait le palais de Saxe*. […] Comme il n’y avait pas de logements prévus pour les élèves venus de la province, les professeurs qui le souhaitaient pouvaient occuper de grands appartements dans l’une des ailes du palais et augmenter leurs revenus en prenant des locataires.
Travailleur, économe, Nicolas Chopin profita de l’occasion et s’installa dans le palais de Saxe. Le mode de vie qu’il connut à Varsovie, […], lui convenait. Il avait, depuis quelque temps, décidé d’adopter la Pologne comme patrie et de s’intégrer dans la société polonaise*. Cela n’avait rien d’original : la plupart de ses collègues – du recteur Samuel Bogumil Linde* aux Kolberg*, Ciampi* et Vogel*, petits bourgeois d’origine étrangère – étaient devenus plus polonais que les Polonais eux-mêmes.
Depuis des siècles, la Pologne, peu chauvine, attirait à elle un grand nombre d’étrangers qui, jusqu’ici, avaient maintenu leurs traditions ethniques*. Après la chute de l’Ancien Régime et l’essor du nationalisme, la Pologne continuait d’attirer des étrangers qui se réclamaient de la Nation polonaise.
(1) Pour les documents se rapportant aux origines de Nicolas Chopin et sa venue en Pologne, voir la Correspondance de Frédéric Chopin par B. E. Sydow et S. et D. Chainaye, volume 1. »

Notes
*il se débrouilla pour apprendre à lire et à écrire : vision un peu « conte de fées » ; en fait, en Lorraine, l’alphabétisation (par l’école) était forte (voir la page L'enseignement en Lorraine vers 1780) 
*Adam Weydlich (1742-ca1815) : voir les pages 44) Adam Weydlich (1742-ca 1815) et Adam Weydlich : Biographie détaillée 
le comte Pac : Michel Jean Pac (1730-1787) ; voir la page Michał Jan Pac (1730-1787) 
*lorsqu’en 1787 celui-ci décida de regagner sa patrie, il emmena… : phrase peu claire ; « celui-ci » semble désigner Pac, « il » Weydlich, qui est aussi le référent de « sa manufacture » (plus, infra : « l’entreprise de Weydlich »)
*manufacture de tabac de Varsovie : voir la page La manufacture de tabac de Varsovie ; celle-ci n’appartenait pas à Adam Weydlich
*le comte Pac, pour lequel Weydlich travaillait toujours : l’auteur semble ignorer que Michel Pac est mort en 1787 (à Strasbourg)
*Il craignait d’être enrôlé dans l’armée française s’il retournait dans son pays : dans sa lettre de 1790, Nicolas Chopin écrit, entre autres, à ses parents : « je vous prie de m’informer si la milice n’est pas plus stricte qu’elle était car on nous dit que tous les jeunes garçons depuis l’âge de dix-huit ans sont tous soldats » (en l’occurrence, c’était une fausse information)
*en 1792, les Etats limitrophes de Russie, de Prusse et d’Autriche occupèrent et se partagèrent la plus grande partie de son territoire : après le premier partage subi en 1772 au profit de ces trois pays, le second (1793) ne concerne que la Russie et la Prusse.
*un soulèvement général avait eu lieu en Pologne : en 1794 ; généralement appelé « insurrection de Kosciuszko », cet épisode amène le dernier partage de la Pologne en 1795 (avec cette fois les trois puissances).
*les Laczynski : 
*les pays d’Europe de l’Est et d’Europe centrale : l’Europe de l’Est se réduit alors à la Russie et à la Pologne ; l’Europe centrale à l’Empire d’Autriche
*envahis de réfugiés français fuyant la Révolution : les émigrés français se trouvaient surtout dans les Etats allemands
*la petite Marie :
*le comte Skarbek : Casper Skarbek (1763-1823)
*qui vivait non loin de là, dans son domaine de Zelazowa Wola : au moment où Nicolas Chopin entre au service des Skarbek, le comte est déjà parti à l’étranger (mais il s’agit de la Prusse) et ce n’est qu’après son départ que son épouse Louise (née Fenger, 1765-1827) acquiert le domaine de Zelazowa Wola, abandonnant des domaines dans la région de Torun (notamment à Izbica Kujawska)
*ruiné, le vieux comte Skarbek avait fui à Paris pour échapper à ses créanciers : voir ci-dessus
*Pologne centrale :
*le Grand Duché de Varsovie : le duché de Varsovie (Ksiestwo Warszawskie), créé en 1807 par le traité de Tilsit
*une école militaire : voir page 162) Le dossier professionnel de Nicolas Chopin 1) Ladaique ; « collaborateur » du lycée de Varsovie en 1810, il devient professeur de français à l’Ecole d’Artillerie et du Génie en 1812 ; au lycée en 1814 ; à l’Ecole militaire d’Application en 1820
*le palais de Saxe : (Pałac Saski w Warszawie) : cf. site La Varsovie de Chopin ; les bâtiments n'existent plus . le lycée y reste jusqu'en 1817, déménageant alors au palais Casimir (Pałac Kazimierzowski, ulica Krakowskie Przedmieście 26/28)
*il avait, depuis quelque temps, décidé d’adopter la Pologne comme patrie et de s’intégrer dans la société polonaise : il n’y a pas de document attestant formellement d’un tel choix ; l’auteur interprète simplement le mariage et l’abandon du préceptorat
*Samuel Bogumil Linde (Samuel Bogumił Linde, 1771-1847) : linguiste polonais d’origine allemande (né à Torun) ; proviseur du lycée de Varsovie des origines à 1831 (cf. notice de la Wikipédia polonaise), ami de la famille Skarbek, il donne à Nicolas Chopin son premier poste dans l’enseignement public.
*Kolberg : la famille Kolberg était logée au palais Casimir en même temps que les Chopin et les liens entre les deux familles étaient importants. Composition de la famille : Guillaume Kolberg (Wilhelm Kolberg, 1807-1877), élève du lycée de Varsovie, ingénieur, frère d'Oscar (Oskar, 1814-1890), musicologue, et d'Antoine (Antoni, 1815-1882), peintre ; fils de Jules (Julius, 1776-1831), géographe, professeur à l'université de Varsovie, et de Caroline Frédérique Mercœur (1788-1872, née en Prusse, fille de Gotfryd (Gottfried) Mercoeur, d'ascendance française (huguenote), et d'Henrietta von Arnim) [Notice du NIFC]
*Ciampi : ????
*Vogel : ????
*un grand nombre d’étrangers qui, jusqu’ici, avaient maintenu leurs traditions ethniques : ????

Commentaires
1) Sur l’histoire en général
Zamoyski ne développe pas les points proprement historiques ; ses énoncés sont cependant approximatifs (l’évocation de la révolution française, des partages de la Pologne ainsi que des circonstances de la création du duché de Varsovie sont assez floues).
Plus intéressant, l’évocation des phénomènes d’immigration en Pologne.

2) Sur la biographie de Nicolas Chopin
Quelques erreurs :
Sur la biographie de Michel Pac.
Sur la manufacture de tabac de Varsovie.
Sur la biographie de la famille Skarbek.

Autres pages sur le livre d’Adam Zamoyski



Création : 30 janvier 2018
Mise à jour :
Révision :
Auteur : Jacques Richard
Blog : Sur Frédéric Chopin Questions historiques et biographiques
Page : 319. Adam Zamoyski 3 Biographie de Nicolas Chopin
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